Le président du club de l’Ain, Dougal Bendjaballah a le sourire après la montée de son club. Malgré la dureté de l’exercice et de la mission, il est convaincu que son équipe aura son mot à dire. Entretien réalisé pour Rugby Magazine et Le Quotidien du Sport.
Oyonnax est officiellement de retour en Top 14. Quel est votre ressenti ?
C’est l’aboutissement d’un travail accompli dans notre première étape. Cela faisait plusieurs années qu’on était en demi-finales. On avait perdu contre des clubs qui étaient probablement mieux structurés que nous pour monter en Top 14. Cela a constitué des étapes supplémentaires dans notre cheminement. Cette montée est un projet qui date de plusieurs années.
Il émane depuis l’arrivée de Joe El Abd il y a quatre ans. Il était venu pour structurer, préparer et faire monter le club dans l’élite. Cela a donc été quelque chose de pensé, réfléchi et organisé. Le recrutement des joueurs a été étudié également pour se préparer au mieux à cette montée. Elle n’est pas arrivée par accident. Je n’ai jamais caché que l’ambition du club était de monter en Top 14 et de s’y préparer.
Comment avez-vous vécu cette finale d’accession ?
Notre demi-finale (contre Vannes, 26-21, Ndlr) a presque été plus compliquée que la finale (contre Grenoble, 14-3, Ndlr). Contre nous, Vannes n’avait vraiment rien à perdre. On était clairement affiché et identifié comme le leader de la division. Quand on finit une saison avec 111 points au classement, on se dit qu’on ne peut pas être battu. Mais, sur une finale, on ne maîtrise pas l’émotion.
Physiquement, techniquement, tactiquement, les joueurs étaient bien en place depuis de longues semaines. Néanmoins, on l’a vu avec notre ouvreur Justin Bouraux (21 ans depuis le 18 juin, Ndlr) qui a été assez nerveux, ce qui se comprend. Jules Soulan, qui l’a remplacé, a fait basculer un peu le match. On a bien tenu en défense en demi-finale, cela a été notre point le plus fort dans la saison. En finale, bis repetita. On a dominé.
Jules Soulan qui affichait 80% de réussite au pied, le jour de la finale, a tout manqué. Cela a rajouté de la pression. Notre fin de match a été plus simple. Mais j’ai vraiment souffert. Je suis resté dans mon coin. C’est quand même près de trois ans de préparation pour monter.
« On va rencontrer des équipes qui n’auront pas tous leurs internationaux jusqu’en janvier. On va essayer d’en tirer profit »
Sur quels grands axes travaillez-vous désormais dans la perspective de ces retrouvailles avec le Top 14 ?
Il y en a plusieurs. Un d’ordre économique. C’est la réalité du Top 14. Il faut avoir cette capacité de recruter suffisamment de joueurs pour tenir le coup dans ce championnat si difficile. On a préparé le club pour aller chercher du partenariat. Notre raison d’être à Oyonnax et notre modèle économique majeur, c’est le partenariat privé.
Il viendra par sa croissance. Ensuite, l’autre axe fondamental vise d’autres joueurs supplémentaires. L’ossature même du groupe est maintenue. Les joueurs connaissent donc le plan de jeu. Notre défense est solide. Ceux qui vont venir devront faire la différence et apporter une valeur ajoutée au collectif. Il n’y aura pas de grands changements dans notre organisation sportive non plus.
Vous avez misé notamment sur des joueurs à la relance et revanchards comme Ali Oz, le pilier droit du Racing.
C’est exactement cela. Ali Oz est un joueur qu’on connaissait. C’est un bon pilier droit. Quand il était à Grenoble, il faisait partie du groupe élargi de l’équipe de France. Il aura la lourde tâche de remplacer Thomas (Laclayat, Ndlr). On sait qu’il peut arriver à niveau. Nous devons encore renforcer ce poste car il en faut au moins quatre. On sait aussi qu’on aura besoin de deux, voire trois joueurs de haut niveau.
Comment le club va devoir s’y prendre pour ne pas faire l’ascenseur ?
On va se servir de notre historique même si le Top 14 a bien évolué. Ce n’est pas notre première montée (Oyonnax a été champion de France de deuxième division en 2013, 2017 et 2023, Ndlr). On connaît cette division. On a des entraîneurs qui connaissent le Top 14.
Joe El Abd a été champion de France (comme entraîneur avec Castres en 2018, Ndlr). Il a une grande expérience à haut niveau. On sait à quoi s’attendre. Cela va être dur. Mais l’ambition nourrit tout un club. Notre formation est de très haut niveau aussi. On a des jeunes qui vont éclore l’an prochain. C’est ce qui fait notre richesse aussi.
On va travailler sur nos valeurs de combat si importantes au club et notre défense. Dans une année de Coupe du monde, le championnat sera atypique. Nous avons joué quelques matches et on va s’arrêter deux mois. On va rencontrer des équipes qui n’auront pas toutes leurs internationaux jusqu’en janvier. On va essayer d’en tirer profit.
Dougal Bendjaballah vise le milieu de tableau
Oyonnax peut-il viser mieux que le maintien ?
Si on joue le maintien, on va finir avant-dernier ou dernier. Si on joue le milieu de tableau, on peut être 11ème, 12ème. On vise le maintien de milieu de tableau. J’ai beaucoup de respect pour de gros clubs comme Castres et Pau, mais on n’a rien à leur envier. On est dans la continuité d’un système de jeu. On voit que le haut niveau de la Pro D2 est proche du Top 14.
Parmi les trois, quatre plus fortes équipes de Pro D2, 75% de leur effectif sont issus de joueurs de Top 14. Grenoble a ferraillé dur contre l’USAP (19-33, Ndlr), mais ils sont finalement passés à la trappe car ils n’avaient pas le banc nécessaire pour finir le match. Pendant 50 minutes, ils leur ont tenu la dragée haute. Dans son processus de continuité, il n’y a pas de raison que Oyonnax ne soit pas conquérant sur ses bases comme sur sa mêlée et sa défense. Quand les défenses tiennent, cela peut le faire.
En dehors d’être le président d’Oyo, quelle est votre activité ?
Je suis chef d’entreprise qui fabrique des implants chirurgicaux concernant la chirurgie orthopédique de la main et du poignet. On fabrique des implants comme des prothèses de hanche, mais pour les mains et les poignets.