L’entraîneur américain du Paris Basketball, Will Weaver, natif du Texas, évoque son expérience en France. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.
Pouvez-vous revenir sur votre arrivée au Paris Basketball ?
J’ai eu écho que David Kahn, par l’intermédiaire de collègues à Houston, était à la recherche de quelqu’un avec un background cherchant à travailler avec de jeunes joueurs NBA extrêmement ambitieux comme Begarin, Kamagate… Et comme, en famille, on a aussi toujours trouvé très intéressant de découvrir différentes parties du monde, tout était réuni !
Pourquoi avoir fait ce choix alors que vous auriez pu continuer à travailler en NBA ?
L’opportunité de vivre et de travailler à Paris a été l’option la plus forte. Il y a peu de projets similaires. Je voulais surtout profiter d’une opportunité où j’allais apprendre le plus. Dans ma carrière, l’apprentissage a toujours été au centre de ma réflexion, avec l’objectif de devenir le meilleur possible.
Vous êtes plutôt un adepte du jeu rapide avec une certaine intensité défensive. Mais au-delà de cela, quelle est votre conception du basket ?
La question toujours centrale est comment le jeu devrait être pratiqué. J’ai une vision très collective du sport. J’aime apprendre et m’inspirer des meilleures équipes comme le PSG et d’autres dans différents sports. Il faut en permanence s’assurer que son équipe est organisée de manière telle à ce que les forces des joueurs ressortent le plus et les faiblesses minimisées le plus possible. J’apprécie ce type de coaching quand les décisions sont davantage entre les mains des joueurs plutôt que de contrôler les actions comme dans un jeu vidéo.
Quelle touche américaine apportez-vous au Paris Basketball ?
Cette touche n’est pas qu’américaine. J’ai appris de beaucoup de coachs différents, de joueurs différents à travers le monde, de l’équipe nationale australienne pendant des années et ailleurs (Weaver a été assistant coach en NBA, head coach en NBL, coach de l’année en 2019 en G-League, Ndlr).
Mais bien entendu j’ai passé aussi beaucoup de temps aux Etats-Unis à coacher en lycée et université. Par mes expériences, je suis probablement bien moins Américain que d’autres en fonction de mes différentes influences. Une des parties les plus passionnantes du travail cette saison a été d’ajuster en France et à Paris ce qui avait bien fonctionné à Brooklyn, à Sydney et ailleurs.
« Quand Paris perd, ça fait plaisir à certains… »
Comment vous êtes-vous adapté à ce basket européen ?
En NBA, le style est très spécifique avec moins de shoots et un caractère athlétique très prononcé. J’ai fait en sorte de tirer partie de ces spécificités respectives pour les faire adapter au mieux.
Vous avez dû patienter pour prendre pleinement en main l’équipe du Paris Basketball en raison d’un problème d’équivalence à vos diplômes. Comment avez-vous gérer cette attente ?
Cela n’a pas été simple. Ne pas pouvoir remplir mon rôle totalement a été assez dur à vivre, surtout qu’on a perdu nos premiers matches (Bourg, Nanterre, Blois, Limoges, Monaco, Ndlr). Sans ces premières défaites, on serait encore mieux en championnat. Mais je suis reconnaissant d’avoir cette chance de coacher en France.
Quel regard portez-vous sur les résultats actuels du Paris Basketball ?
Je suis excité à cette idée que le club pourrait se qualifier pour une première fois de son histoire à des play-offs de Betclic Elite. En dépit de certaines blessures, je suis fier de la manière dont les gars ont persévéré.
Les play-offs sont donc un objectif à atteindre pour le Paris Basketball ?
Ça l’est. Mais le staff et les joueurs m’ont rapporté qu’il existait une petite forme de plaisir dans le pays et en championnat quand on perdait… (sic) Car nous sommes Paris, car nous jouons de manière différente, peut-être aussi parce que je suis Américain et que le propriétaire l’est également (sourire).
Il y a quelque temps, certains pouvaient penser que nous serions relégués, que le style de jeu n’était pas adapté, que les joueurs n’étaient pas assez forts, que l’équipe était trop jeune. Bref, nous sommes les vilains pour pas mal de gens (sourire). On a intégré cela. Mais on travaille dur pour démontrer à ceux qui ont ce mode de pensée qu’ils sont dans le faux.
Quelles sont vos intentions pour la suite ? Avez-vous envie de rester dans la perspective de la future Adidas Arena ?
C’est tellement excitant pour le club comme projet que d’avoir une des plus belles salles en France, voire en Europe et d’être pleinement ancré dans cet esprit olympique, expérience que j’ai eu la chance de vivre aussi. Je suis excité de voir cela à Paris. Paris est une ville qui mérite d’avoir une grande équipe de basket qui la représente. Nous nous battons pour cela.
Quel est votre plus grand rêve à atteindre en tant que coach du Paris Basketball ?
Cela peut sembler minimaliste, mais encore et toujours d’aider les joueurs. J’espère que dans dix ans ils auront eu la carrière qu’ils espéraient. On pourra partager un moment d’affection ensemble comme j’ai pu le ressentir avec Joel Embiid, Kevin Durant, Jerami Grant, avec lesquels j’ai travaillé quand ils étaient jeunes. Cela signifie beaucoup de choses car on partage énormément au départ de leur carrière.
Donc pas celui de devenir champion de France avec le Paris Basketball ?
Cela pourrait être sympa aussi…