samedi 20 avril 2024

Williams Narace (Le Mans) : « On m’a menti, en me disant que j’allais faire des training Camps »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

All Star pour la première fois, le Franco-camerounais Williams Narace (25 ans) ne cesse de gravir les échelons pour sa troisième saison au Mans. Entretien réalisé pour France Basket et Le Quotidien du Sport.

Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un palier cette saison ?

C’est ma troisième année au club. J’ai plus de responsabilités. J’essaie d’être à la hauteur et de tirer mon équipe vers le haut. Mais je reste toujours dans mon style de jeu. J’essaie de rester propre, de ne pas faire des choses extraordinaires.

Plutôt défenseur et rebondeur, vous montrez que vous pouvez aussi scorer !

Défenseur, c’est l’étiquette qu’on m’a donnée, ça fait partie de mes points forts, mais sur le terrain je ne fais pas que ça, je peux apporter dans tous les domaines, que ce soit dans l’impact, la défense, le rebond, le scoring. Je sais très bien ce que je peux faire et je n’ai pas attendu cette saison pour savoir que je pouvais scorer. Simplement, mes coéquipiers me recherchent davantage, je suis plus dominant.

Médiatiquement, on parle sans doute moins de vous que d’autres joueurs. Comment le vivez-vous ?

Ça ne me dérange pas, ça me va même très bien, je ne suis pas quelqu’un qui aime attirer les regards. Ce n’est pas un manque d’ambition car mes ambitions c’est entre moi et moi (sic). Si j’en suis arrivé là, c’est à force de beaucoup de travail et d’abnégation. Je reste positif car il y a encore des choses à aller chercher.

Comment avez-vous vécu votre premier All Star Game ?

C’est une belle expérience. Vu mon parcours, c’est gratifiant d’en avoir été.

Vous y avez côtoyé le phénomène Wembanyama. Ça fait quoi ?

C’est impressionnant ! C’est du jamais vu en France. Ce qu’il fait, sa façon de se déplacer, c’est quelque chose. Il est très fort. En plus, mentalement, il a progressé. Ça va lui servir pour la suite de sa carrière.

Vous faisiez partie de la sélection française, mais vous auriez également pu faire partie de l’équipe monde en tant que Camerounais.

Je suis Franco-camerounais. J’ai la double nationalité. Je suis fier de mes origines camerounaises et d’être dans un pays comme la France. Je suis fier de ma double nationalité !

« On attend toujours que Tarpey nous paie le resto… »

Avez-vous hésité entre les deux sélections ?

J’ai choisi de défendre les couleurs du Cameroun. Ça a été un choix clair, celui du cœur. Ma mère est de là-bas et c’était important pour moi même si ces dernières années c’est compliqué au niveau des résultats. On a un vivier de joueurs qui est pas mal, mais il faut qu’un travail plus profond soit entrepris. Ce n’est pas juste en changeant les coachs que les résultats vont tomber.

Deux joueurs camerounais évoluent en NBA, Siakam et Koloko, c’est dommage qu’ils ne jouent pas pour le Cameroun…

… On pourrait même en citer un troisième, Embiid ! C’est sûr que ce serait un plus d’avoir de tels joueurs en sélection. C’est galvanisant et ça montre de l’espoir aux jeunes. Après, ce sont leurs choix.

La France et les Etats-Unis se battent pour que Joel Embiid, qui a les deux nationalités, choisisse leur sélection…

Il a grandi au Cameroun ! Ce serait fort de voir un tel joueur avec la sélection camerounaise. Mais comme je l’ai dit pour les autres joueurs, c’est son choix et je ne me permettrais pas de juger même si certains peuvent être déçus. Il ne faut pas que les ancêtres soient trop fâchés contre lui ! (rires)

William Narace ne se fixe aucun objectif

A contrario, l’Américain Paris Lee défend désormais les couleurs du Cameroun. Comprenez-vous que ça puisse choquer ?

Oui je comprends étant donné qu’il n’a pas vraiment d’ancrage avec le Cameroun, qu’il n’y a jamais vécu et qu’il en porte désormais le maillot. Mais ce genre de chose arrive dans d’autres équipes. Ce sont des décisions au-dessus de nous. Après, s’il a envie de jouer pour le Cameroun, on ne va pas dire non ! C’est toujours un plus d’avoir de tels joueurs.

Comment voyez-vous la suite de votre carrière, de quoi rêvez-vous ?

J’ai envie d’aller le plus loin possible, je ne me fixe pas de limites.

La NBA fait-elle partie de vos rêves ?

C’est le rêve de tout joueur ! Certains m’ont donné de faux espoirs, des agents m’ont dit que j’allais faire des training camps, mais c’étaient des mensonges, je me suis retrouvé le jour j sans nouvelles.

Vous avez signé au Mans jusqu’en 2024, mais avec votre belle saison n’est-ce pas le bon moment pour aller voir plus haut ?

Les stats personnelles, c’est bien, mais aller loin avec son équipe c’est tout aussi jouissif. L’objectif est d’abord d’aller le plus loin possible avec Le Mans, de se qualifier pour les play-offs et d’aller chercher une place tout là haut (sic). A ce moment-là, je pourrais peut-être dire que j’ai fait le tour, mais pour l’instant non car la saison dernière on n’a pas fait les play-offs et celle d’avant on s’est fait sortir au 1er tour.

Franchir un palier ne passe-t-il pas obligatoirement par partir à l’étranger ?

C’est une option comme de jouer dans un top club rançais ou remporter le championnat avec le MSB qui peuvent aussi permettre de franchir un palier. Partir à l’étranger pour partir à l’étranger, ça n’a pas d’intérêt.

Le Mans dans les pattes de Wembanyama

Aller chercher une place tout là haut, est-ce à dire que vous croyez au titre malgré les mastodontes Monaco et Villeurbanne, et le Boulogne-Levallois de Wembanyama ?

Ce serait l’objectif ! C’est faisable. Ce ne sont pas des extraterrestres. Ils ont deux pieds et deux mains comme nous ! On a déjà vu des équipes qui n’étaient pas attendues finir championnes de France, ce qui était d’ailleurs le cas du Mans en 2018. Pourquoi pas le faire de nouveau ?

Cette saison, Terry Tarpey a été longtemps absent. Avec ou sans lui, ce n’est pas la même équipe du Mans.

Il n’y a pas beaucoup de joueurs dans le championnat de France qui ont son apport et son leadership. Tarpey est hyper important au Mans. Il nous apporte énormément dans beaucoup de domaines. Son retour nous a fait plaisir. Quand il revient, on le voit, on gagne les trois matches qui suivent !

Après son été en équipe de France, il est devenu le chouchou des Français. L’avez-vous chambré ?

C’est clair ! Il a gagné le cœur de beaucoup de Français par son énergie et son humilité. Il est très humble et très travailleur. Beaucoup se sont retrouvés dans ces valeurs-là ce qui explique qu’il ait été le chouchou du public. Par contre, on attend toujours qu’il nous paye le resto ! (rires)

Quels sont aujourd’hui vos axes de progression ?

Il faut que je gagne en régularité, notamment sur mon adresse -, sur la lecture de jeu, sur le leadership, sur la concentration, sur les pertes de balles.

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