dimanche 15 septembre 2024

Florian Rousseau : « J’ai toujours voulu être le meilleur »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Directeur du programme olympique à la FFC depuis novembre 2021, le pistard, Florian Rousseau a montré la voie en décrochant trois titres olympiques en 1996 (kilomètre) et 2000 (keirin et vitesse par équipes).

Vous avez remporté trois médailles d’or olympiques (en 1996 sur le kilomètre, et deux autres en 2000 par équipes de vitesse et sur le keirin). Laquelle vous a procuré le plus d’émotions ?

La première fois quand on dispute les Jeux, et qu’on y va pour ramener l’or, c’est quelque chose d’évidemment très intense. C’est comme un sentiment d’accomplissement. Lors de mes deuxièmes Jeux (en 2000, Ndlr), j’ai ramené deux médailles d’or et une d’argent (en vitesse individuelle, Ndlr). J’ai été le Français le plus médaillé de la délégation olympique française avec trois médailles. La médaille la plus inattendue où je n’étais pas favori, c’était sur le keirin. Terminer ces Jeux de Sydney, dans une ville qui fait rêver beaucoup d’Européens, a aussi été un moment très fort.

Lors de ces victoires olympiques, comment étiez-vous parvenu à gérer la pression ?

Les Jeux Olympiques, c’est le rendez-vous d’une vie sportive. Un cycle de quatre ans peut être long quand on est un athlète de haut niveau. La veille de la compétition, on peut avoir des doutes. Ce qu’on ne maîtrise pas, ce sont les autres. Ces doutes traversent la tête de tout champion. Il faut les évacuer pour monter en piste et rester dans l’instant de compétition sans penser au résultat. Il y a aussi la pression qui arrive de manière indirecte avec les attentes des fans, de la famille… Ils ont envie de vous voir réussir. Il y a également la pression des médias.

Si on a fait champion du monde l’année d’avant, cela peut apparaître comme normal qu’on soit champion olympique derrière. Non en fait il n’y a pas de normalité là-dedans. Vivre des Jeux à Paris pour des athlètes français, je suppose que la pression va être encore plus forte. Il faut apprendre à l’anticiper. On va l’avoir tous cette pression, les sportifs en premier évidemment, les coachs, moi-même dans mes responsabilités. Il faut aussi savoir en parler quand on traverse des moments de doute. La pression reste un bon signal. Elle met en éveil tous nos sens. Il faut qu’ils soient au maximum pour délivrer le meilleur de son potentiel.

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Athlète, vous aviez également un statut de leader, de meneur d’hommes. Est-ce inné ?

(sourire) J’avais plutôt une personnalité, enfant, très timide et en retrait. Mais certainement que le sport m’a donné de la confiance et de l’estime de soi. Toutefois j’ai toujours été animé par cette envie de gagner et d’être le meilleur. Cela n’arrive pas toujours, mais on a en permanence cette volonté d’apprendre, de s’améliorer, d’observer et d’écouter.

Vous avez aussi été multi-titré sur des Mondiaux, mais en quoi les Jeux c’est différent ?

C’est déjà différent par le format qui se situe tous les quatre ans. Aux Mondiaux, c’est tous les ans, cela revient vite donc on peut éventuellement passer à côté. Sur des Jeux Olympiques sur une carrière de sportif de haut niveau, attendre quatre ans, c’est long. Il y a aussi ce que les Jeux représentent dans le mythe collectif. On a été bercé à l’école par l’antiquité grecque. Même si on retrouve les mêmes adversaires, c’est plus dur d’être champion olympique que champion du monde.

Car cela décuple beaucoup plus d’envie dans l’inconscient collectif. Les adversaires sont plus durs à battre et ils sont plus engagés. C’est beaucoup plus dense. Tout le monde est prêt pour ce moment-là. Des nations vont peut-être aussi mettre moins de moyens sur des Mondiaux, mais davantage sur des Jeux Olympiques sur des stages de préparation notamment. Les Jeux, c’est donc encore plus dur à gagner.

« On n’a pas à rougir face à la concurrence »

En 2021, vous avez été nommé directeur du programme olympique de la FFC. Quelle touche avez-vous voulu apporter ?

C’est surtout en termes d’état d’esprit. L’aventure olympique, c’est incroyable pour les athlètes. Nous, on les accompagne. C’est donc une aventure collective avec l’objectif unique des Jeux à Paris. C’est une chance. Il faut saisir cette opportunité. Et toujours être animé par cette envie de progresser. On sera heureux pour les sportifs qui gagneront des médailles olympiques. C’est ce qui m’anime dans mon quotidien que d’impulser cette détermination de réussir ces Jeux à Paris.

Combien peut-on espérer ramener de médailles ?

Sur les cinq disciplines, ces deux dernières années sur des Mondiaux, sur 22 épreuves au programme des Jeux pour le cyclisme, il y a dix épreuves qui ont été médaillées et dans les cinq disciplines. On a des athlètes qui sont en capacité d’être champions olympiques ou médaillés. Je ne peux pas citer tout le monde, mais il y a Pauline Ferrand-Prévot, Loana Lecomte. Au BMX, il y a eu le triplé à Glasgow chez les hommes (Mahieu, Pillard, Daudet, Ndlr). Sur la piste aussi, il y a Mathilde Gros et la vitesse par équipes hommes. Cependant, il va falloir élever encore son niveau.

La vérité du moment sera le Jour J des Jeux. On a une équipe qui a de la maturité, du potentiel et l’expérience tirée des Jeux de Tokyo. Là-bas, en cyclisme, c’était deux médailles de bronze. L’objectif est supérieur bien entendu à Paris. On a de supers athlètes, un encadrement technique et des entraîneurs de haute volée. Il n’y a donc pas à rougir face à la concurrence. On croit en ce qu’on fait et on avance.

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