vendredi 24 mars 2023

USAP : un historique enfin de retour en TOP 14 ?

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Au top niveau en 2009 avec son ultime titre de champion de France, l’USAP est tombé en Pro D2 cinq ans plus tard. Certain de participer à la phase finale pour la montée, cet historique est bien parti pour retrouver l’élite.

En 2009, l’USAP décrochait le Bouclier de Brennus, pour la septième fois de son histoire et la dernière pour l’instant. La suite a été moins joyeuse pour ce club catalan… En mai 2014, c’est la stupeur pour les fidèles d’Aimé-Giral. Un drame. Le club est rétrogradé en 2ème Division. Une triste première entre 1911 et 2014 ! Seul

le Stade Toulousain a été présent dans l’élite depuis plus longtemps. Perpignan est néanmoins champion de France de Pro D2 pour la première fois de son histoire en 2018. Mais, dans la foulée, les Sang et Or redescendent à l’issue de l’exercice 2018/2019. »Perpi »est aujourd’hui toujours en Pro D2, mais reste abonné aux premières places. Avec

ses valeurs et son manager Christian Lanta veut y croire : «J’ai attaqué ma 5ème année ici. C’est un club qui fait du bon travail. Depuis longtemps l’USAP a investi dans la formation, dans les infrastructures, dans l’encadrement. La formation est commune à l’association et au secteur professionnel. Les deux domaines travaillent main dans la main en essayant d’amener le plus de joueurs possibles en équipe 1 (c’est le cas des Walcker, Roussel, Bachelier, Deghmache, Jaminet…, Ndlr).

David Marty (37 sélections, figure emblématique du club entre 2002 et 2016, aujourd’hui à la formation, Ndlr) est dans l’échange permanent. Depuis cinq ans, on structure de plus en plus la formation et la pré-formation avec les cadets, les juniors et les espoirs. La structuration de ce club se fait donc d’année en année ».

Former, le maître mot de l’USAP !

Avec un tissu économique restreint il faut forcément composer avec les moyens du bord :

« Quand on n’a pas de pétrole, on a des idées ! On travaille avec nos moyens. On est constamment soumis au risque qu’on vienne très vite nous prendre de jeunes joueurs pouvant être attirés par les grands clubs ou les promesses qu’on peut leur faire.

Après, on essaie de cultiver notre identité catalane, mais elle n’est pas suffisante. On peut juste déplorer que notre formation ne soit pas dotée de davantage de moyens. Je ne fais aucun grief aux deux présidents. C’est ainsi. On essaie de travailler dans un tissu économique plutôt faible. On veut pallier nos manques de moyens en mettant en place une qualité de formation la plus importante possible.

Nous avons fait appel à d’anciens joueurs qui ont des compétences comme David Marty, Guillaume Villaceca, Pérez. Pas mal d’anciens sont investis dans la formation. On essaie surtout de faire passer des valeurs catalanes. C’est notre manière de lutter contre plus forts que nous ».

La pandémie n’a fait qu’accentuer le processus : « De facto, on n’a pas le choix. Mais quand Perpignan était au plus haut niveau, en 2009 et 2010, la formation était déjà très développée. Les Guirado, Mas, Romain Taofifenua, Vahaamahina, sont sortis de là aussi.

Ce n’est pas nouveau. On est dans la continuité de ce qui s’est toujours fait à Perpignan. La formation est une longue tradition ici. On se bat avec nos armes par nécessité et tradition ». Les phases finales se rapprochent. On s’attend à ce que l’USAP touche (enfin) au but.

Bien placé pour jouer les play-off

L’an dernier, quand le championnat a été stoppé en raison de la crise sanitaire, les Catalans avaient toutes leurs chances (2èmes à un point de Colomiers après 23 matches). Cette saison, l’USAP colle aux basques du leader Vannes (1 point de retard à 4 journées de la fin de la saison régulière, mais surtout 17 points d’avance sur le 3ème et 34 points sur le 7ème), mais Lanta se veut prudent :

« On a fait figure de favoris. Mais, cette année, cette Pro D2 est très relevée. Comme jamais elle ne l’a été. Les six ou sept premiers sur des phases finales ou sur un match peuvent battre tout le monde. Vannes, Biarritz, Oyonnax, Colomiers, Nevers et même Grenoble après un début de saison compliqué est en train de se refaire. Les effectifs ont énormément évolué. Ils sont de qualité.

Alors, certes on a gagné pas mal de matches dernièrement, mais on déplore pas mal de blessés aussi. Cela nous met en éveil et nous alerte. Ce sera long et difficile jusqu’au bout. On a cette farouche volonté de monter en Top 14, mais si cette accession devient une obsession on a toutes les chances de la manquer ».

La recherche de la qualité dans le jeu

« Avec Patrick Arlettaz et le reste du staff, on se focalise sur la qualité de notre jeu. On ne veut vraiment pas être obsédés par cette montée car elle est tellement difficile et aléatoire. On veut arriver déjà en fin de saison en produisant notre meilleur rugby.

Cela signifie préparer nos joueurs au mieux. On va récupérer certains blessés. On a été obligés de faire le dos rond. Nous travaillons en interne, sur notre jeu et la progression de nos joueurs. Mais, à la fin, cela reste du sport. On va tout faire pour monter. Si ce n’est pas le cas, ce ne sera pas une catastrophe non plus. Cela signifierait alors que tout n’a pas été parfait.

Cependant, le club évolue. On rénove notre stade. Depuis deux ans par exemple, on a changé l’arrosage. De nouveaux écrans géants doivent arriver. On a un éclairage Led magnifique. On va avoir une nouvelle sono cet été. L’été prochain, toutes les loges seront rénovées. On passera de 800 places VIP à 1200. Pour monter à 1500, 1800 invités par match ».

Quelle que soit l’issue finale du championnat, il faudra absolument reconstruire au poste de pilier avec le départ acté de Walcker pour Castres. « C’est le lot de pas mal d’équipes comme la nôtre. On est en haut de tableau de Pro D2 et en bas de celui de Top 14…

Vous êtes alors fragile. On fait partie des clubs fragiles. Regardez les difficultés d’Agen et de Grenoble. Agen s’est totalement fait piller. Ils ont perdu 10 à 15 joueurs. Grenoble pareil, ils ont perdu 10 joueurs importants. Et puis les gros clubs qui voient ceux monter avec une certaine ambition ont pour dessein de les affaiblir rapidement, histoire de transmettre aussi le message : « qu’ils ne viennent pas nous faire ch… en Top 14 ! »

« Se reconstruire dans la continuité »

Cette année, on recommence à être attaqué et on nous prend des joueurs. C’est ce qui arrive quand vous êtes entre deux eaux. Alors que font les gros clubs ?

Ils viennent se servir. Je ferais probablement comme eux. Comme leur formation n’est pas très chère, ils font un billet de 150 000 ou 200 000 euros pour un très bon joueur. Ils viennent le chercher. Et les joueurs partent car, financièrement, vous ne pouvez pas leur offrir la même chose. Pourtant, ils ne sont pas certains de jouer en Top 14.

Quentin Walcker, cela n’a pas été un souci financier. Il voulait absolument jouer en Top 14. Mais on doit rester à Perpignan dans notre continuité. Un projet de club ne peut s’arrêter à une montée et une descente. Le résultat sportif est souvent certes fondateur, mais on ne peut pas résumer les choses qu’à cela. D’autres exemples l’attestent.

La Rochelle est monté une première fois en 2010 puis est redescendu. Quand ils étaient en Pro D2, ils ont rénové leur stade. Le LOU avec d’autres moyens plus conséquents a enchaîné les montées et les descentes. Il faut se construire dans la continuité et dans l’évolution. Le point clé, c’est bâtir. Tous les jours, on se lève avec l’espoir de monter.

Tous les jours, on s’entraîne pour se donner les moyens d’y arriver. Le sportif est une chose, mais le reste du club doit se focaliser sur le fait de donner le plus de moyens possibles au sportif pour réussir ». C’est peut-être ce que l’USAP, septuple champion de France, va réussir à faire à l’issue de la saison !

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