Le 9 décembre 2014, contre Limoges (défaite 78-63), Victor Mopsus devenait à 15 ans, 3 mois et 10 jours le plus jeune joueur à fouler un parquet de Pro A, le premier de l’histoire de la 1ère Division restant Emmanuel Schmitt entré en jeu le 14 novembre 1981 à 15 ans, 1 mois et 25 jours. Après une saison à Boulazac (2018/2019, Pro A) et une à Avignon-Pontet (2019/2020, N1), l’ancien meneur chalonnais évolue désormais à Toulouse (N1) où, à 22 ans, il continue d’étoffer son jeu, en espérant retrouver l’élite .
Cela n’a-t-il pas été trop dur de descendre de Pro A en Nationale 1 ?
J’aurais pu rester des années en Pro A voire en Pro B pour dire que j’y étais, mais pour au final jouer très peu voire pas du tout. Mon objectif était de jouer parce que le basket est ma passion et aujourd’hui mon métier.
Et, pour progresser, il faut jouer quoi qu’il arrive. Mon choix était donc logique en sachant que la Nationale 1 est d’un très bon niveau qui augmente chaque année. Pour de jeunes joueurs, c’est un très bon championnat qui permet de s’aguerrir.
Vous n’avez finalement que 22 ans. Les choses n’ont-elles pas été trop vite pour vous au début de votre carrière ?
A 15 ans, j’ai établi un record. Les gens se sont fiés à cela. Moi je n’ai rien demandé ! Je vivais ma vie tranquillement et un jour on m’a dit : « Victor, on a un blessé, il faut que tu complètes l’effectif pro. » Je l’ai fait, sauf que ça a été un record et derrière il y a eu beaucoup d’exaltation avec ce buzz.
Cela reste néanmoins une très belle expérience qui m’a rendu plus fort dans ma tête et plus fort comme joueur car il y a quand même plusieurs années qui se sont écoulées depuis. Je suis jeune, mais j’ai une expérience qui sera ancrée en moi toute ma vie et qui va m’aider pour mon évolution de carrière.
Victor Mopsus, un espoir trop précoce
Au final, ce record est-ce une fierté ou un handicap ?
Les deux. Au départ, c’est comme si on donnait son jouet préféré à un enfant et que, du jour au lendemain, on lui enlève. C’est dur de passer de la lumière à l’ombre, mais ça s’apprend. Je me suis posé beaucoup de questions, savoir si j’étais capable de revenir au haut niveau, de faire abstraction de ce qui se disait sur moi. Aujourd’hui, aux yeux des gens, je suis un talent qui n’a pas éclos.
Mais je n’ai que 22 ans, je joue en Nationale 1 où je joue beaucoup, j’ai encore des objectifs et une marge de progression. Et comme je l’ai dit, ça reste une très belle expérience car peu de joueurs ont la chance de vivre ça dans une vie.
Si c’était à refaire, préféreriez-vous ne pas avoir ce record ?
Avec des si… Je sais qui je suis et tout ce que j’ai vécu. S’il fallait le refaire, je le referai, cela fait partie de moi et de qui je suis, je referai donc exactement les mêmes choix.
Vous avez joué trois matches dans l’élite avec Chalon et autant avec Boulazac. Etesvous convaincu de rejouer un jour à ce niveau ?
J’ai confiance en moi. Je suis conscient de qui je suis en tant que joueur. L’avenir nous le dira, mais ça reste encore mon objectif.
« J’aurais pu rester des années en pro a voire en Pro B pour dire que j’y étais, mais pour au final jouer très peu voire pas du tout »
Vincent Pourchot a porté lui l’étiquette du plus grand joueur français par la taille et n’a pas retrouvé l’élite, cela ne vous fait-il pas peur ?
Vincent a eu pas mal de blessures et, mine de rien, il évolue en Pro B qui est la meilleure deuxième division en Europe. Malgré tous ses pépins, il a continué à y croire. C’est ce que je fais, je continue à croire en moi et je ne suis pas inquiet pour l’avenir. Il y a pire dans la vie que de ne pas jouer en ProA, en Pro B, en Euroligue ou en NBA ! Je n’en reste pas moins ambitieux et, à force de persévérance et de travail, j’atteindrai mes objectifs.
Vous dites même que la NBA est dans un coin de votre tête, cela veut dire que vous visez haut !
Pour avancer et progresser, il faut forcément viser haut. Je n’ai pas forcément dit que la NBA était ma priorité, il faut aussi connaître le business de la NBA qui recherche des jeunes prospects très talentueux avec un profil très spécifique dans lequel je ne rentre pas forcément. Maintenant, j’aime le basket européen et je mets l’Euroligue dans un coin de ma tête.
L’idée, est-ce d’aller en Pro B ou en Betclic Elite dès la saison prochaine ?
Ce que je veux, c’est progresser, être dans un environnement où je suis bien et les choses se feront quand elles devront se faire. Si je dois aller en Pro B la saison prochaine j’irai, sinon je resterai en N1 et je continuerai à progresser.
Espoir, objectif Betclic Elite, Mopsus ambitieux
Au fond de vous, vous n’avez pas envie d’être un espoir déçu.
Je suis conscient de qui je suis. Je n’ai jamais joué pour montrer que j’étais le plus jeune. J’ai la chance de pouvoir vivre de ma passion, de prendre du plaisir, de progresser. Vivre ce que j’ai vécu à 15 ans, avec ce record, et accepter d’être ensuite dans l’ombre après avoir été dans la lumière sans accompagnement très peu auraient continué à aimer le basket. J’ai dû trouver des ressources mentales pour continuer à avancer, ça a été très dur, mais j’ai réussi à avancer. Certains ne s’en seraient pas sortis indemnes, moi j’ai réussi et je continue mon petit bonhomme de chemin.
Vous avez certainement envie qu’on vous reconnaisse autrement et pas seulement comme le joueur qui a débuté le plus jeune en Pro A.
Le record, je l’ai et il sera toujours à moi à part si une pépite le bat et ce sera très bien pour lui. J’ai ce record et c’est déjà une fierté. Ce que les autres pensent de moi, je ne m’en soucie pas. J’ai juste envie de tout donner pour voir jusqu’où je peux aller. Je ne suis pas arrivé et si je le mérite j’irai plus haut.
Votre père qui a été coach vous a-t-il aidé dans ce cheminement ?
Oui, forcément. Il m’a beaucoup aidé et conseillé dans cette période compliquée. Il m’a conseillé sans me dire quoi faire. Je lui en suis reconnaissant car j’ai pu faire mes propres choix.
Victor Mopsus a d’autres projets en dehors du basket
Vous avez lancé une appli « My Personal Program » tous les deux.
Elle est encore en développement. Elle permettra à des joueurs qui n’ont pas forcément les moyens ou qui ne veulent pas se déplacer dans une structure de camp de pouvoir travailler l’été ou à n’importe quel moment de l’année de n’importe où via leur téléphone avec un contenu basket et des coachs et des joueurs de haut niveau. C’est très personnalisé.
Où en êtes-vous de votre groupe de musique ?
(sourire) C’est encore d’actualité, il faut juste trouver le temps pour faire les choses de façon pro, pour aller en studio. Le groupe s’appelle toujours BFAM (« brother from another mother », « frère d’une autre mère » en français, Ndlr) avec mon coéquipier Lucas Kouyaté. On s’est connu à Chalon quand on avait 14 ans.
On a passé toute notre adolescence ensemble. Quand il m’a dit qu’il passait pro à Toulouse, j’étais pratiquement sûr de resigner à Avignon. Ça ne s’est pas fait et j’ai signé à Toulouse.
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