En difficulté depuis plusieurs mois, le XV de la Rose arrive sur ce Tournoi avec un nouveau sélectionneur, Steve Borthwick, et beaucoup d’incertitudes. Une page se tourne après les six années d’Eddie Jones à la tête de la sélection.
Le 4 février pour le premier match du Tournoi face à l’Ecosse, Eddie Jones ne s’assiéra pas dans les tribunes au milieu du staff pour la première fois depuis 2016. A l’issue de la Tournée d’automne mitigée et après des mois où les résultats n’ont pas été à la hauteur de la réputation des vice-champions du monde 2019, le sélectionneur australien du XV de la Rose a été remercié et remplacé par l’entraîneur de Leicester Steve Borthwick.
Borthwick dans les pas d’Eddy Jones ?
Si l’Angleterre entre dans une nouvelle ère car Jones était là depuis six ans, son successeur connait parfaitement l’équipe et la pression entourant une sélection nationale car Steve Borthwick a fait partie du staff d’Eddie Jones en qualité d’entraîneur des avants entre 2016 et 2020. C’est un entraîneur qui est très apprécié en Angleterre et qui part donc avec un capital sympathie important. Il a participé à la conquête de trois Tournois en 2016, 2017 et 2020 dont un Grand Chelem en 2016.
C’étaient les derniers coups d’éclat d’une équipe anglaise à la recherche de son glorieux passé, mais qu’il ne faut jamais enterrer selon Eric Blanc, consultant sur l’Equipe TV :
« Le rugby anglais possède de nombreux joueurs jeunes et talentueux qui ont les qualités pour proposer du jeu. Ils sont encore en période de reconstruction. Comme les Français, ils ont une bonne génération de jeunes. L’Angleterre se renouvelle avec des jeunes comme Smith qui sont aussi prometteurs que les Français. Les Anglais sont toujours difficiles à jouer même quand ils ont des résultats moins bons. Le rugby est un sport de combat et les grandes équipes se réveillent toujours quand elles sont en difficulté. »
Le XV de la Rose a touché le fond avec une première défaite historique à domicile face à l’Argentine
Si le potentiel joueurs est là et que le nouveau sélectionneur connait donc bien la maison, la succession de Jones n’est, quand même pas simple. Même si ces derniers temps le sélectionneur avait perdu beaucoup de crédit, son passage à la tête de l’équipe d’Angleterre reste l’un des meilleurs avec 73% de victoires en 81 matches. Il est le sélectionneur qui a apporté le plus de victoires au XV de la Rose. Il lui a aussi et surtout redonné des couleurs après le mandat raté de Stuart Lancaster.
D’ailleurs, dès sa première saison, Eddie Jones est devenu le premier sélectionneur anglais depuis Geoff Cooke en 1992 à remporter tous ses matches sur une année civile. Maintenant que la période Jones est révolue, place à l’ère Borthwick. L’un des premiers chantiers du nouveau sélectionneur est de redonner confiance à des joueurs qui restent sur des résultats décevants ces derniers mois avec une 5ème place dans le Tournoi en 2021 et une 3ème place en 2022 avec des défaites face à l’Irlande, l’Ecosse et la France.
Le XV de la Rose a une revanche à prendre
Sur la dernière édition, jamais les Anglais n’ont paru en mesure de se mêler à la victoire finale ce qui est rare pour une telle équipe qui entretient normalement une belle histoire d’amour avec cette compétition. En fait, les difficultés anglaises remontent même plus loin. C’est la défaite en finale de la Coupe du Monde en 2019 face à l’Afrique du Sud qui leur a fait très mal. Ils ont, bien sûr, gagné le Tournoi suivant en 2020, mais ils étaient déjà moins impériaux, la chute s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui, leur rugby n’a pas évolué comme cela a pu être le cas pour les autres nations.
Cet automne, le XV de la Rose a touché le fond avec une première défaite historique à domicile face à l’Argentine (30-29), un nul heureux face à la Nouvelle-Zélande (25-25) et une défaite nette et inquiétante face à l’Afrique du Sud (27-13). Malgré les talents qu’elle possède, elle n’envoie pas beaucoup de jeu, les actions manquent de punch.
Farrell pointe la responsabilité de son équipe
Avec des joueurs comme Marcus Smith, Joe Marchant, les frères Willis, Luke Northmore ou les anciens comme Henry Slade, Maro Itoje ou Courtney Lawes, elle a pourtant les joueurs pour ne pas proposer uniquement un jeu restrictif à base de coups de pieds. L’un des cadres de cette équipe Owen Farrell s’est exprimé sur le changement d’entraîneur.
Pour lui, cette mauvaise passe ne peut être la seule responsabilité du staff : « Cette série négative n’est pas la responsabilité d’une seule personne. Tout le monde est responsable. Il y a évidemment des choses que l’on doit améliorer. On va en discuter avec le nouveau sélectionneur. N’oublions pas tout le travail effectué par Eddie Jones ».
Eddie Jones n’est plus là
Si l’Angleterre arrive dans ce Tournoi des Six Nations avec peu de certitudes, elle pourra cependant s’appuyer sur un calendrier favorable. Un calendrier qui a son importance car il est rare que des équipes gagnent à l’extérieur et les Anglais ont l’avantage de recevoir à trois reprises cette année (l’Ecosse, l’Italie, la France). Elle accueillera l’Ecosse lors de la 1ère journée puis l’Italie, elle aura la possibilité de se mettre en confiance face aux deux équipes les plus faibles du Tournoi normalement qui plus est devant son public.
La suite sera plus corsée avec un déplacement toujours périlleux au Pays de Galles, la réception de la France pour le Crunch et un ultime déplacement en Irlande. Ce dernier match sera très difficile à appréhender car l’Angleterre a toujours du mal en terre irlandaise et le XV du Trèfle sera cette année encore très solide et un concurrent sérieux pour la victoire finale.
En nommant en fin d’année un nouveau sélectionneur, les dirigeants anglais donnent l’impression de tirer un trait sur une victoire finale dans le Tournoi, un Tournoi qui devrait surtout servir au nouveau staff de mettre ses idées de jeu en place et de gagner la confiance des joueurs afin aussi de mieux préparer la Coupe du monde. Même s’il faut toujours se méfier des Anglais, ils ne font pas partie des favoris pour la victoire dans cette édition 2023. Ils sont tout au plus des dangereux outsiders qui se feront un malin plaisir de faire tomber les favoris français et irlandais.
Ses 10 derniers Tournois
2022 : 3ème (2 victoires, 3 défaites)
2021 : 5ème (2 victoires, 3 défaites)
2020 : 1er (4 victoires, 1 défaite)
2019 : 2ème (3 victoires, 1 nul, 1 défaite)
2018 : 5ème (2 victoires, 3 défaites)
2017 : 1er (4 victoires, 1 défaite)
2016 : 1er (5 victoires)
2015 : 2ème (4 victoires, 1 défaite)
2014 : 2ème (4 victoires, 1 défaite)
2013 : 2ème (4 victoires, 1 défaite)
Ses plus
L’Angleterre possède une belle génération de jeunes joueurs. L’avenir est intéressant pour une sélection qui n’a jamais eu une telle génération.
Le nouveau sélectionneur connait parfaitement la sélection. Il pourra se servir de son expérience d’adjoint de Jones pour mettre plus vite ses idées en place.
Après des mois d’incertitudes, les Anglais ont trouvé un ouvreur Marcus Smith qui n’hésite pas à jouer à la main. Il est régulier et devrait s’installer parmi les meilleurs mondiaux au poste de 10.
Ses moins
Malgré une année compliquée, c’est très risqué de la part de la Fédération de changer de sélectionneur à quelques semaines seulement du Tournoi.
Certains cadres vice-champions du monde en 2019 ont eu du mal à digérer cet échec. D’autres comme Owen Farrell ou George Ford alternent le bon et le moins bon.
L’Angleterre possède une génération cohérente, mais ne parvient pas à mettre son projet de jeu en place. Elle a un jeu trop stéréotypé.