
Pour son premier Vendée Globe, Yoann Richomme a montré sa science de la navigation avec une belle 2ème place. Le marin breton revient sur son duel avec Charlie Dalin qui l’a devancé d’un jour.
Avec le recul, êtes-vous satisfait d’avoir terminé 2ème ou déçu d’avoir raté la victoire ?
Je suis super satisfait. Il n’y a aucun doute là-dessus. En plus, je l’ai fini en bonne condition. On a livré un beau match. On a monté un beau projet avec l’équipe, on a fait un très beau résultat.
En tant que bizuth de la course, quel était votre objectif au départ ?
C'était à minima le Top 5. Je restais sur de bons résultats qui pouvaient me laisser espérer faire un podium. Je suis heureux avec cette 2ème place d’avoir confirmé et valorisé le travail de toute une équipe après deux années de préparation, la tête dans le guidon.
J’ai l’impression d’avoir bien fini une mission. Je suis libéré mentalement et je peux désormais profiter de ma famille. Etonnamment, elle ne m’a pas manqué sur la durée, j’imaginais que ce serait plus dur. En fait, j’avais la tête en ébullition et je devais penser à tellement de choses que je ne pensais pas vraiment aux choses extérieures.
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Yoann Richomme n'a aucun regret
Où s’est jouée la course selon vous ?
La course s’est jouée au Brésil je pense. La météo n’était pas top, j’étais coincé, il a contourné plein Est, moi j’ai dû me positionner nord-est. J’ai résisté aux conditions difficiles, mais j’ai perdu du temps alors qu’on était ensemble auparavant.
Pour votre première participation, qu’est-ce qui vous a surpris le plus ?
Rien en particulier. Même si je découvrais la course, on avait bien étudié notre affaire. Je me demandais comment j’allais gérer la durée de la course, mais ça ne m’a pas trop dérangé au final, ce sont des contrées où l’on va souvent, c’est passé assez vite je trouve.
Quand on est très expérimenté ressent-on, quand même, de la pression quand on dispute pour la première fois une course aussi prestigieuse que le Vendée Globe ?
Non, je n’avais pas de pression. J’ai l’habitude depuis une dizaine d’années de disputer des courses à enjeux, de faire des traversées de l’Atlantique, de souffrir physiquement. Et je ne suis pas un garçon qui se met une grosse pression à la base. Je travaille avec une préparatrice mentale pour être serein, la pression de la course ne me dérange pas.
« Je restais sur de bons résultats qui pouvaient me laisser espérer faire un podium
Quelle leçon tirez-vous de votre premier Vendée Globe ?
Je trouve que l’on a assisté à une course rapide, l’adversité était importante. J’ai beaucoup souffert mentalement dans la descente de l’Atlantique sud, les passages du Brésil, de l’Afrique du Sud ont été effectués à très haute vitesse. La suite a été meilleure et je suis content de ne pas avoir eu de casse majeure.
En marge de votre course, vous avez été le premier marin à larguer un flotteur Argo. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette expérience scientifique ?
J’en suis très fier car c’est un beau programme. C’est un programme qui permet des relevés de températures et de salinité. Dans des zones peu fréquentées jusqu’à 2000 mètres, ces données sont précieuses pour les scientifiques. Le flotteur, équipé de capteurs, est efficace pendant 5 ou 7 ans, il prend des mesures à intervalles réguliers en remontant. La qualité des retours est exceptionnelle, le déplacement du flotteur est suivi et analysé par des spécialistes depuis la terre.
Votre 2ème place vous pousse t-elle à repartir dans quatre ans pour viser la victoire ?
Honnêtement, je ne sais pas, je suis un peu dans l’inconnu car je n’ai pas fait encore de débriefing avec mon équipe et les sponsors. Mon contrat se termine en fin d’année, on va tranquillement discuter dans les semaines à venir. Je n’ai aucune garantie pour le moment.
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