
Vainqueur de la Transat Jacques Vabre et de la Route du Rhum, le Dunkerquois, Thomas Ruyant espérait mieux, mais il veut retenir beaucoup de positif.
Quel goût a, au final, cette 7ème place ?
Avec mon équipe depuis deux ou trois ans, on se préparait pour jouer les premiers rôles. Le vrai objectif était d’être en position pour gagner le Vendée Globe. On sait gagner des courses comme la Jacques Vabre, la Route du Rhum. Au départ, on m’aurait dit tu finis 7ème, je n’aurais pas signé. Cependant, sur une telle course, on ne peut pas se montrer déçu. Forcément, une petite frustration sportive subsiste.
Ce n’est pas à cette place qu’on aurait aimé finir. Après, on boucle quand même un tour du monde avec une machine incroyable. Certes, j’ai connu quelques soucis de voile qui m’ont coûté cher en termes de place et de classement. C’est ainsi. Retenons aussi qu’on a la chance de naviguer sur des océans magiques, avec de très beaux bateaux. Participer à une compétition si relevée avec un niveau de concurrence incroyable constitue aussi une vraie chance. Néanmoins, il est vrai qu’on a eu aussi nos lots de soucis sur l’eau, de situations météo compliquées comme pour d’autres. C’est comme cela...
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Thomas Ruyant a affronté des difficultés
Vous évoquez une certaine frustration car vous partiez avec un statut différent par rapport à 2016 et 2020 et un niveau d’ambition supérieur.
Bien sûr. On disposait vraiment d’une belle machine. On a quand même eu la chance de jouer les premiers rôles, même de naviguer en tête parfois. Il y a plein d’embûches sur un Vendée Globe, mais je n’ai pas envie d’être déçu. J’ai mis l’énergie que je souhaitais du début à la fin. De la construction du bateau jusqu’à l’arrivée. C’est surtout cela que je veux retenir.
Que vous manque-t-il pour gagner le Vendée Globe ?
Je ne sais pas. J’avais tout ce qu’il faut. Ensuite, il faut le petit truc en plus. Je n’ai pas été très verni non plus sur les situations météo. A un moment donné, j’ai dû faire des choix. Ils ont scellé aussi le résultat. Sur l’instant, j’étais convaincu de mes options. En 2020, on avait une flotte qui n’arrêtait pas de recoller. Cette année, on n’a jamais eu l’opportunité pour revenir.
Quelles grosses galères avezvous connues ?
J’ai eu notamment un coup de vent à plus de 60 nœuds pendant deux heures. Je perds mon J2, cette voile maîtresse, la principale du bateau. C’est la voile qu’il fallait pour la fin de course. Elle m’a fait perdre énormément. C’est un moment très dur. Au Brésil aussi je me souviens des orages avec des éclairs partout. Et la Royale Air Force qui survole le bateau au large des Falklands.
En quoi vos deux participations en 2016 et 2020 vous ont-elles aidé ?
Ce que j’ai vécu en 2016 et 2020 m’a permis, ainsi qu’à mon équipe, de se préparer un peu différemment, d’avoir davantage de recul, de mieux comprendre aussi les enjeux de la course. Alors quand on regarde le résultat final, on se dit qu’on a m... quelque part. Mais en fait pas tant que cela. Charlie (Dalin, Ndlr) avait certainement un des meilleurs bateaux et il est l’un des meilleurs marins. Mais on était environ une dizaine dans ce cas.
Il y avait aussi ce projet unique à deux bateaux avec Sam Goodchild (9ème). Allez-vous continuer ainsi ?
On va se recentrer sur un bateau. On a un programme un peu différent. Il est vrai qu’on avait les mêmes couleurs, la même campagne de communication autour du bateau. J’aimerais continuer à garder cette mutualisation sportive avec un autre skipper. Cette expérience de mutualisation avec Sam a été hyper riche. Humainement et en termes de performances. Depuis deux ans, on a trusté les premières places. Cela a été très enrichissant d’évoluer un peu en mode automobile. Il y a des mutualisations de coûts aussi.
Au niveau de l’intensité, comment évaluez-vous le niveau de compétitivité sur ce Vendée Globe ?
Cette fois, on est passé dans un autre monde. Cela n’a plus rien à voir. En termes d’engagement et d’utilisation de bateaux. En 2020, on découvrait encore nos grands foilers dans ces mers-là. On était un peu des pionniers en essayant de manier ces bateaux dans les mers du sud. Là, j’ai senti une flotte avec un niveau qui a largement progressé. On est tous arrivés avec une très belle connaissance de nos bateaux. On est partis à 40 bateaux et 15 pouvaient jouer devant. Sur cette édition, tout le monde a navigué le pied au plancher du début à la fin. C’était dingue !
En serez-vous dans quatre ans ?
Je ne sais pas... Je ne veux pas répondre à cette question trop vite. J’ai aussi la famille autour, une équipe, des partenaires. Trois campagnes de Vendée Globe, c’est lourd aussi. C’est l’histoire d’une vie (sourire). Est-ce que je serai présent au prochain ? On verra...
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