L’exode anglais se poursuit en Top 14 et certaines signatures ne sont vraiment pas passées inaperçues. Jugez plutôt…
Manu Tuilagi (Sale) et Alex Moon (Northampton) à Bayonne, Billy Vunipola (Saracens) attendu à Montpellier, Owen Farrell (Saracens) au Racing 92, Will Collier (Harlequins) à Castres, Kyle Sinckler (Bristol) et Lewis Ludlam (Northampton) à Toulon… Ces Anglais aux gros CV vont venir gonfler les effectifs de certains clubs du Top 14. Pour James Percival, ancien 2ème ligne anglais, le mélange de cultures est forcément bénéfique :
« Le rugby reste un sport universel. Pour être le meilleur, vous devez continuellement apprendre d’autres clubs, d’autres pays, d’autres joueurs et même d’autres sports. Le moment où vous arrêtez d’apprendre, où vous êtes fermé à découvrir de nouvelles choses, vous êtes déjà en train de vous perdre. Le Top 14 a beaucoup appris des joueurs étrangers. En contrepartie, ces joueurs étrangers ont beaucoup appris du Top 14 et vivent en France. »
« Les jeunes joueurs français voyant ces joueurs étrangers d’élite ont senti leurs aspirations grandir. Ils ont compris ce qui est nécessaire pour devenir meilleurs. Tous ces paramètres ont contribué à ce que le rugby français se développe pour en être là où il est, à savoir comme l’un des meilleurs au monde ».
Néanmoins pour l’ancien joueur de Grenoble et Tarbes (mais aussi de Worcester, Northampton, Harlequins), reconverti notamment comme agent de joueurs, il ne faut surtout pas tout mélanger et se tromper.
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« Avec Farrell, les jeunes du Racing vont devenir meilleurs »
« Ce que je voudrais maintenant, c’est que ces joueurs et entraîneurs français aient des possibilités au Royaume-Uni et en Irlande, en Afrique du Sud, etc. Cela ne peut que rendre le jeu meilleur. Yannick Bru était en Afrique du Sud (Sharks, Ndlr). Il en apporte un avant-goût à Bordeaux. Il serait bon de voir plus d’entraîneurs français avoir l’occasion de profiter d’expériences à l’extérieur de la France. Cela leur permettrait d’évoluer car je crois que toutes ces expériences permettent de développer le jeu et le rugby. Tous ces échanges ne doivent pas être considérés comme une invasion, mais bien comme un désir de se développer, d’apprendre et de partager ».
Invité à commenter la venue d’Owen Farrell au Racing 92, le natif des West Midlands indique qu’« il est l’un des meilleurs au monde sur le terrain et en dehors. Le fait de l’avoir autour des joueurs, des plus jeunes du Racing 92, et même du staff, ne fera qu’aider les gens à apprendre et à devenir meilleurs sur le terrain et en dehors. Il ne faut donc pas regarder cet aspect de façon négative. Le rugby français a la possibilité d’avoir les meilleurs joueurs de France et du monde. »
« Alors profitez de cette opportunité pour apprendre d’eux et devenir la meilleure équipe du monde en les écoutant et en prenant des informations importantes qui peuvent aider. C’est une « arme » que le rugby français a sur tout autre pays en raison des règles de visas ou des capacités financières ». Les éminents renforts le savent tout autant sinon ils ne viendraient pas en masse.
Une Pro D2 so british
Même à l’étage inférieur, on réalise de sacrés coups sur le marché des transferts. Alors que Soyaux-Angoulême a terminé à une anodine 12ème place en Pro D2, les dirigeants du club charentais sont parvenus à attirer un gros poisson en la personne de Jonny May (en photo). L’international anglais de 34 ans approchant les 80 sélections a décidé de relever ce défi. L’ailier natif de Swindon ayant annoncé son départ de Gloucester. L’ancien joueur de Leicester demeure une sacrée recrue.
May est attendu pour deux saisons au SA XV. Il ne sera pas le seul Anglais à exporter son talent en Pro D2. Il en va de même pour Courtney Lawes, le 2ème ligne de 35 ans. Le récent champion d’Angleterre avec Northampton, capé à 105 reprises, s’est engagé avec Brive.
« Chaque cas est différent, souligne Sam Davies l’ouvreur gallois de Grenoble. Dans mon cas, j’avais besoin de changer d’air après avoir passé une dizaine d’années dans le même championnat. Je voulais découvrir une autre culture. Néanmoins, il apparaît clairement qu’à travers ces signatures, les rugbys gallois et anglais ont vécu au-dessus de leurs moyens. La pandémie n’a pas aidé non plus. Le rugby français va en tirer les bénéfices et un certain écart risque de se creuser. A côté de cela, on remarque que les affluences sont en hausse en Pro D2 et cela suscite de l’intérêt aussi de vivre ce genre d’expérience ».