Déjà impactée par la présence de plusieurs membres du club ayant des antécédents judiciaires, à l’instar du duo Altrad-Laporte, mais aussi de Chalureau, l’image du MHR s’est encore déformée avec l’arrivée de trois joueurs condamnés pour violences conjugales ; Haouas, Hounkpatin et Hogg.
« Ils n’auraient pas droit à une seconde chance ? N’ont-ils pas payé ? Haouas a déraillé, mais il ne faudrait pas lui parler ? La justice est passée, il a le droit de se reprendre. Et c’est tout à l’honneur de Mohed Altrad de les avoir accueillis. Ils savent qu’ils lui sont redevables. »
En matière de condamnation et de résilience, l’ancien président de la FFR sait de quoi il parle (dans Midi Olympique) lui qui est toujours sous le coup d’une procédure judiciaire dans l’affaire du contrat d’image qui le liait à son président d’aujourd’hui.
Respectivement condamnés à deux ans avec sursis et 75 000 euros d’amende pour six infractions dont corruption passive et trafic d’influence et à 18 mois avec sursis, 50 000 euros d’amende et deux ans d’inéligibilité pour corruption active, trafic d’influence et abus de biens sociaux, les deux hommes forts du MHR ont fait appel dans l’attente d’un nouveau procès.
Depuis, peut-être par provocation, pour en rabattre à cette presse qui ne cesse de les brocarder, pragmatisme, pour confectionner l’effectif le plus compétitif possible, opportunisme, pour attirer des joueurs de premier plan à moindre prix (Hounkpatin a été laissé libre par le CO), ou réelle volonté de leur donner une seconde chance, ils ne cessent de tendre la main à ceux qui, comme eux, ont eu maille à partir avec la justice.
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Haouas : « Donner raison à ceux qui m’ont fait confiance »
Condamné pour violences conjugales à un an de prison ferme et à 18 mois de prison dont 9 fermes pour violences aggravées lors d’une bagarre, Mohamed Haouas a été le premier élu. Retoqué par Clermont puis par l’équipe de France avant la Coupe du monde, le pilier international de 30 ans et 16 sélections a quitté Biarritz et la Pro D2 pour rejoindre Montpellier en Top 14 cette saison.
Son contrat d’un an est assorti d’une clause qui le conditionne à un comportement exemplaire selon le communiqué du club. Formé et révélé dans l’Hérault, Mohamed Haouas a saisi la main tendue par un club qui s’est aussi engagé à lui fournir un soutien supplémentaire en dehors du rugby, en collaboration avec le centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales (CPCA Sud Occitanie).
L’objectif est de lui permettre de maîtriser ses pulsions en dehors des terrains pour qu’il devienne un meilleur joueur sur le terrain. Avant le début de saison, le joueur avouait sur le site du club « avoir entrepris des démarches auprès d’une association montpelliéraine qui va m’aider à travailler sur moi-même et sur les gestes que j’ai pu faire et que je regrette. »
Il se disait « reconnaissant de cette opportunité », prêt « à tout faire sur et en dehors des terrains pour donner raison à ceux qui m’ont fait confiance au moment où j’en avais le plus besoin. »
Condamné pour violences conjugales à 12 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans et obligation de suivi psychologique, Wilfrid Hounkpatin est arrivé de Castres dans la foulée. Le pilier droit a également purgé sa peine, ce qui n’est pas encore le cas de l’international écossais Stuart Hogg, sorti de sa retraite pour découvrir le Top 14 et qui devait comparaitre mi-septembre pour répondre, lui aussi, d’accusations de violence sur son ancienne compagne.
Le MHR sur la voie de la rédemption
Dans le Midi Libre, face aux critiques, et pour rassurer des supporteurs et des supportrices perturbées à l’idée de devoir encourager des joueurs au passé aussi lourd, Bernard Laporte assumait ses choix. « Je comprends les critiques, mais quand on a fait une faute, est-ce définitif ? Peut-on te punir à vie ? Je crois en la rédemption. Si elle n’existait pas, ce serait terrible. »
Et d’élever le débat pour venir au soutien de ses trois nouveaux joueurs : « Je ne suis pas d’accord avec ce qu’ils ont fait, mais quand je les côtoie, quand je vis avec eux, ce sont trois mecs formidables, des gens qui ont regretté. Je trouve que c’est bien que le président accepte de leur redonner une chance, c’est humain. Mais on le sait et ils le savent, il n’y a plus de droit à l’erreur ».
Dans un vestiaire montpelliérain qui avait déjà été confronté à la condamnation de Bastien Chalureau (six mois avec sursis pour agression) en janvier, qui a aussi recruté le 3ème ligne anglais Billy Vunipola, arrêté par la police espagnole en avril pour un procès en comparution immédiate sans trop de conséquences (240 euros d’amende).
Dans un club qui a aussi confié des missions à Claude Atcher, proche de Laporte et de Altrad, ancien directeur général du comité d’organisation de la Coupe du Monde 2023, mis en garde à vue en mai pour des soupçons de malversations financières, ça commence à faire beaucoup. Cette saison, Montpellier sera attendu sur le terrain, mais aussi en dehors.