Entre un président, Jean-Claude Pats, qui se satisfait surtout du retour de son club en Champions Cup et un coach, Christophe Urios, qui a du mal à s’en contenter, Clermont compte, notamment, sur son recrutement pour parvenir enfin à atteindre ses objectifs après trois saisons à échouer aux portes des phases finales.
Depuis sa finale de 2019 perdue, face au Stade Toulousain, Clermont n’a plus entrevu une seule demi-finale, à peine un match de barrage (UBB, 16-25), toujours sous l’ère Azéma. Ni Jono Gibbes, ni Christophe Urios, arrivé aux affaires en janvier 2023, ne sont parvenus à créer une dynamique semblable, à compenser les départs successifs, entre autres, de Penaud, Parra, Lopez, Fofana, Vahaamahina, Laidlaw ou Kayser et Cancoriet.
Cet été, Slimani et Jedrasiak ont aussi tourné la page pour un effectif qui ne compte plus que Raka, Lee, Moala, Falgoux et Yato de la dernière finale il y a quatre ans. Une éternité eu égard aux performances des Jaunards cette saison, longtemps qualifiables jamais qualifiés.
A l’image du point manquant sur la pelouse du Stoop (face aux Sharks, 3132), qui aurait pu ouvrir les portes d’une cinquième finale de Challenge Cup, qu’Urios avait ciblée depuis le début de la saison, c’est aussi un petit point qui les a séparés du Top 6 du Top 14.
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Urios et Clermont en phase de reconstruction
« Ces deux petits points nous manquent, analysa le président Pats en conférence de presse, sans doute le résultat d’un certain nombre de choses. A des performances remarquables ont malheureusement succédé des matches, aux moments critiques, où tout n’a pas fonctionné comme pré vu. » Même si, dans l’adversité, le groupe n’a jamais lâché et laissé aux autres les sueurs de fin de saison.
« Cet hiver, beaucoup me parlaient de match de barrage vers la Pro D2, poursuit Jean-Claude Pats. Heureusement, nous avons su réagir avec la campagne européenne et le fameux match contre le Stade Français (41-18) qui a fait basculer le groupe du bon côté et nous a permis, à défaut de Top 6, d’accrocher le Top 8 et de retrouver la grande Coupe d’Europe qui nous tient tant à coeur. »
L’occasion de retrouver en décembre La Rochelle (contre qui Clermont ne jouera pas), Leinster, Trévise, Bath et Bristol, dans une poule qu’Urios juge « intense mais ouverte avec un grand favori, le Leinster ». D’ici là,le coach auvergnat ne fera pas l’économie d’une remise en cause.
« Je ne suis satisfait ni de ma saison, ni de la saison de mon équipe. L’objectif était de terminer dans le Top 6 et de gagner le Challenge Européen. On n’en a rempli aucun. Sur le plan des résultats comme de l’atmosphère de travail, je ne suis pas content. Dans les situations difficiles, nous avons eu tendance à adopter des comportements individuels plutôt que collectifs. »
Urios : « Pour espérer recruter des joueurs de renommé mondiale… il ne faut pas louper la saison qui arrive »
La logique du recrutement a donc consisté à attirer des joueurs capables de transcender cette dimension collective, avec sept avants sur les neuf recrues pour y parvenir. « Les joueurs que nous avons ciblés ont été recrutés avec cet état d’esprit en ligne directrice », insiste un Urios déjà tourné vers l’avenir et plus ambitieux que jamais.
« Mais pour espérer recruter des joueurs de renommée mondiale, encore faut-il ne pas louper la saison qui arrive » Plus de continuité que de transitions pour remettre en marche le processus d’exigence et de professionnalisme exacerbé qui a fait la forceduclubilya une dizaine d’années, la saison qui s’ouvre s’avère donc hyper importante pour les Jaunards.
En revenant sur les fondamentaux chers à leur coach, elle doit leur permettre de reprendre pied parmi les meilleurs avant, dans un second temps et si le message passe bien, d’espérer rivaliser avec eux.
Pourquoi Clermont n’a plus les moyens de ses ambitions ?
En 2018/2019, saison de la dernière finale, la capacité de Salary Cap de l’ASM était de 13,3 M€, elle n’est que de 11,8 M€ cette saison et descendra encore de 200 000 euros la saison prochaine. Avec moins d’internationaux dans ses rangs la relative faiblesse de ce Salary Cap qui en dépend en partie ne permet plus au club de recruter autant de joueurs confirmés comme avant.
Le président Pats estime « à 4 ou 5 joueurs de très haut niveau que nous ne pouvons plus embaucher à cause de ça. » En raison de la réglementation de la LNR et de la diminution du nombre d’internationaux, l’enveloppe budgétaire attribuée à l’ASM ne cesse de diminuer donc de réduire les capacités d’investissement et les ambitions sportives. A moins de compenser par un supplément d’âme, un défi à la mesure de Christophe Urios.
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Parmi les 9 recrues de l’été, 7 concernent des avants. « J’ai voulu renforcer la première ligne, précise Urios car on avait besoin de mettre de la densité, des mecs costauds, qui portent le ballon. Avec eux, on va pouvoir renforcer notre état d’esprit. » Eux, ce sont Allaalatoa (pilier droit), Akhaladze (pilier gauche), Montagne (pilier droit), Lotrian (pilier gauche), Massa (talonneur), Ceyte (2ème ligne) et Rixen (2ème ligne).
Le mercato de Clermont
- Arrivées : Alaalatoa (Leinster, Irl.), Akhaladze (Béziers), Montagne (Grenoble), Lotrian (Perpignan), Massa (Grenoble), Ceyte (Bayonne), Rixen (Brive), Tauzin (Toulouse), Hamdaoui (Stade Français)
- Départs : Slimani (Leinster, Irl.), Beria (Perpignan), Bibi Biziwu (Pau), Dzmanashvili (Biarritz, p.), Kiteau (Brive), Beheregaray (Biarritz), Jules-Rosette (Nevers, p.), Couly (Racing 92), Jedrasiak (Castres), Lavanini (Lyon), Timu (Colomiers), Plisson (Aix), Hériteau (Grenoble), O’Connor, Rozière (Valence Romans)
La recrue : Kylan Hamdaoui
Capable d’évoluer arrière ou ailier, l’ancien Biarrot qui évoluait au Stade Français depuis six ans « vient renforcer notre champ profond. Il doit nous amener de la créativité sur le poste » espère Urios. Passé par Clermont entre 2012 et 2014, le temps d’accrocher un titre de champion de France Espoirs, le Franco-algérien de 30 ans retrouvera des amis de longue date comme Etienne Falgoux ou Peceli Yato. En fin de contrat à Paris, Hamdaoui suscitait l’intérêt de nombreux clubs de Top 14.