
Néophyte dans le Vendée Globe, le Vannetais, Nicolas Lunven vainqueur deux fois de la Solitaire du Figaro (2009 et 2017), a accroché une belle 6ème place.
Pour votre première participation, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
Pas énormément de choses dans la mesure où j’avais déjà participé à des tours du monde en équipage. J’étais donc allé dans ces mers-là. Je savais un peu à quoi m’attendre. L’IMOCA, je commence à connaître aussi un peu. J’ai beaucoup navigué en équipage sur ce style de bateau.
Le solitaire en soi, je n’en ai pas fait beaucoup sur IMOCA, mais pas mal sur d’autres bateaux notamment en Figaro. Finalement, j’avais pas mal d’ingrédients de la recette. Néanmoins, cela reste un exercice très particulier. Je n’ai pas connu de grosses, grosses galères. Chaque concurrent a son lot de petites galères. Dans ces moments-là, je me suis surpris parfois à rester philosophe. Je restais positif.
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Nicolas Lunven, une première participation prometteuse
En quoi le Vendée Globe reste une course à part ?
Déjà car on est seul évidemment. Cela tient aussi à la longueur. Lors de la dernière semaine de navigation, on a connu, pour notre groupe de bateaux, des conditions météo vraiment très difficiles. Se retrouver en Atlantique nord en janvier, ce n’est pas terrible ! Il y avait beaucoup de vent, beaucoups de mer. Le bateau après 70, 75 jours de mer commence alors à fatiguer. A la fin, j’ai cassé des pièces par usure du matériel.
Il est temps que cela se termine car on voit son bateau souffrir. Nous aussi sommes fatigués. Je me souviens très bien de ces quelques jours avant l’arrivée dans du vent très fort soufflant jusqu’à plus de 45 nœuds avec une mer démontée. Le bateau tapait. Je me suis dit à un moment le mât va se plier en deux ou la coque va se fissurer. Abandonner serait tellement triste et dommage pour le projet, pour mon équipe, pour mes partenaires.
Quel sentiment vous anime après votre 6ème place ?
J’aurais au fond de moi aimé faire un tout petit peu mieux. Je me dis que la 4ème place était à ma portée. La 5ème encore un peu plus. De l’autre côté, avec tous les partenaires du projet, on avait vraiment tous à cœur de finir ce Vendée Globe. PRB a pris le départ de tous les Vendée Globe. Il en a gagné deux (en 2001 et 2005, Ndlr). En 2008, 2012, 2016 et 2020, PRB qui prenait le départ du Vendée Globe, a été obligé d’abandonner. L’équipe et moi-même avions vraiment conscience que c’était très important de finir.
A titre personnel, j’ai connu une préparation très tardive. PRB a fait appel à mes services assez tardivement pour préparer ce Vendée Globe. J’ai eu un an de préparation. C’est très peu par rapport à mes concurrents directs. Je me disais bien que j’allais avoir du mal à jouer les premiers rôles face à des projets travaillés depuis plusieurs années. J’avais à cœur de finir. Je suis déjà très satisfait de cela. C’était notre objectif principal. J’ai le sentiment de rendre une copie propre. Je prends cette 6ème place avec grand plaisir. Beaucoup derrière moi aimeraient être à ma place. Je ne me plains pas.
Que vous a-t-il manqué pour finir 4ème ?
Pas mal de choses. Peut-être un peu de préparation, de la maturité dans ma préparation, de la confiance en moi sur le bateau. J’avais je le rappelle assez peu navigué sur ce bateau avant le départ. Cela s’est peut-être traduit aussi dans ma manière de naviguer, dans ma prise de risques. Cette absence de prise de risques à un moment donné avait elle-aussi une raison. Il y a eu des choix de faits davantage dans la sagesse. Cependant, je n’ai aucun regret.
« J’ai eu un an de préparation. C’est très peu par rapport à mes concurrents directs »
Pourtant, vous avez battu le record de distance parcourue en 24 heures. Cela a changé quoi dans le déroulement de votre course ?
Pas grand-chose. Je me suis retrouvé dans les bonnes conditions météo. Je n’ai pas eu le sentiment de pousser plus que cela mon bateau. J’ai montré à mes concurrents que j’étais là. Néanmoins ce record m’a presque mis en garde. Je me suis dit : « Fais attention, tu n’es pas là pour battre le record des 24 heures justement, mais pour faire une course de 75 jours ! » Donc je ne voulais pas tout casser en 24 heures. Il fallait que cela tienne deux mois et demi. Cela a été davantage un rappel à l’ordre.
Quelle a été votre plus grosse galère pendant ce Vendée Globe ?
Quand la tête de mât du bateau s’est arrachée. J’ai alors perdu toutes les antennes qui sont en tête de mât. En particulier les aériens, les capteurs électroniques de vent, mesurant sa force et sa direction. Cela aide au pilotage automatique, à régler les voiles, à prendre des décisions stratégiques. Je suis monté au mât pour essayer de réparer. Malheureusement, arrivé là-haut, je me suis vite rendu compte qu’il n’y avait rien à faire.
J’avais bien des aériens de secours. Toutefois la solution n’était pas optimale. Il a fallu bricoler, rallonger les fils, refaire des branchements. J’ai fait de la soudure pour pouvoir installer un aérien en bas au niveau du pont. Du coup, il a été moins efficace que s’il avait été en haut.
Quel sera votre objectif sur le prochain Vendée Globe ?
Si j’ai la possibilité de refaire le Vendée Globe, ce serait de faire mieux que cette 6ème place. Donc de viser un podium ou même une victoire.
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