
En terminant à la 4ème place, Jérémie Beyou a de nouveau réussi une grande édition du Vendée Globe. Pour sa 5ème participation (3ème en 2016), le skipper de Charal n’a pas caché son envie de pourquoi pas repartir pour continuer à viser plus haut.
Comment allez-vous après ce nouveau tour du monde ?
Ça va bien. Je récupère. J’ai pris un peu de repos. J’ai commencé à essayer de faire un peu de réathlétisation pour préparer la saison qui arrive. On est reparti avec de nouveaux objectifs.
Avant d’évoquer la suite, que vous reste-t-il avec le recul de ce Vendée Globe ?
C’est le Vendée Globe le plus intense que j’ai couru. Le niveau devant et les prétendants à la victoire étaient plus nombreux que les éditions précédentes. Ça rend le jeu beaucoup plus serré et la régate beaucoup plus intense. Après, je me suis retrouvé dans une position où les trois premiers se sont vite échappés. Je n’ai pas eu d’occasions ou la météo pour pouvoir recoller. A contrario, la météo a permis à ceux qui étaient derrière moi de ne pas s’échapper. Ça rend la course intense quand les poursuivants sont derrière et qu’on n’arrive pas à mettre de la distance.
J’étais sous pression toute la course pour essayer de conserver cette 4ème place. Les bateaux sont intenses. Il y avait du stress à bord. C’était génial. Du début à la fin, on est à la régate. On est au contact. Ça fait pas mal d’éditions que c’est une vraie course à part entière. Mais là, ça s’est vraiment reflété dans le groupe où j’ai évolué. Celui des 4-8 premiers. C’était plutôt génial d’être à couteau tiré.
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Jérémie Beyou impressionné par le niveau
Chaque Vendée Globe a son histoire et sa vérité, était-ce surprenant justement d’être aussi proche les uns des autres après des mois en mer ?
C’est impressionnant. C’est la qualité du plateau dans les 15 premiers qui le permet. Les gens parlent des 40 concurrents mais, d’un point de vue sportif, le niveau a augmenté avec beaucoup de bateaux neufs, des équipes ultra professionnelles, des skippers ultra talentueux. Arriver à sortir des places dans les 3, dans les 5 et même les 10, il ne faut pas s’endormir en cours de route (sourire). On est quasiment dans de la régate pure pendant 75 à 80 jours. Il y a forcément une gestion personnelle à avoir, mais aussi une gestion du bateau. Il y en a de moins en moins. J’ai l’impression d’avoir été à vue avec les autres concurrents du début à la fin.
« C'est important de bien sentir le bateau »
Souvent les skippers qui découvrent le Vendée Globe parlent également d’une découverte d’eux-mêmes. Après cinq participations, est-ce toujours le cas ou l’expérience vous aide-t-elle justement à appréhender la course différemment ?
C’est important de bien sentir le bateau. Il y a un tas de limites de charge qu’on ne doit pas dépasser. On a des instruments qui permettent de le contrôler mais, à partir d’un moment, il faut aussi avoir le feeling pour jauger soi-même si on peut être de la charge limite, sans les dépasser. Ou si, justement, il serait intéressant de les dépasser pour creuser un écart. Pour cela, il faut être lucide.
Pour être lucide, il faut se connaître et bien se gérer. L’expérience aide beaucoup. Mais même si on connait ses limites, j’ai l’impression de les repousser un peu plus à chaque fois. C’est cela qui est extraordinaire dans cette course. On se découvre ou redécouvre. On vient chercher un nouveau potentiel physique et mental.
Une nouvelle résistance. Le parcours est exigeant. Le bateau l’est tout autant. La concurrence l’est de plus en plus aussi. C’est le grand écart entre les 10-15 premiers et le reste de la flotte. Ce n’est pas la même gestion de course. Quel que soit le niveau, on est dans le dépassement de soi.
C’est juste génial de se dire que, pour garder une place, malgré cinq participations, il faut savoir encore se dépasser. C’est pour cela que l’on fait cette course. Il y a des moments d’extase sur ses bateaux (Foilers) qui vont à des vitesses folles. Les paysages qu’on traverse. C’est une satisfaction personnelle de réussir le Vendée Globe, que ce soit dans la découverte ou dans l’envie d’en faire plus.
« Je retourne en courant au Vendée Globe car je suis un compétiteur »
Quelle est la suite de votre saison et avez-vous déjà en tête un prochain Vendée Globe ?
Je ne pense pas être dans la démarche de Jean Le Cam (sourire). Je ne suis pas là pour empiler les courses. Je suis un compétiteur et je veux vivre la compétition. Si demain, en 2028 ou 2032, j’ai un projet, des partenaires et une équipe qui me permet de jouer les avant-postes, je signe des deux mains et j’y retourne en courant. Je ne veux pas y retourner juste pour y retourner. Tant que la motivation est là et que le physique suit, j’ai carrément cette envie d’y retourner.
Maintenant, avec Charal, on a des programmes à long terme. Cette année, il y a des courses en équipage avec la course Café l’Or, une transat en double, à la fin de 2025. Et l’an prochain, c’est la Route du Rhum en solitaire. Je me projette là-dedans. Dans le circuit IMOCA, il n’y a pas que le Vendée Globe. C’est un circuit sur quatre ans avec des Routes du Rhum, des transats en double, des courses en équipage.
Il y a une Ocean Race qui arrive en 2027 aussi. Tous les bateaux qui jouent devant sont du rendez-vous généralement. Encore plus que le Vendée Globe, c’est tout le circuit qui est général. Il vaut le coup d’être vécu. On verra rapidement ce que l’on projette pour 2027 et 2028.
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