C’est en s’appuyant sur l’effectif qui a été champion de Pro D2, renforcé par une dizaine de valeurs sûres, voire très sûres, que le RC Vannes entend assumer sa première expérience de Top 14. Le maintien est évidemment l’unique objectif d’un club qui sera soutenu par toute la Bretagne.
De tous les titulaires qui ont propulsé le RC Vannes dans une autre dimension au printemps, seuls Darren O’Shea, Andy Bordelai et Andres Vilaseca ne seront pas de cette saison historique et de la réception du Stade Toulousain le 7 septembre qui promet déjà une ambiance de feu à la Rabine. Après un titre de champion de France de Pro D2, considérant que le meilleur recrutement était encore de conserver un maximum de joueurs pour espérer conserver la même dynamique, le staff breton a d’abord sécurisé ses cadres.
Une fois le challenge (facilement) relevé, alors que la plupart des autres équipes avaient déjà bouclé leur Mercato, il a fallu s’activer pour rattraper le temps perdu et dans ce domaine on peut considérer que le RCV a plutôt bien fait les choses.
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En Top 14, Vannes se prépare à être un outsider
Derrière l’incontestable tête d’affiche représentée par la légende anglaise, Mako Vanipula (79 sélections avec le XV de la Rose), pendant à gauche du pilier droit et international argentin venu du Super Rugby, Santiago Medrano, les autres recrues offrent des alternatives intéressantes et de haut niveau à Jean-Noël Spitzer.
Plus de puissance en mêlée avec Christiaan Van der Merwe, Fabrice Metz (2ème ligne) et Kitione Kamikamica (3ème ligne), plus de créativité et de percussion au centre avec le All Black Francis Saili, Tani Vili et Inaki Ayarza, un international chilien qui possède aussi le statut de JIFF, plus de finition avec Salesi Rayasi (30 essais en 51 matches de SuperRugby pour l’ailier néo-zélandais) et Filipo Nakosi, international fidjien qui a marqué son temps à Castres (24 essais en 94 matches dont une finale de Top 14 en 2022). L’ensemble parait aussi cohérent qu’équilibré.
« Nous ne voulons pas les meilleurs joueurs, mais ceux qui vont s’inscrire dans notre histoire »
Il est à l’image d’une stratégie sportive et économique impulsée par le président Cloarec qui donnait sa définition d’un recrutement réussi juste après la finale à Toulouse : « Nous ne voulons pas les meilleurs joueurs, nous souhaitons avoir ceux qui vont s’inscrire dans notre histoire. »
Depuis son arrivée comme simple partenaire en 2006, jusqu’à devenir président en 2016, c’est avec cette philosophie qu’il a construit le club jusqu’à décrocher la timbale après huit saisons dans le monde professionnel et quatre demi-finales qui ont, un temps, fait croire qu’il s’agissait d’un plafond de verre. Que nenni ! Sur le site breton alouette.fr, le chef d’entreprise à la tête de plusieurs Intermarché jubilait :
« On nous avait dit qu’on était une anomalie du rugby pro, qu’on allait vite retourner à l’échelon inférieur. Nous avons su faire face et on s’est battu avec nos armes. On fera la même chose en Top 14. Parce que dans la continuité de notre projet et dans son évolution, il était important de passer un cap supplémentaire. » C’est désormais chose faite.
Y’a-t-il vraiment la place pour un grand club breton en top 14 ?
Dans sa volonté de démocratiser encore davantage le rugby pro au-delà de ses origines géographiques historiques et plutôt orientées vers le sud de la France, la LNR s’est félicitée, par l‘intermédiaire de son président, René Bouscatel de la montée du RCV :
« C’est un symbole fort, formidable pour le rugby français. » Et l’ancien président du Stade Toulousain de prévenir tout de même : « Le but suprême n’est pas de monter en Top 14, mais de s’y maintenir, sans brûler les étapes. C’est dans ce sens que le travail effectué à Vannes depuis plusieurs années est encore plus intéressant. » Car le premier projet breton d’envergure professionnelle est davantage né d’une capacité à fédérer toutes les énergies locales que sur l’ambition d’un seul homme, fut-il millionnaire.
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C’est avec un budget de 2 M€ seulement qu’il y a huit ans, le RCV déboulait en Pro D2 découvrir le professionnalisme. Cette saison, le club breton a fonctionné avec 11 millions de plus et il espère pouvoir continuer à l’augmenter en Top 14. En fédérant toute l’économie bretonne, le président Cloarec misait sur un budget de 21 M€.
Le mercato de Vannes
- Arrivées : M. Vunipola (Saracens, Ang.), Djehi (Colomiers), Metz (Pau), Van der Merwe (Nevers), Kamikamica (Racing 92), Saili (Racing 92), Ayarza (Soyaux Angoulême), Nakosi (Castres), Vili (Bordeaux), Rayasi (Hurricanes, Nlle.Zél.), Medrano (Westerm Force, Aust.)
- Départs : Bessonart (Tarbes), Bordelai (Bayonne), O’Shea (Valence Romans), Bain, Bloemen (Aurillac), Bazin (Colomiers), Vilaseca, Proult (Soyaux Angoulême), Floch (Chambéry, p.), Boyadjis (Narbonne)
La recrue : Mako Vunipola
Trois fois vainqueur de la Champions Cup (2016, 2017 et 2019) avec les Saracens, cinq fois champion d’Angleterre (2015, 2016, 2018, 2019 et 2023), finaliste de la Coupe du Monde 2019, le pilier international anglais de 33 ans est la tête d’affiche du recrutement breton. Il fallait bien ça pour découvrir le Top 14, une référence à son poste pour stabiliser la mêlée. Avec le départ de Bordelai vers Bayonne, le RCV n’a certainement pas perdu au change car Vunipola est pour beaucoup le plus beau CV de l’histoire du club.
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TB