Thibaud Flament est un travailleur acharné dans son sport. Le rugbymen est récompensé par son investissement sans faille au quotidien avec le XV de France.
Kévin Paramore : « Son parcours a été une bénédiction pour lui »
« Thibaud était un joueur déjà assidu, attentif et appliqué. Il ne faisait pas partie de ceux qui manquaient les entraînements. Il ne fallait pas lui répéter cinquante fois les consignes pour qu’il comprenne.
On sentait bien qu’il avait le rugby dans la peau. Ce sport était une passion pour lui. Il figurait parmi les très bons joueurs de notre équipe, mais jamais je n’aurais imaginé qu’il réaliserait un si bon parcours. A cette époque, il jouait à l’ouverture ou à l’arrière.
Il était assez grand et léger. On se demandait si on allait l’intégrer dans le pack car ce n’était pas la bête de 95 kg. Pour sa taille, il était bon en défense et plaquait très bas aussi. Il avait une très bonne technique.
Cependant, il n’avait alors pas le profil pour s’imposer, même en Pro D2, dans une ligne de 3⁄4. S’il avait voulu suivre le type de formation traditionnelle et qu’on l’avait placé directement dans le pack, toutes les forces qu’il a maintenant, il ne les aurait jamais développées. On évoque là un n°4, n°5 qui a des mains, qui fait des chisteras, qui sait faire une passe sautée tendue de vingt mètres !
Cela ne court pas les rues. Heureusement pour lui donc qu’il n’a pas suivi le parcours habituel. Celui qui stéréotype le joueur de rugby sur son poste. Son parcours a été une bénédiction pour lui. Entre ses 14 et ses 22 ans, tout s’est accéléré niveau rugby. C’est amplement mérité. Ses voyages ont porté leurs fruits.
J’espère pour lui que cela s’inscrira dans la durée. Le plus dur reste à venir. Il va devoir répondre aux attentes. Mais en tant qu’ancien entraîneur je suis très fier de voir ce qu’il est devenu comme rugbyman ».
Son ancien entraîneur U18 à l’ASUB
Matt Everard : « Son rêve est devenu réalité »
« La première fois que j’ai remarqué Thibaud, c’était à travers le visionnage de vidéos. J’avais scruté ce grand 2ème ligne dans son université (Loughborough, Ndlr). J’ai vite compris qu’il était excessivement talentueux et doté de grandes qualités naturelles. Il a effectué un entraînement avec l’équipe première pendant l’intersaison. Cela m’a suffi. Il a été un des meilleurs joueurs.
Après ce premier entraînement, il est devenu un joueur titulaire. Son investissement m’a beaucoup frappé. Il travaille très dur. Il est assez unique. Le voir réussir comme cela avec l’équipe de France ne me surprend pas. Il en a toujours fait une ambition ultime. Il ne faisait aucun doute qu’avec son talent et sa volonté, il réussirait.
L’avoir vu réussir un tel match contre l’Argentine m’a fait très plaisir. D’autant que c’est un pays où il a vécu. Son rêve est devenu réalité ».
Entraîneur de la défense des Wasps
Eric Flament : « Un an après être arrivé en France, il est appelé en équipe de France ! »
« Plus rien ne me surprend venant de Thibaud. De 8 à 18 ans, il a tout appris en Belgique. Enfant, il était passionné par son sport. Il avait envie de donner plus à chaque fois.
Il n’avait pas plus de facilités qu’un autre. A 18 ans, quand tu fais 2 mètres et 80 kg tu ne vas pas nulle part pour progresser. Il est alors parti en Angleterre. Il y a fait ses études. Flament y a développé aussi son physique à l’université. Puis il a posé ses valises en Argentine. Il a là-bas découvert le cœur, l’âme, la passion et l’engagement. Thibaud a construit son parcours petit à petit et naturellement.
Il y a deux ans et demi quand il a fini ses études, il m’a dit : « Papa, je vais essayer de devenir professionnel ». Rien ne pouvait justifier qu’à 21 ans il soit prêt à le devenir. Quand il a signé son contrat chez les Wasps à l’Académie, au bout d’un mois il est rentré pleinement dans le groupe professionnel. Pareil à Toulouse.
Il a fait des bouts de matches. En fin de saison, il a été sur les feuilles de matches pour les deux finales (de Top 14 et de Champions Cup, Ndlr). Un an après être arrivé en France, il est appelé en équipe de France. Il en est à 3 sélections et 3 victoires. Thibaud est bien dans sa tête et dans son corps. Visiblement, il apporte quelque chose au groupe ».
Son père
Alfre Cordone : « Il était ouvreur quand il a débarqué en Argentine »
« Un super gars ! Quand il est arrivé en Argentine, Thibaud était très enthousiaste. Il se réjouissait à l’idée de vivre dans le pays. Cela se voyait que c’était un très bon joueur, mais il se démenait tellement à l’entraînement.
Il avait une grande soif d’apprendre. Ici, il a pratiqué le rugby avec une grande passion. Chez nous, c’est amateur. On vit le rugby avec une grande ardeur. Cela avait beaucoup surpris Thibaud. Mais il a beaucoup assimilé de choses aussi en tant qu’avant. Un poste qu’il a occupé ensuite en Angleterre.
Il était pourtant ouvreur quand il a débarqué en Argentine. Il voulait progresser en venant dans notre pays. Quand il a marqué son essai contre les Pumas on était partagés. On était un peu tristes car c’était contre la sélection argentine, mais heureux aussi par ce qu’il lui arrivait. Je lui ai envoyé un message : « Je suis heureux que ton rêve soit devenu réalité… » Un de ses entraîneurs à Newman
Nathan Smith : « En Angleterre, Flament s’est étoffé physiquement »
« J’ai passé pas mal de temps avec Thibaud. Il est juste un joueur exceptionnel. On a vite remarqué qu’on avait quelqu’un à part avec nous. Quand il est arrivé à Loughborough, on évoluait en 3ème division du rugby anglais. Il dégageait une éthique de travail incroyable.
Il voulait constamment aller de l’avant. Chez nous, il s’est étoffé physiquement. Quand il est ensuite parti chez les Wasps, il était donc davantage habitué à se frotter à de grands gaillards. Dans notre équipe, il était le X factor sur le terrain.
Je me souviens qu’il avait marqué quatre essais lors d’un match, ce qui est assez inhabituel pour un 2ème ligne. Je ne suis pas étonné par ce qui lui arrive. Son talent était trop criant. Ce qui me surprend davantage, c’est la vitesse avec laquelle il en est arrivé là. Il a franchi les caps à une allure folle. Chez nous, puis en Premiership et maintenant en équipe de France… »
Son entraîneur principal à l’université de Loughborough