Son recrutement qualitatif autant qu’un exercice 2023/2024 prometteur doivent permettre à Bayonne d’aborder sa troisième saison de Top 14 d’affilée avec l’ambition de se rapprocher le plus possible du Top 6.
« L’important est qu’on soit maintenu et que le club ne fasse pas le yoyo tous les deux ans. Cela fait deux ans qu’on se maintient, maintenant il faut essayer de basculer sur autre chose et faire mieux. Si on ne vise que le maintien chaque année, au bout d’un moment, la carotte, on va la prendre… »
Avant de nous répondre au moment de la reprise (voir encadré), dans L’Equipe, juste avant de partir en vacances, Camille Lopez avait résumé le sentiment général qui animait le club bayonnais après son honorable 12ème place eu égard à la trajectoire d’une saison où l’ancien demi d’ouverture des Bleus reconnaissait aussi « ne pas être passé loin d’une grosse déception ».
Après une 8ème place synonyme de première qualification historique en Champions Cup pour son retour en Top 14, l’Aviron ne dramatise pas un retour dans le rang qui l’oblige cette saison à adapter ses ambitions. « Ne pas être qualifié pour la Champions Cup a un impact financier, précisait le président Tayeb sur France Bleu Pays Basque, et sportif. Car on va devoir jouer la Challenge Cup à fond. »
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Dans la poule 3, avec Vannes, Edimbourg, Black Lion, Gloucester et Scarlets, pour espérer y jouer un rôle de premier plan, avec l’ambition de jouer aussi une place en play-off, le recrutement a ciblé des joueurs ayant déjà connu le top 6, à l’inverse d’un club qui n’a jamais fait mieux que 7ème (2009) depuis l’introduction du Top 14.
Après Mateos Carreras, l’ailier international argentin en mars, les 2ème et 3ème lignes du Racing 92, Veikoso Poloniati et Baptiste Chouzenoux, le 3ème ligne et le demi d’ouverture du Stade Français, Giovanni Habel-Kueffner et Joris Segonds, le demi de mêlée du Stade Toulousain, Baptiste Germain, mais aussi le centre international anglais, Manu Tuilagi qui arrive de Sale, ou Alex Moon, 2ème ligne du champion d’Angleterre, Northampton, vont apporter leur expérience à un groupe qui a perdu en route 16 joueurs dont 12 alignés régulièrement.
Avec le 12ème budget du Top 14, l’Aviron ne se contente pas de cette 12ème place. Déçu de l’issue de cette saison, le président Tayeb vise une 7ème place en estimant que son club est encore en phase de construction, mais en affirmant aussi clairement : « Nous ne pouvons pas nous contenter du maintien. Je ne serai pas le président du maintien ! »
Au-delà du sportif, c’est l’ensemble d’un club qui aspire passer un cap dans la continuité d’une restructuration qui est notamment passée par la livraison du nouveau centre technique, qui va se poursuivre avec la rénovation du stade Jean Dauger et l’approfondissement d’une politique de diversification grâce à une filiale événementielle et restauration, un fonds de dotation pour mieux exploiter la belle image de marque d’un club fédérateur dans tout le Pays basque et bien au-delà de la frontière espagnole avec une nouvelle délocalisation prévue cette saison avant la fin de l’année.
Vers un budget supérieur à 35 M€ à très court terme
Stabilisé autour de 600 partenaires, dont aucun n’impacte le budget au-delà de 2%, pour un meilleur équilibre et moins de dépendance, le club basque s’appuie aussi sur 180 actionnaires privés qui peuvent être sollicités soit sous la forme de recapitalisations, soit sur des investissements. Avec 300 événements organisés hors jour de match à Jean Dauger, le budget a été porté à 30 M€ en 2024 et doit encore augmenter autour des 36-37 M€ notamment grâce à l’agrandissement d’un stade qui devra contenir 16 300 personnes à la fin des travaux contre 15 000 actuellement, et accueillir davantage d’hospitalités. Troisième club le plus médiatique du
Top 14, premier club professionnel, toutes disciplines sportives confondues, à intégrer le pacte de l’ONU (1800 entreprises s’engageant à respecter certains grands principes), l’Aviron ne cesse de renforcer son identité pour une dynamique qui doit forcément l’amener plus haut. Et peut-être dès 2025 dans ce top 6 qui se dérobe à lui depuis trop longtemps…
La question : l’aviron a-t-il vraiment changé de dimension ?
De club sympathique et à forte identité avec une ambiance recherchée pour son spot de Jean Dauger, mais limité financièrement, l’Aviron aspire depuis l’arrivée de Philippe Tayeb et de son ex-meilleur ami Yannick Bru à renvoyer une image plus stable, professionnelle et ambitieuse.
Depuis la première remontée de 2018, à l’exception du barrage calamiteux face au BO qui les a renvoyés en Pro D2, les Ciel et Blanc ont vécu quatre exercices de Top 14 plutôt encourageants. Surtout, ces péripéties sportives n’ont jamais remis en cause leur inexorable montée en puissance structurelle et économique. Face à un voisin biarrot qui repart de zéro, le contraste est saisissant qui permet aujourd’hui à Bayonne d’espérer cueillir les fruits de ses investissements.
Sa présence en Champions Cup la saison passée pour la première fois de son histoire autant qu’un recrutement prestigieux témoignent d’un changement de braquet qui ne sera complètement validé que le jour où le Top 6 fera aussi partie du paysage.
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Il faut remonter à 2006 pour tomber sur la meilleure performance du club au niveau européen dans une épreuve qu’on appelait encore le Bouclier Européen. Quarts de finaliste, battus par London Irish (48-5), le 2 avril 2006, depuis 19 ans les Basques ne sont jamais parvenus à faire mieux.
Le mercto de l’Aviron Bayonnais
- Arrivées : Bordelai (Vannes), Martin (Aix), Poloniati (Racing 92), Moon (Northampton, Ang.), Chouzenoux (Racing 92), Habel-Kueffner (Stade Français), Hourcade (Bourgoin, r.p.), Dioné (Nevers, r.p.), Segonds (Stade Français), Tuilagi (Sale, Ang.), Germain (Toulouse)
- Départs : Perchaud (UBB), Acquier (Tyrosse), Ortolan, Mikautadze (Brive), Ceyte (Clermont), Leindekar (Oyonnax), Huguet (Stade Français), Aprasidze (Perpignan), Labarbe (Racing), Dolhagaray (Biarritz), Buliruarua (Perpignan), Lestrade (Grenoble), Morahan, Pourailly, Baget (Castres), Rasaku (Grenoble)
La recrue : Manu Tuilagi
Face à Perpignan, où son neveu, Posolo, l’attendait et, surtout, Montpellier, que les moyens plus imposants prédisposaient à rafler la mise, l’Aviron a réussi un des gros coups en attirant le trois-quarts international anglais de Sale, Manu Tuilagi. A 33 ans, du haut de ses 60 sélections, si les pépins physiques le laissent en paix, Tuilagi apportera une vraie plus-value à la ligne de trois-quarts basque. Un vrai symbole également des nouvelles ambitions d’un club qui aspire à entrer dans la cour des grands.
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Tom Boissy