On l’avait quittée sur une médaille de bronze avec l’équipe de France féminine aux JO de Tokyo, on la retrouve du côté de Tours en Nationale 1 masculine. Appelée à la rescousse en décembre pour sauver le club de la relégation, Valérie Garnier a réussi son pari et elle ne le regrette pas. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
Comment avez-vous vécu votre départ après huit ans à la tête de l’équipe de France ?
Il y a eu deux phases. Au départ, j’ai ressenti l’envie de faire une véritable pause après avoir enchainé deux campagnes avec le Championnat d’Europe et les JO. Deux mois après, j’ai eu des propositions du Canada et de Galatasaray.
Le Canada a opté pour une autre piste et le directoire du club turc a refusé mon arrivée. J’ai pris alors du temps pour moi pour faire des choses que je ne faisais plus trop comme voir des amis, la famille, aller au restaurant, à des concerts. Puis j’ai été très vite rattrapée par l’envie de replonger, de retrouver l’adrénaline du coaching. J’avais une grosse envie de retourner à l’étranger.
Pourquoi cette envie ?
Ce sont toujours des expériences très intéressantes. On sort de sa zone de confort, mon expérience à Fenerbahçe a été très positive. J’aime les échanges de cultures.
Valérie Garnier est sortie de sa zone de confort
Tours était en difficulté quand les dirigeants ont fait appel à vous. Avez-vous hésité à relever le challenge ?
Non cela s’est fait très rapidement. On m’en a parlé le jeudi, ça s’est finalisé le samedi, j’ai immédiatement pris ma voiture et j’ai conduit depuis le Var pour être à l’entraînement en début de semaine et être sur le banc le week-end suivant. Tours est une ville sportive, le club avait de grosses ambitions cette saison. Quand je suis arrivée, l’équipe était 12ème sur 14. On a réussi le premier objectif le maintien en remontant à la 10ème place. On a accroché la poule intermédiaire B pour atteindre les play-offs.
Quelle a été la réaction des garçons à votre arrivée ?
J’ai reçu un accueil bienveillant de la part du club, les garçons n’étaient pas du tout réticents à l’idée d’être entraînés par une femme.
De quel manager vous inspirez-vous ?
Alain Jardel. C’est lui qui est venu me chercher dans mon village quand j’avais 17 ans. Il a inspiré la joueuse que je suis devenue. C’est grâce à lui que j’ai eu mon premier poste à Montpellier, il avait parlé de moi au directeur général. Il m’a pris comme assistante en équipe de France. Sa façon de coacher, de manager m’a beaucoup inspiré.
Est-ce plus facile d’entraîner des garçons ou des filles ?
C’est vraiment différent, les qualités sont différentes, chez les garçons ça va plus vite, plus haut, c’est plus puissant et donc le domaine défensif est important. Les équipes marquent beaucoup de points. C’est un management plus direct.
Le métier d’entraîneur a-t-il changé en dix ans ?
Oui, les jeunes générations ont des projets plus individuels qu’il y a dix ans. Il faut s’adapter.
« Le domaine défensif est important. C’est un management plus direct »
Comment jugez-vous l’évolution du basket féminin français ?
Le championnat français est l’un des plus homogènes d’Europe avec de nombreuses locomotives comme Bourges, Mirande, Valenciennes par le passé l’ASVEL aujourd’hui. Ce qui est positif, c’est que l’on a des clubs qui sont au plus haut niveau depuis de longues années, Bourges est le meilleur exemple. Je suis très heureuse que l’ASVEL ait gagné la Coupe d’Europe. Bourges l’avait gagnée par le passé et avait donné l’exemple. L’ASVEL évolue bien depuis des années tout comme le championnat français.
Avez-vous digéré votre départ de l’équipe de France à trois ans seulement des JO de Paris, à domicile ?
Oui et heureusement car cela fait un an et demi. Le président a tout à fait le droit de vouloir changer de sélectionneur.
Avez-vous des regrets par rapport aux Bleues ?
Mon plus grand regret aura été de ne jamais avoir été championne d’Europe.
Quel est votre pronostic pour le prochain Euro féminin ?
Je souhaite le meilleur au sélectionneur et au groupe de filles. J’ai pris du recul par rapport à la sélection nationale.