En allant chercher une belle et surprenante 8ème place, le promu basque a ouvert la voie à un nouveau cycle de trois ans qui doit lui permettre de s’installer durablement dans le haut de tableau du Top 14.
30M€, voilà l’objectif budgétaire assigné par le président Philippe Tayeb à l’horizon 2027 pour permettre à son club de franchir un palier. Pas plus, pas moins, selon lui pour stabiliser le club et être en phase avec le salary cap. Après avoir pris l’ascenseur dans les deux sens sous l’ère Bru, les Basques souhaitent se donner les moyens de leurs nouvelles ambitions.
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Dans cette volonté d’ancrage sportif et économique fort, la saison dernière a apporté énormément d’eau à un moulin qui a tourné à plein régime avec Greg Patat aux commandes, jusqu’à flirter avec les phases finales, et finalement décrocher une 8ème place synonyme de qualification historique en Champions Cup. En charge des avants, Joël Rey analyse les raisons de ce renouveau :
« Pour être honnête, ce classement est une petite surprise car nous avons abordé cette saison avec une grande partie du staff renouvelé et une nouvelle façon de jouer. Mais après avoir été efficace très rapidement, la réceptivité et la solidarité du groupe nous ont permis de durer. Au moins jusqu’en janvier… au delà, on a bien senti que les adversaires ne nous regardaient plus de la même manière. »
Les Bayonnais surpris de leur classement
Dans le sillage d’une charnière Lopez-Machenaud souveraine, l’Aviron a alors démontré que son début de saison n’était pas qu’un feu de paille. Dans un stade rénové et agrandi, dans une ambiance plus festive que jamais, Jean Dauger a vibré et ne demande qu’à remettre ça cette saison. Le recrutement a consisté à compenser des faiblesses récurrentes au niveau quantitatif pour les trois-quarts surtout qui ont parfois fait défaut.
« Le premier chantier a été de trouver des joueurs pour ça, nous dit Rey, en ayant bien conscience que nous avons eu aussi une grande part de réussite notamment pour Camille (Lopez) qui a été épargné par les blessures. On a donc anticipé d’éventuelles difficultés pour le demi de mêlée, sur les ailes et à l’arrière. »
Les arrivées d’Aprasidze, Mori, Rasaku, Hodge, Callandret et Tiberghien répondent à cette logique. « Devant, nous avons consolidé une ossature qui nous a donné satisfaction en y apportant de l’expérience (Tagi, Giudicelli, Paulos, Bruni) et de vraies valeurs ajoutées avec Arthur (Iturria) et Rémi (Bourdeau) pour essayer de franchir un palier ».
« Terminer à la même 8ème place serait une progression »
Souvent considérée comme plus difficile, la seconde saison d’un promu s’annonce en effet particulièrement relevée pour un groupe qui « part de moins loin », mais qui a repris plus tôt « parce que Greg a souhaité avoir tous les joueurs sous la main, jeunes ou moins jeunes, les nouveaux surtout, pour qu’ils soient le plus vite possible en phase avec notre projet de jeu. »
La perspective de devoir se passer d’une dizaine d’internationaux concernés par la Coupe du monde en septembre-octobre et de jouer la Champions Cup en décembre n’effraie pas Joël Rey qui veut s’en servir pour « montrer qu’on peut se hisser à un niveau supérieur. Rivaliser serait déjà une première étape qui nous servirait pour un championnat où on signerait tout de suite pour finir à la même place. Parce qu’elle n’aurait pas été obtenue dans les mêmes conditions, ce serait à mon sens une progression. » Et une marche supplémentaire franchie sur le chemin de la stabilité.
« L’année est bonne sur le plan financier, le club est sain, déclarait le président Tayeb à la reprise. On va essayer d’installer le club dans le top 6 ou d’y être candidat. J’espère qu’un jour, les fêtes de Bayonne arriveront au Stade de France. » Le chemin est encore long, mais il est tracé.
L’Aviron est-il définitivement le club phare du pays basque ?
Alors qu’en Pro D2 le Biarritz Olympique n’a jamais semblé aussi fragilisé par la gestion chaotique de ses dirigeants, leur volonté de le céder dès que possible, la belle saison de l’Aviron pour son retour en Top 14 a confirmé que la balance entre les deux clubs basques penchait inexorablement du côté de Bayonne.
Au delà des bons résultats sportifs qui ont généré un gros engouement à Jean Dauger, la montée en puissance économique du club du président Tayeb, symbolisée par la livraison du nouveau centre d’entraînement et par une belle attractivité dans ses deux dernières campagnes de recrutement, laisse à penser que les deux entités basques ne jouent désormais plus dans la même catégorie. Un cycle vertueux et suivre les traces du Stade Rochelais, son modèle.
Le marché des transferts de Bayonne
Arrivées : Tagi (Aix), Giudicelli (Montpellier), Paulos (Brive), Bourdeau (La Rochelle), Iturria (Clermont), Bruni (Brive), Aprasidze (Montpellier), Mori (UBB), Rasaku (Mont Marsan, r.p.), Hodge (Rebels, Aus.), Callandret (Oyonnax), Tiberghien (Clermont), Ratuniyarawa (joker Coupe du monde, London Irish, Ang.)
Départs : Talakai (joker Coupe du monde Mont-de-Marsan), Van Jaarsveld (libre), Monribot (arrêt), Kafatolu (libre), Noa (libre), Dioné (Nevers, p.), David (Biarritz), Yarde (libre), Jacquelain (libre), Duhau (joker Coupe du monde UBB), Cridge (libre), Robertson (libre)
La recrue : Arthur Iturria
Ses origines basques ne sont évidemment pas pour rien dans le choix de l’international français de rejoindre l’Aviron alors que, depuis Clermont, où il pouvait prolonger, deux autres clubs lui faisaient les yeux doux dont Toulon et Pau. Dix ans après avoir quitté Jean Dauger, ce retour signifie aussi que le club basque a retrouvé une ambition digne d’un des meilleurs 3èmes lignes du Top 14. A 29 ans, désormais sous contrat jusqu’en 2027, le natif de Pau qui a été formé à Bayonne, revient à la maison pour amener sa pierre à l’édifice.
La fiche techique de l’Aviron Bayonais
- Président du directoire : Philippe Tayeb Budget : 21,5 M€
- Saison dernière : 8ème de Top 14, dernier de la poule B de Challenge Cup.
- Stade Jean Dauger
- Capacité : 18 069 spectateurs
- Accès : En voiture, A63, sortie 6 Bayonne Nord, puis remonter l’avenue du Grand Basque, puis avenue de l’Aquitaine, jusqu’au 8 avenue Fernand Fogues. En bus, Lignes N3 et N6, mais aussi T2. Arrêt : Jean Dauger, Tour de Sault et Follereau. En avion, aéroport Biarritz-Pays basque. En train, gare de Bayonne.
- Palmarès : Champion de France (1913, 1934 et 1943), champion de Pro D2 (2019 et 2022), Challenge Yves du Manoir (1936 et 1980)