Pour sa neuvième saison d’affilée en Top 14, Pau, veut parvenir à enfin franchir le plafond de verre d’un top 6 qui se refuse à elle depuis sa montée en 2015, la Section paloise a effectué un recrutement axé sur la puissance de son pack.
Sur les douze recrues paloises de cette intersaison, huit concernent les avants ; Bibi-Biziwu (pilier), Kaulashvili (pilier), Zabala Arrieta (pilier), Jolmes (2ème ligne), Picquette (2ème ligne), Credoz (3ème ligne), Kpoku (2ème ligne) et même El Bibouji (talonneur), prêté à Agen dans la foulée. Ces profils ne sont pas un hasard. Pour Sébastien Piqueronies, qui tire les leçons de ses trois saisons paloises, conclues entre la 9ème et 12ème place, il n’y a pas de doutes, la conquête paloise n’a pas encore le profil d’un postulant au Top 6 :
« Pour ça, il va nous falloir un jeu d’avants plus rude, un effectif plus dense et nous y avons mis beaucoup de moyens. » Et de dresser le profil de ceux qui sont sensés permettre aux Béarnais de jouer le haut de tableau.
« Daniel (Bibi-Biziwu) a connu très jeune le groupe des 42 de l’équipe de France et il vient chez nous pour franchir un cap. Lekso (Kaulashvili) vient d’un club qui a l’habitude se qualifier, il va nous amener beaucoup d’expérience sur les deux flancs de la mêlée. Jon (Zabala) sort d’une grosse saison et a aussi un profil évolutif en arrivant sur l’âge de la maturité. »
« C’est un pari. Thomas (Jolmes) a déjà deux sélections en équipe de France et il a le profil pour devenir un joueur très important de la Section. Sur un poste rugueux, Rémi (Picquette) va densifier notre 2ème ligne avec deux titres de champion d’Europe et l’habitude des joutes de haut niveau et des matches couperets des phases finales. Enfin Loïc (Credoz) est un joueur très complet, capable de jouer 6,7ou8avecunprofildefort leadership. »
À LIRE AUSSI : toute l’actualité du rugby dans votre mag
« Notre recrutement représente un marqueur de notre évolution »
Sans oublier le pilier international anglais de 32 ans, Harry Williams qui apportera son expérience en l’absence de Tokolahi (rupture du tendon d’Achille). En échouant sur le fil pour un Top 8 qui lui aurait permis de re-
venir en Champions Cup 14 ans après, Pau sort tout de même renforcé d’une saison plutôt cohérente avec 13 victoires et 13 défaites et la sensation, surtout, d’avoir fait preuve d’un état d’esprit irréprochable.
Qualifiés jusqu’à la 17ème journée, et une défaite au Stade Français, les Béarnais ont ensuite baissé de rythme pour échouer à deux points du Top 6 en donnant l’impression de ne jamais avoir été aussi proche du but. Piqueronies veut croire que « notre recrutement représente un marqueur fort de notre évolution car de nombreux joueurs ont décidé, tôt, de nous rejoindre. Il a été bâti pour consolider deux piliers ; celui de la culture de la gagne et celui d’un effectif densifié pour gagner en constance. Nous avons aussi été capables de garder nos meilleurs éléments, c’est une vraie fierté. »
Top 14, Pau rayonne avec sa stabilité
D’une saison à l’autre, avec quasiment le même effectif et le même budget, le club est passé de la crainte d’une descente à l’espoir d’une qualification. La progression est bien réelle qui s’explique par la montée en puissance de ses leaders de jeu, le meilleur réalisateur du championnat, Joe Simmonds (246 points), le 6ème meilleur marqueur, Samuel Ezeala (9 essais), dans le sillage de Rey, Robson, Maddocks, Decron, Zégueur ou Daubagna, des révélations Attisogbe, Gailleton, Auradou et Desperes et malgré les blessures de Sam Whitelock, Capelli et Metz.
Dans le money time, face au Racing 92 ou à La Rochelle, la profondeur de banc, les limites en mêlée, au jeu au sol et en touche ont repoussé à plus tard la perspective d’une première qualification historique. Mais jamais la Section n’avait semblé aussi proche du but.
« Le Top 14 est une jungle de plus en plus dense, conclue le manager palois. Ça l’était cette saison, et ça le sera encore davantage la saison prochaine. »
Cette fois, c’est la bonne ?
Tout proche d’une première phase finale de Top 14, la Section monte en puissance. Si les progrès au classement ne sont pas évidents, leur régularité s’apparente à un réel progrès dans un championnat dont le niveau ne cesse de s’élever. S’ils ne s’étaient pas mis au diapason, les Béarnais seraient donc déjà en Pro D2.
Au contraire, depuis l’arrivée de Piqueronies, ils se rapprochent tous les ans un peu plus des meilleurs et tirent chaque saison les leçons de celle d’avant. Soutenus par un public fidèle et de plus en plus nombreux, les Palois ne sont plus très loin du but avec un effectif qui n’avait jamais paru aussi équilibré entre espoirs talentueux et cadres confirmés. Cette saison sera donc la bonne…
246
ß
Le mercato de Pau
- Arrivées : Kaulashvili (UBB), Zabala (Béziers), Bibi Biziwu (Clermont), Picquette (La Rochelle), Jolmès (UBB), Maximim (Rouen, r.p.), Kpoku (Lyon), Crédoz (Oyonnax), Klemenczak (Racing 92), Grandidier (Brive), Luc (Toulon), Williams (Montpellier)
- Départs : Fisi’Ihoi (Massy), Gigena, Tailhades (Soyaux-Angoulême), Corato (Castres), Chauvac (Brive), Whitelock (retraite), Metz (Vannes), Cummins (Dragons , Pdg), Ducat (Castres), Puech, Vatubua (Dax), Tuimaba (Béziers), Ezeala (Stade Français)
La recrue Aymeric Luc
Mécontent de son sort à Toulon, où il n’était plus dans les plans de Mignoni après une première saison qui l’avait amené aux portes de l’équipe de France, Aymeric Luc arrive dans le Béarn avec la ferme intention de rattraper le temps perdu. A 26 ans, son potentiel peut lui permettre d’être bien davantage qu’une doublure pour Maddocks. Egalement capable de jouer à l’aile, « son profil colle totalement au jeu de la section » selon Piqueronies.
À LIRE AUSSI : la section paloise joue le top 6
Tom Boissy