De trois ans son aîné, Clément a été le témoin privilégié de l’ascension de son jeune frère. Aujourd’hui associés dans une affaire de restauration, le Domaine de Barthas, les Dupont et Dupont de Castelnau Magnoac ont toujours entretenu une relation forte et constructive.
Grand-frère, associé, supporteur… quelles relations avez-vous exactement avec Antoine aujourd’hui ?
On a d’abord une relation fraternelle. Nous avons toujours été très proches et on a toujours aimé passer du temps ensemble. Depuis que nous sommes adultes, on s’entend encore mieux qu’avant. Sur tous les sujets, le rugby, les affaires, la manière d’appréhender la vie, nous sommes sur la même longueur d’onde. Nous sommes également très attachés à la famille, et aux modèles de fonctionnement dans lesquels on a grandi, au milieu des activités agricoles de nos parents et de restauration de nos grands-parents.
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Bref, vous avez les mêmes valeurs !
Les mêmes valeurs, mais des rôles différents, forcément. Je suis éleveur (de porcs noirs de Bigorre) avec mon oncle et mes cousins tout en gérant en parallèle le Domaine de Barthas. J’habite à cinq minutes de là et même si nous avons un responsable, ça prend pas mal de temps. Je m’y implique beaucoup, Antoine aussi qui suit ça à distance. Chacun son rôle.
Dans quel domaine votre frère vous étonne-t-il le plus ?
Il nous étonne tous autant sur le terrain qu’en dehors, par sa maturité et sa manière de gérer sa vie. Il n’est pas commun mon frère… même si, pour nous, ses proches, il reste le Antoine qu’on a toujours connu.
Jouez-vous encore avec lui le rôle du grand frère ?
Disons qu’en grandissant, nos relations se sont équilibrées. Aujourd’hui, sa vie est pleine de rencontres et d’expériences, il est une source d’inspiration pour moi. Et il est toujours de bons conseils.
« La chance d’avoir quelqu’un d’aussi proche réussir dans le sport qu’on chérit tant »
Jouez-vous encore au rugby et à quel poste ?
En 9 ou en 10, j’y joue depuis mes 5 ans, comme beaucoup de gamins dans le coin et tous les gars de la famille, qui sont tous à l’arrière. J’attaque ma dernière saison à Castelnau. Je me suis mis dirigeant pour continuer à participer à la vie du club. Je n’ai plus assez de disponibilité pour m’entraîner ou espérer devenir éducateur ou entraîneur.
Vous arrive-t-il encore de conseiller Antoine sur son jeu ?
Parfois, on sent qu’il a besoin de parler, d’être dans la communication. Comme on a tous la même vision du rugby, ça facilite les échanges. Même si on baigne dans le rugby depuis toujours, qu’on connait bien ce sport,on en discute avec beaucoup d’humilité.
Quelles étapes de la carrière d’Antoine avez-vous vécues avec le plus d’intensité ?
On les a toutes vécues comme s’il s’agissait, à chaque fois, de quelque chose d’exceptionnel, sans penser qu’il y en aurait d’autres ensuite et en se disant qu’on avait de la chance d’avoir quelqu’un d’aussi proche réussir dans ce sport que nous chérissons tant. Sa première titularisation en pro, sa première sélection en équipe de France, puis les titres, collectifs et individuels…
Vous réalisez que vous êtes le frère du meilleur joueur du monde !
Oui, bien sûr. J’apprécie surtout ce statut car ça nous fait vivre à tous des moments exceptionnels. Le plus fort émotionnellement a sûrement été sa première cape en 2017. Aujourd’hui, ça parait déjà loin mais, à ce moment-là, c’était juste incroyable. Ensuite, il y en a eu presque tous les ans, du premier titre en Top 14 avec Toulouse à la Coupe d’Europe en 2022 que nous avons vécue à distance, sans oublier le Grand Chelem.
Antoine Dupont fait l’unanimité
Face à toutes ces victoires, Antoine donne l’impression de rester le même. N’est-ce qu’une impression ?
Plus ça va, plus il est serein dans tout ce qu’il peut entreprendre. Il se bonifie avec le temps. Toujours posé et réfléchi avant de passer à l’action… Surtout, il est soucieux de son entourage proche. Et ça, dans un milieu où il pourrait oublier d’où il vient, c’est tout à son honneur. Ça explique aussi pourquoi il fait l’unanimité, pourquoi sa cote de popularité ne cesse d’augmenter. Il sait qu’il y aura des moments plus difficiles certainement, mais il est important qu’il ait toujours ce souci de disponibilité, d’accessibilité, surtout aux yeux de tous les jeunes dans les écoles de rugby et des moins jeunes pour les encadrer. Je pense que c’est un bon ambassadeur du rugby.
N’avez-vous jamais été, vous le grand frère, jaloux du petit frère ?
Franchement, c’est un sentiment qui ne m’a jamais traversé l’esprit. Et je ne pense pas que ça puisse arriver un jour. Je suis juste fier de lui.
Ne vous arrive-t-il pas de vous disputer ?
On est capable de se dire les choses. On n’est pas toujours d’accord, mais on ne s’engueule jamais. Le but dans notre activité commune est d’être complémentaires. Professionnellement, c’est donnant-donnant.
Et enfants, vous vous bagarriez souvent ?
Comment faire autrement entre deux frères sportifs qui étaient sans cesse dans la compétition (rires). Il débordait d’énergie et cherchait en permanence à se mesurer à plus grands que lui. On a grandi comme ça.
Sans préjuger de rien, on l’imagine bien revenir du côté de Castelnau après sa carrière. On se trompe ?
Le fait est qu’en voyageant autant qu’il peut le faire, il se rend compte qu’il est toujours bien quand il revient chez lui. Il n’a pas créé par hasard autant de points d’ancrage. Reviendra-t-il vivre ici ? Il est trop tôt pour le dire. En tout cas, il ne coupera jamais ce lien.