Si le 2ème ligne Thomas Ceyte est devenu une valeur sûre du Top 14, tout n’a pas toujours été si facile pour celui qui a découvert l’élite la saison dernière à 31 ans.
Il y a 8 ans, vous évoluiez encore en Fédérale 1 à Aubenas, mesurez-vous le chemin parcouru ?
Oui. Je sais d’où je viens. Je savoure d’autant plus le fait d’arriver en Top 14 à cet âge-là. Quand je stopperai ma carrière, je m’en rendrai probablement encore davantage compte. Ce petit mec d’Aubenas qui a fréquenté l’école de rugby, et qui aura fini en Top 14 à Bayonne, c’est une fierté.
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Auriez-vous imaginé une telle destinée sportive ?
Pas du tout ! Quand je n’étais pas professionnel, je livrais des meubles. L’année suivante, j’ai été surveillant dans un collège pendant deux ans. A cette époque, mon seul objectif était de signer professionnel en Pro D2. Juste pour voir le niveau du dessus d’Aubenas. Le Top 14 me semblait inaccessible. J’étais passé hors des radars des filières jeunes. Quand les gros clubs m’avaient contacté, je n’y étais pas allé. J’avais fait une croix dessus. Il y a eu aussi cette tranche de vie à Béziers (en Pro D2 en 2015/2016, Ndlr) très dure à digérer. Pour une première expérience dans un club professionnel, ce n’était pas facile à vivre. Ensuite, j’ai eu la chance qu’on me fasse confiance à Dax.
J’ai constaté que je pouvais être au niveau. Après, à Nevers c’était très professionnel et structuré. J’ai enchaîné les matches. J’avais bien des contacts avec des clubs de Top 14, mais j’étais sous contrat. Alors les clubs de Top 14 je n’y croyais plus trop à la fin. Puis Grégory Patat et l’Aviron Bayonnais m’ont fait confiance. Je saisis maintenant toutes les opportunités pour prendre un maximum de plaisir comme j’en ai pris l’an dernier (21 matches, 5 essais, Ndlr). J’espère que cette année cela se passera tout aussi bien, sinon mieux.
Avez-vous pensé arrêter le rugby ?
Non jamais. Pourtant à Béziers c’était hyper dur. Le rugby est un sport avec des valeurs que j’adore. Sauf que quand on ne joue
pas, qu’on n’a pas d’explication ni le choix comme cela s’est passé dans ce club héraultais, ce n’est pas facile du tout. Mais j’ai toujours travaillé et je n’ai jamais abdiqué.
« A un moment donné, le Top 14, je n’y croyais plus trop… »
Quel a été le facteur déclencheur, ce qui a fait pencher la pièce du bon côté ?
Il y a eu plusieurs étapes. Quand j’arrive à Dax en joker médical en est une très importante. C’est alors mon 3ème club de l’année (en 2016, Ndlr). Je pars d’Aubenas, j’arrive à Béziers, puis j’atterris à Dax en l’espace de 8 mois. Il faut alors se forger un caractère. Il faut tout réapprendre, se refaire des amitiés. J’ai disputé tous les matches avec Dax en ayant même parfois le brassard. Cela m’a fait du bien psychologiquement que d’accrocher ce niveau de Pro D2. Très tôt dans la saison, des clubs se sont manifestés. Je suis parti assez vite à Nevers. Je suis heureux d’avoir laissé Dax en Pro D2.
Un autre grand tremplin a été à Nevers où j’ai même été capitaine. J’ai vu que je pouvais atteindre le top 6 avec ce type d’équipe. Il existait dans ce club de jeunes joueurs dotés d’un super état d’esprit, avec une belle vie de groupe existante en dehors des terrains. Là-bas, surtout la dernière année, c’était un peu un rugby de copains, que j’avais connu et aimé à Aubenas. Je retrouve aussi un peu cela à Bayonne.
Pouvez-vous revenir sur votre signature à Bayonne à l’été 2022 ?
En fin de contrat, mon but était de retrouver le Sud-Ouest au sein d’un club ambitieux. Je ne voulais pas un club de trop gros calibre où il m’était impossible de jouer du fait de la présence d’internationaux. J’avais coché Bayonne. Ce club me faisait rêver. Le jour de la naissance de ma fille, mon agent m’appelle.
Il me dit que Bayonne est intéressé. Je lui ai alors répondu qu’on se focalisait surtout sur ce projet-là. Je n’étais pourtant pas le seul à être sollicité en 2ème ligne. J’ai attendu d’être dans la short-list. Cela s’est concrétisé naturellement. Cette destination me convenait aussi très bien en termes de vie de famille pour ma fille et ma compagne. Cette région, la ferveur autour du club me plaisaient aussi beaucoup.
Le Bayonne de cette année est-il plus fort que celui de l’an dernier ?
Sur le papier, on a une bonne équipe. On a un peu plus de vécu commun, avec un staff nouveau arrivé l’an passé. On a eu un super état d’esprit. On a été très forts à Jean-Dauger. Cette saison, de gros joueurs sont arrivés et vont débarquer après la Coupe du monde.
Je ne sais pas si on sera meilleurs, mais on semble partis sur les mêmes bases. Encore une fois, sur le papier, notre équipe est belle, intéressante avec du potentiel. Mais cette saison de la confirmation ne sera pas simple. On joue le maintien comme priorité et pas le top 6. Maintenant si on peut titiller le top 6 on ne se gênera pas. La saison écoulée, on a mis la barre assez haute.
Etes-vous devenu un leader de cette équipe ?
Ce n’est pas à moi de le dire. Je m’appelle Thomas Ceyte, je n’ai pas un nom clinquant. Mais, si dans le vestiaire, des attitudes me déplaisent, si j’ai quelque chose à dire, je le dis clairement. Je l’ai fait à Toulon (Bayonne a perdu 14-19, Ndlr) et l’an dernier avant certains matches. Au cas où on oublie certaines choses, je les rappelle…