Frustré par son élimination de la course aux demi-finales au goal-average, le Castres Olympique attaque sa 28ème saison d’affilée dans l’élite (seuls le Stade Toulousain et Clermont font mieux) avec la volonté de renforcer son adn de club formateur sans perdre son ambition.
Les espoirs finalistes du championnat Elite, les cadets champions de France 2023, demi-finalistes cette année, les U14 4èmes du Super Challenge, les U12 vainqueurs du Challenge Orange… avec le passage chez les pros de cinq joueurs issus du centre de formation, le CO commence à cueillir les fruits du projet « Génération CO » lancé en 2019 alors que le secteur était en grande difficulté.
Quatre ans après, le club a intégré le Top 5 des meilleurs clubs formateurs de France avec le Stade Toulousain, Clermont, Brive et Bordeaux-Bègles. Sous la responsabilité de Cédric Jalabart, directeur sportif, la formation a bénéficié de moyens nouveaux et supérieurs, de partenariats avec 22 clubs régionaux (sur le principe de la double licence pour pouvoir jouer dans leur club d’origine quand ils ne sont pas alignés par le CO), pour attirer les meilleurs de la région, conserver ceux qui étaient déjà dans la structure et offrir un accompagnement plus pro, plus individualisé.
Castres se tourne par nécessité vers ses jeunes
Une maison des Olympiens a vu le jour au stade du Rey, lieu d’entraînement destiné aux filières jeunes de haut niveau, avec une Pépinière pour les catégories U13 à U15, une Académie pour les U16 et U18, et le centre de formation, qui sera dirigé par Valentin Caillau à la rentrée, pour la transition avec le niveau professionnel. Les résultats ne se sont pas faits attendre.
Alors que les Tarnais sortaient en moyenne un pro par an, cinq ont signé leur premier contrat pro cet été (Pierre Colonna, Florent Vanverberghe, Loris Zarantonello, Joris Dupont et Feibyan Tukino). L’évolution, la progression, est essentielle dans un championnat qui se joue aussi sur les quotas de joueurs issus des filières de formation (JIFF).
Dans un rugby qui fait la part belle aux grandes métropoles, le CO mise sur ses spécificités pour créer une identité forte autour du concept de club de territoire, considérant que dans un département au faible dynamisme économique, le rugby a un rôle d’autant plus important à jouer.
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Après Broncan… Darricarrère, une page se tourne
C’est aussi avec tout ça en tête, la volonté de donner leur chance aux plus jeunes tout en stabilisant les résultats quand ils ont été trop inconstants cette saison, qu’a été effectué le recrutement. Capable du meilleur comme du
pire, le groupe de Davidson s’est renforcé d’abord avec trois valeurs sûres, les internationaux Will Collier (Harlequins), Paul Jedrasiak (Clermont) et Guillaume Ducat (Pau), avec ensuite le pilier Nicolas Corato (Pau) et les deux ailiers Rémy Baget (Bayonne) et Christian Ambadiang (Nevers).
Dans la lignée d’Hulleu, ancien meilleur marqueur de Pro D2, Ambadiang suscite beaucoup d’espoirs pour offrir une force de frappe supérieure dans une animation des trois-quarts qui sera désormais gérée par Xavier Sadourny à la place de David Darricarrère en partance vers Brive après quatre saisons de bonne facture, et une place de finaliste en 2022 « qu’on n’a pas assez valorisée, regrettet-il, car après notre 1ère place de la saison régulière, nous avons vite basculé sur la phase finale. Alors que terminer 1er de la phase régulière de Top 14, pour un club comme le Castres Olympique, c’est un exploit retentissant ! »
En 10 ans le CO a fait 4 finales de Top 14
De ce genre d’exploit auquel sont habitués les Tarnais au XXIème siècle, champions en 2013 et 2018, finalistes en 2014 et donc 2022, avant de rentrer chaque fois dans le rang, comme pour mieux se faire oublier et renaître de leurs cendres dans la peau des éternels outsiders.
Cette saison, « plus chaotique », n’a pas échappé à la règle avec une défaite qui a fait très mal aux têtes à domicile face à Perpignan (1317, le 31 décembre 2023), annonciatrice de l’échec castrais à se qualifier pour les phases finales malgré de réels progrès effectués notamment dans l’animation offensive.
Avec le départ du Landais, après celui de Pierre-Henry Broncan, de Combezou, Urdapilleta, Ben Nicolas la saison passée, Nakosi, Kounkpatin et Champion de Crespigny cette saison, une page se tourne au CO. Si tout va bien, c’est avec une majorité de jeunes du cru que devra s’effectuer le prochain voyage au Stade de France.
Le CO peut-il encore surprendre ?
Depuis l’instauration du Top 14 en 2024, le CO a réussi une fois sur deux à se qualifier pour les play-offs. Cette régularité a toutefois baissé en intensité depuis le dernier titre de 2018 puisque les Tarnais ne sont parvenus qu’à une seule reprise à se hisser dans le Top 6… pour parvenir jusqu’en finale. Dans un championnat de plus en plus ouvert derrière l’intouchable Stade Toulousain, mais au niveau qui ne cesse d’augmenter, le club du président Revol n’a pas les moyens d’exister autrement qu’en qualité d’outsider.
7ème après le titre de 2018, 9ème après la finale de 2022, les lendemains d’épopée sont plus difficiles car l’effet de surprise joue forcément moins. La saison passée, il s’en est fallu de peu que la magie opère de nouveau. La preuve qu’il ne faut jamais oublier le CO au moment de faire les pronostics.
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En millions d’euros, la moyenne du déficit structurel du club selon un rapport de la Chambre Régionale des Comptes d’Occitanie qui souligne la très grande dépendance du club à l’égard de son actionnaire majoritaire, le Groupe Pierre Fabre, le même qui couvre tous les ans ce déficit compris entre 4,4 et 6M€.
Le mercato de Castres
- Arrivées : Collier (Harlequins, Ang.), Corato (Pau), Jedrasiak (Clermont), Ducat (Pau), Baget (Bayonne), Ambadiang (Nevers)
- Départs : Thomas (Scarlets, Pdg.), Hounkpatin (Montpellier), Tierney, Pieterse, Champion de Crespigny, Nakosi (Vannes), Laveau (retraite), Bouzerand, Meka et Talalua (Albi, p)
La recrue : Christian Ambadiang
Après quatre saisons à Nevers en Pro D2, où il a marqué 14 et 9 essais lors des deux derniers exercices, l’ailier de 25 ans, originaire du Cameroun, était un des plus convoités du Mercato. En s’engageant au CO jusqu’en 2027, il réalise un premier rêve, jouer en Top 14, et se donne l’espoir d’en concrétiser un second, être sélectionné en équipe de France. Son profil dévastateur devrait faire des ravages dans une élite qu’il va découvrir et qui va aussi apprendre à le connaitre si ce n’est déjà fait à travers multitude de vidéos qui le montrent en train de martyriser les défenseurs de Pro D2.