lundi 7 octobre 2024

TJ Parker (ASVEL) : « J’ai gagné le respect »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

Deux saisons comme entraîneur principal de l’ASVEL et deux titres de champion ! Prolongé jusqu’en 2026, le frère du président Tony Parker, TJ Parker a définitivement prouvé sa légitimité. Entretien réalisé avec nos Confrères de France Basket.

Comment s’est passée la préparation de cette nouvelle saison ?

Un peu compliquée. On devait partir aux Philippines. Finalement, on n’est pas parti et on a débuté la saison sans trop de matches de préparation. Mais on est reparti sur cette nouvelle saison avec les mêmes objectifs : défendre notre titre et essayer de gagner les trois trophées nationaux (le championnat, la Coupe de France et la Leaders Cup), et en Euroligue faire du mieux possible et voir si, en janvier-février, on peut viser les play-offs. La saison dernière, on a très bien commencé, mais dès qu’on perd un ou deux joueurs cadres on peut très vite repasser de l’autre côté de la barrière.

Qui craignez-vous le plus ?

En championnat, tout le monde ! Quand nos adversaires affrontent un club d’Euroligue, ils donnent tout et sont encore plus motivés. C’est vrai qu’avec Monaco, on a des effectifs un peu plus élargis pour gagner un titre. Espérons qu’on revive la même finale…

Vous avez réussi à signer Joffrey Lauvergne et Nando De Colo. Etait-ce une priorité de faire revenir des joueurs de ce calibre ?

L’ASVEL a toujours eu cette identité de faire le plus possible une équipe française. Il y a trois ou quatre ans, c’était impossible de toucher ces joueurs-là. Maintenant, ça l’est avec la notoriété qui est la nôtre ou celle de Monaco ; on est de bonnes équipes d’Euroligue. Récupérer de tels joueurs, c’est bien sûr super pour nous, mais aussi pour le basket français pour espérer aller encore plus haut au niveau européen.

Une préparation très compliquée

Comment avez-vous réagi au départ d’Elie Okobo à Monaco ?

Elie a fait une très bonne saison avec nous, mais il avait pris sa décision avant. Financièrement, on ne pouvait pas le garder. Après, quand vous gagnez des titres, des finances se débloquent. L’opportunité Nando De Colo s’est présentée. On n’était peut-être pas parti pour recruter un tel joueur, mais c’était dur de dire non ! Au final, dans l’échange, on est plutôt pas mal…

Strazel est aussi parti à Monaco… Est-ce seulement une question d’argent ?

Matthew voulait partir, il voulait plus de temps de jeu. Quand un joueur veut partir, on ne le retient pas.

Victor Wembanyama a lui choisi de rejoindre Boulogne-Levallois. Comprenez-vous son choix ?

On a passé une bonne année ensemble, une année compliquée néanmoins car il a été blessé au moins six mois. Je ne critique pas son choix. Je lui souhaite de rester en bonne santé pour qu’il puisse atteindre ses rêves personnels.

Monaco est-il votre plus dangereux adversaire ?

Ils ont encore construit une grosse équipe. C’est bien pour le basket français d’avoir deux locomotives. On risque de retrouver la même finale ces prochaines années…

« Coacher en NBA ou en NCAA, ça fait partie de mes objectifs »

Est-ce frustrant de perdre chaque année ses meilleurs joueurs ou est-ce, au contraire, excitant de devoir rebâtir une équipe compétitive ?

Si on veut avoir des résultats en Euroligue, c’est important d’avoir de la continuité, de ne pas repartir de zéro. On a en plus cette règle qui nous empêche de reprendre quand on veut, mais seulement quatre ou cinq semaines avant le début du championnat. On a beaucoup moins de temps pour se préparer. La continuité est donc un plus. La majorité de l’effectif ayant resigné pour deux ans, c’est plus facile de se projeter et de construire.

Qu’apporte au quotidien au coach que vous êtes un Nando De Colo ?

Quand Nando parle, on l’écoute (sourire). Par respect pour sa carrière, pour son expérience et pour le joueur qu’il est. J’ai pu voir beaucoup de choses moi aussi que ce soit en NCAA ou aux Spurs. J’ai toujours été intéressé par pleins de choses et pouvoir échanger au quotidien avec lui ça peut aider. Quand je suis arrivé au club, il y a dix ans, je conduisais le mini-bus !

Aujourd’hui, on a un super bus et on voyage dans de très bonnes conditions. J’ai pu aider le club à changer de dimension et Nando va apporter sa patte pour que le club change encore de dimension car il a pu voir comment ça fonctionnait dans les autres clubs d’Euroligue.

« L’Euroligue c’est du très haut niveau »

Votre frère Tony n’hésite pas à dire qu’il veut à terme décrocher l’Euroligue avec l’ASVEL. Vous semblez plus prudent…

Il faut être réaliste et respecter l’Euroligue. C’est le très haut niveau. Même sans les clubs russes, tous ces joueurs qui viennent dans les autres équipes, ça a encore monté le niveau. C’est notre quatrième année en Euroligue. Il ne faut pas être trop pressé. On va y aller étape par étape. On a montré qu’on pouvait recruter des joueurs expérimentés. Si on peut continuer, on arrivera à faire un top 8 et à gagner l’Euroligue un jour, mais c’est encore trop tôt. Chaque saison a son histoire.

La nouvelle salle est-elle essentielle dans cette optique ?

Exactement. On a pu la visiter en début de saison. Elle sera prête pour octobre 2023. On pourra y jouer en Euroligue et ça, ce sera un grand changement.

Seriez-vous favorable à une Ligue fermée en France qui permettrait à l’ASVEL et Monaco de n’entrer qu’en quarts de finale ?

Je peux avoir un avis, mais ce n’est pas mon domaine. Même si on voulait une Ligue fermée, on ne l’aurait pas. Le basket français est ainsi et ce sera dur à changer. Réduire le nombre de clubs aidera des clubs comme nous. A un moment, on parlait même de 14 équipes. Ça aurait été bien, ça nous aurait fait moins de matches. Mais je comprends aussi le point de vue des autres équipes.

Vous avez déclaré que vous vouliez remporter le plus de titres pour un entraîneur français. Vous souhaitez marquer l’histoire comme Tony l’a fait comme joueur.

Quand on a la chance de coacher l’ASVEL, l’objectif, c’est de gagner des titres. Quand je regarde ce qui a été fait, je note que le record, c’est quatre titres de champion de France. Il faut toujours avoir des objectifs personnels et ça c’est le mien. J’en suis à deux… (sourire).

TJ Parker fier des récompenses collectives

Etes-vous déçu de ne pas avoir été élu coach de l’année (c’est Vincent Collet qui a été élu, Ndlr) ?

Au moins d’être nominé, ça aurait été une belle reconnaissance… Mais je préfère avoir décroché deux titres que d’avoir une récompense personnelle.

On a souvent rappelé que vous étiez le frère de Tony. Pensez-vous avoir définitivement prouvé que vous méritiez votre place ?

En tant que coach, j’ai gagné le respect de mes confrères, en France et en Euroligue. Après, Tony a fait tellement pour le basket français que je serai toujours le frère. Mais chacun sa voie. Il l’a fait en tant que joueur. Moi je fais la mienne en tant que coach.

Vous avez rejoint cet été le staff des Bucks pour la Summer League. Est-ce un rêve, un objectif de coacher un jour en NBA ?

J’ai cette double culture, mon père étant Américain. La Summer League m’a permis de rencontrer pleins de gens. Y retourner un jour comme coach, que ce soit en NBA ou en NCAA, ça fait partie de mes rêves, de mes objectifs. Pourquoi ne pas y croire. Pas pour être numéro 1 de suite, mais si on arrive dans le bon club, c’est possible. On peut grandir comme assistant. Aux Spurs, derrière Popovich, ils sont ensuite tous devenus head coachs quelque part.

Un seul club a été champion de France quatre fois de suite, Mulhouse entre 1928 et 1931. Une motivation de plus pour l’ASVEL cette saison ?

Quand on débute une nouvelle saison, les compteurs sont remis à zéro, mais on n’efface pas complètement ce qui a été fait avant car ce qu’on a fait, c’est quand même unique de gagner trois titres d’affilée, deux à titre personnel, ce qui n’avait plus été fait depuis Claude Bergeaud dans les années 90 (en 1998 et 1999 avec Pau-Orthez, Ndlr). Quatre d’affilée, c’est l’objectif du club et du président.

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