vendredi 21 mars 2025

Benjamin Gufflet (Dax et Châteauroux) : « Il y a un caractère émotionnel dans mes investissements »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Goupre Entreprendre

Président depuis le 29 juin de l’US Dax après l’avoir été 54 jours du Biarritz Olympique en 2018, Benjamin Gufflet l’entrepreneur français de 44 ans est un passionné de sport qui va reprendre le club de foot de Châteauroux. Entretien pour Rugby magazine et Le Quotidien Du Sport.

Comment vous êtes-vous retrouvé président de Dax ?

J’avais une expérience dans le rugby professionnel pendant trois ans en tant qu’actionnaire dirigeant et président au Biarritz Olympique de 2015 à 2018. Ça s’était mal terminé avec des gens avec qui je ne souhaitais plus travailler. J’avais à cœur de revenir dans un projet beaucoup plus sain. J’ai eu cette opportunité à Dax parce que je connaissais de l’époque de Biarritz l’ancien joueur Benoît August qui était alors entraîneur et qui est parti à Dax à la direction générale. Il m’a parlé du projet de développement de l’US Dax. J’ai donné mon accord début avril pour m’engager financièrement et prendre la direction le 29 juin.

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Qu’est-ce qui vous pousse à investir dans le rugby ?

Je suis dans les médias, dans l’immobilier, dans la production cinématographique, cinéma, docus, séries j’ai deux ou trois projets notamment autour du surf, du football et potentiellement du rugby, je suis passionné de sport depuis toujours. De tous les sports, mais surtout de foot et de rugby. C’est un milieu que je connais très bien où j’ai mes réseaux, où je peux allier ma passion et mes activités professionnelles. C’est aussi un monde à part qui permet d’avoir des challenges. J’adore ça ! C’est une adrénaline qui est très stimulante.

Mettez-vous personnellement de l’argent ?

Il y a un investissement personnel financier comme quand j’étais à Biarritz. Mais je suis accompagné toujours de partenaires parce qu’il faut être plusieurs dans ces aventures-là. Ce sont souvent des partenaires locaux parce que moi j’aime que le tissu local soit représentatif au niveau du club et que l’erreur qui a été faite dans le sport en règle générale c’est de s’être coupé de ce socle qui est le seul moyen de faire perdurer les clubs dans un écosystème sain et équilibré. J’ai aussi des partenaires nationaux, des chefs d’entreprises passionnés, des personnes brillantes qui me font confiance.

Benjamin Gufflet ne veut pas se précipiter en Top 14

Entre 2018, la fin au BO, et Dax, y a-t-il eu des possibilités dans d’autres clubs ?

Il y a eu des possibilités dans le rugby, dans le foot, dans différentes régions. J’aime investir dans des endroits où il y a un caractère émotionnel. Biarritz de par mes origines basques. Les Landes par la proximité. C’est une terre où j’ai travaillé, une terre d’accueil formidable. Châteauroux, dernièrement. Je suis originaire de là-bas du côté de ma maman.

Aujourd’hui, président est-ce devenu un métier et comprenez-vous que ça puisse choquer de passer de Biarritz à Dax ?

A Biarritz, j’étais bénévole et à Dax je le suis aussi. Ce n’est pas mon métier. C’est vraiment l’amour du sport et des projets qui me dictent ces choix-là. Si c’était pour le côté financier, je ferais autre chose et heureusement que j’ai d’autres activités qui me permettent d’en vivre et de pouvoir investir justement dans le sport. Pour certains profils, ça devient aujourd’hui un job. Il y a ce qu’on appelle des présidents salariés. Il y en a et dans pleins de clubs. Mais ce n’est pas le cas pour moi.

D’autres clubs vous intéressent-ils ?

J’ai créé un fonds d’investissement (Stratton Oakmont Sports, Ndlr). J’ai aussi investi dans d’autres clubs sur des participations minoritaires. Il n’y a pas que Dax, Châteauroux et Biarritz. Il y a des possibilités de diversification. J’ai un rôle très opérationnel à Dax. A Châteauroux, il sera beaucoup plus stratégique.

Il y a des passerelles stratégiques intéressantes entre les clubs sur de la mutualisation de coûts, sur un déploiement des partenaires. J’essaie de créer une pieuvre vertueuse, stratégique et intelligente. Il y a d’autres sports qui sont à l’étude même dans d’autres pays. Aujourd’hui, il y a plein de fonds d’investissements, on n’est pas les seuls.

La diversification n’a pas tout le temps atteint l’objectif prévu et s’est parfois transformée en échec. Il faut faire attention à ce qu’on fait et être prudent. Ce sont quand même des investissements mesurés sur des budgets mesurés. Il n’y a pas d’extravagance. On n’est pas obligé d’avoir de gros budgets pour être compétitif.

Aujourd’hui, seuls les clubs qui ont de vrais modèles économiques, de rentabilité, qui atteignent l’équilibre vont s’en sortir. Il y a une spéculation dans le sport très importante qui est très dangereuse. A chaque passage devant la DNCG en foot ou rugby, des clubs historiques, les uns après les autres, en font les frais.

« Je crois beaucoup au modèle des socios »

Dax est un club historique. L’ambition estelle de le faire remonter en Top 14 ?

Le Top 14, c’est de l’utopie aujourd’hui. Ne sont invités que des clubs avec des énormes budgets. De plus en plus de grandes villes l’ont rejoint. Ça devient déjà compliqué pour des clubs qui sont bien mieux armés que nous. Les trois objectifs principaux de l’US Dax, c’est développer les infrastructures qui étaient assez en retard et c’est ce qu’on a fait ces derniers mois et on continuera à le faire.

C’est aussi rendre le club à l’équilibre et se maintenir sportivement en Pro D2 du moins cette saison et après bien évidemment être compétitif dans cette division-là. Il y a des étapes. Ça ne sert à rien d’annoncer des choses qui seront difficilement tenables. Développer les infrastructures, maintenir le club en Pro D2 en maintenant l’équilibre financier, c’est plus que de l’ambition, c’est déjà magnifique ! C’est déjà dur. Si je vous parlais de Top 14, les gens me prendraient pour un allumé (sic).

Le Top 14 est de plus en plus fermé. C’est compliqué d’y monter, c’est compliqué d’y rester, il faut énormément d’argent donc c’est prendre énormément de risques. Ce n’est pas la bonne vision des choses. Dax est un club formateur qui a l’ambition d’exister en Pro D2. On espère rejouer les phases finales et quand vous jouez les phases finales vous avez toujours l’ambition de monter.

Beaucoup de propriétaires, de présidents annoncent le Top 14, la Ligue des Champions… 90% de ces gens-là ne sont plus dans le sport. Je préfère un discours en bon père de famille. En quatre mois, on a développé les hospitalités puisqu’aujourd’hui sans hospitalité vous ne pouvez pas avoir de modèle économique.

On a créé une quinzaine de loges plus des salons. Nous avons des projets pour moderniser le stade. On a une nouvelle tribune, une tribune réceptive, derrière l’en-but, avec cinq loges de plus, un salon de 300 m2. Une tribune a été refaite il y a deux ans. Par contre, la tribune principale est vieillotte. On travaille sur un projet qui va nous permettre de développer des espaces de vie pour les joueurs, avec une salle de cryo, une salle de soins, une salle de musculation. Le club en a besoin pour grandir.

Les socios vont-ils envahir le rugby ?

Vous misez également sur les socios.

Je crois beaucoup au modèle des socios au même titre que je crois beaucoup au modèle d’avoir une base très locale ; le sport terroir. Si vous ne rassemblez pas toutes les forces vives autour d’un club, c’est très compliqué d’y arriver. On le voit avec tous ces fonds d’investissement. Ils viennent injecter beaucoup de capitaux, mais ils oublient trop souvent qu’un club appartient à tout le monde, aux supporteurs, aux bénévoles, aux partenaires, à la ville, aux joueurs, aux actionnaires.

Les socios sont très importants dans l’ADN du club. A Dax, on a relancé ça, comme le fond de dotation. On est en train de mettre en place un mur des socios dans l’enceinte du stade. Beaucoup d’opérations sont prévues. Il faut rassembler au maximum pour y arriver.

On a souvent parlé d’une fusion avec Mont-de-Marsan. Quelle est votre position sur le sujet ?

C’est un serpent de mer. Les clubs malgré tout peuvent continuer à exister et c’est très bien, ce sont des clubs historiques. L’année prochaine, ce sont les 120 ans du club de Dax. Il ne faut pas oublier toute cette histoire et toutes les générations qui ont traversé l’histoire du club. Les fusions, si elles doivent éteindre toute cette histoire, ce n’est pas bien.

Maintenant, il y avait un projet de créer une équipe Une qui représenterait le département, une province landaise. Si demain un tel projet voit le jour, validé par les deux écosystèmes des clubs, peut-être que ça pourrait exister. Mais aujourd’hui il n’y a pas de discussions en ce sens. Les deux clubs vivent leur vie. On l’a vu lors du dernier derby avec beaucoup de respect. Nos relations sont très bonnes avec le Stade Montois. C’est intéressant pour le département d’avoir encore deux clubs.

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