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Clarisse Crémer (11ème du Vendée Globe) : « On a tout fait pour que je n’y sois pas »

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Si la skippeuse, Clarisse Crémer n’a pas connu la préparation idéale, elle a fait preuve d’une grande résilience pour aller au bout de son 2ème Vendée Globe. 

Comment jugez-vous votre 11ème place ?

Je suis hyper fière. J’éprouve un grand sentiment d’accomplissement. Le chiffre 11, on s’en fiche un petit peu. C’est surtout la manière dont j’ai navigué. J’ai suivi une préparation assez chaotique (sic) entre ces deux Vendée Globe. Il existait beaucoup de raisons pour lesquelles je retournais faire le Vendée notamment pour faire plus de perf, mais je n’ai pas fait la préparation imaginée.

Par contre, en mer, j’ai énormément progressé mentalement par rapport à la dernière fois. Cette 11ème place est représentative de l’engagement que j’ai mis dans cette course. Certes, on peut toujours faire mieux, mais j’ai eu très peu de regrets. Il y a eu des moments charnières en particulier avec une casse très cruciale subie au sud de la Tasmanie. J’ai alors manqué le groupe de devant. J’ai dû arrêter de cravacher dans un front pour réparer. Je n’ai pas beaucoup dit dans ma vie que j’étais fière de moi. Là, c’est le cas. Je n’ai rien lâché. J’ai vécu un Vendée Globe mille fois plus serein que la dernière fois.

Clarisse Crémer « a progressé en navigation »

Qu’avez-vous le plus appris pendant la course ? 

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J’ai progressé. Pas autant que je l’aurais voulu en termes de navigation. Cependant, je n’ai pas fait tout ce que j’aurais voulu dans ma préparation. L’édition précédente, j’avais vécu un Vendée Globe génial, mais cela avait été difficile dans ma tête émotionnellement. Il y avait eu pas mal de moments où j’avais mis le pied sur le frein pour maximiser mes chances de terminer. Cette fois-ci, j’étais davantage en mode tension de régate. 

Il y a quatre ans, vous aviez signé la meilleure performance féminine de l’histoire en bouclant le Vendée en 87 jours. Vous sentiez-vous davantage attendue ? 

Non pas du tout. Il y a tellement eu d’univers parallèles qui auraient pu faire que je ne serais pas au départ de ce Vendée Globe (sic). Il faut quand même remettre les choses en perspective. J’ai eu un enfant. Je me suis fait jarreter (sic) de mon équipe (Banque Populaire, Ndlr). On m’a malhonnêtement accusée de triche. On a vraiment tout fait pour que je n’y sois pas. Donc, la pression de performance pure n’était pas trop le sujet dans ma tête.

Une panne d’ordinateur au milieu du Pacifique

Quel a été votre plus gros coup dur pendant ce Vendée Globe ?

J’ai notamment connu une panne d’ordinateur. J’étais au milieu du Pacifique. L’avantage est que le bateau continuait à avancer. En termes de performance, cela aurait pu constituer un gros tournant si je n’étais pas arrivée à récupérer mon PC. Pendant 48 heures, je n’avais plus d’ordinateur de bord. Cela changeait vraiment ma manière de naviguer et le choix de ma stratégie. Cela m’a pris du temps pour réparer. J’avais de la tension quant à savoir si cela allait tenir ou non. Sinon ma fin de course aurait pu être très différente. 

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Vous avez aussi eu à un moment donné des hallucinations….

(rires) Je me suis mise dans un délire de régate assez intense. C’était super chouette d’avoir des concurrents proches. Quand on réagit ainsi, peut-être que parfois on pousse un peu trop loin par rapport à ses capacités physiques. Je ne me suis pas assez reposée. J’ai donc eu des petites hallucinations. Cela restait léger par rapport à ce que j’ai pu connaître sur des plus petits bateaux où on va encore plus loin par rapport à ce qu’on demande à notre cerveau.

Cette intensité sur ce Vendée Globe m’a vraiment marquée. Surtout sur la remontée de l’Atlantique. Le rythme était ultra intense. Ce manque de sommeil, je l’ai un peu payé. Je n’ai pas super bien navigué dans la dépression. Je me suis bloquée le dos et j’ai eu un coup de mou. 

Et comment vit-on la compétition quand son compagnon (Tanguy le Turquais, 17ème) est lui-même en mer ? 

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On avait deux projets très différents et en termes de vitesse aussi. Lui avait un bateau de la génération 2008. Moi de la génération 2020. C’était son premier Vendée Globe. Moi le second. De ce point de vue, on n’était pas vraiment concurrents directs. Et quand il y a 40 concurrents, il y a suffisamment de monde pour se concentrer sur les autres. Le Vendée Globe reste aussi une course où on est d’abord concentré sur soi. 

Comment avez-vous géré le manque de votre petite fille ? 

Le fait qu’on soit tous les deux partis a généré qu’elle ne nous a pas vus pendant plusieurs semaines. Cela rajoute un peu de culpabilité. Heureusement, on était super bien accompagnés par ma belle-sœur. La grosse angoisse que j’avais véritablement est que, s’il lui arrivait quelque chose, aucun de ses parents n’était avec elle. On sait que dans les mers du sud, on peut mettre beaucoup de temps à rentrer.

Un 3ème Vendée Globe en projet

Envisagez-vous de participer dans quatre ans à votre 3ème Vendée Globe ?

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J’ai envie de faire les choses différemment. A cette époque, je m’étais retrouvée très vite tête baissée dans un nouveau projet avec des péripéties, du stress et de la pression. Alors que je n’avais même pas eu le temps de relire mon premier Vendée Globe et de dire merci. J’ai eu la chance de faire deux Vendée Globe. Pourtant, on fait comme si c’était normal d’enchaîner les éditions.

Désormais, j’ai plus envie de poser le côté extraordinaire de la chose et de prendre le temps même si ce n’est pas forcément bon pour le business. Je sors de quatre années très intenses pour le meilleur et pour le pire. Des années un peu particulières. Le Vendée Globe est quelque chose d’extraordinaire, mais je ne suis pas du tout sûre de faire le prochain. J’ai envie de refaire de la course au large, mais je ne sais pas complètement sous quelle forme. J’ai besoin de ce temps pour réfléchir. 

Que vous inspire Violette Dorange ?

C’est déjà une super fille. Elle a beaucoup de mérite. C’est une super navigatrice. Ce qui lui arrive dépasse un peu sa propre personne. C’est aussi le fonctionnement actuel de nos réseaux sociaux et de nos médias. C’est la première fois qu’un navigateur fait ses réseaux sociaux avec de vrais codes de réseaux sociaux. Avec cette façon particulière de partager des vidéos, de collaborer avec des médias. Violette a 23 ans.

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Elle est la plus jeune donc cela parle à tout le monde. Elle raconte bien. Les médias savent maintenant que faire une vidéo sur Violette ça fait un million de vues. Cela n’enlève absolument en rien à son mérite. C’est juste qu’il y a une petite démesure par rapport à toutes les histoires existantes dans le Vendée Globe. Elle n’est pas la seule à avoir fait un beau Vendée Globe. Après, cela va ouvrir plein de portes à Violette. Son aura rejaillit aussi sur tout le Vendée Globe.



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