Ancien patron de Volkswagen France, Jacques Rivoal (64 ans) est le Président du GIP (groupement d’intérêt public) chargé d’organiser la coupe du monde 2023. Une coupe du monde organisée en France qui approche à grands pas… Entretien réalisé pour Rugby Magazine et Le Quotidien du Sport.
Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
J’ai passé 25 ans chez Renault et 8 chez Volkswagen dans des postes de management, commercial et marketing. J’étais patron des ventes pour la France et Renault. J’ai été également patron de Renault en Allemagne et dans une partie de l’Europe toujours pour Renault en direction commerciale. Après, j’ai intégré le groupe Volkswagen où j’ai d’abord été patron de la marque et du groupe. J’ai quitté le groupe Volkswagen en 2017. Désormais j’ai des activités de conseil dans l’automobile.
Avez-vous joué au rugby ?
J’ai joué à un modeste niveau en amateurs ; J’ai continué à jouer en universitaire, en corpo. J’ai même joué en Allemagne. Cela surprenait
beaucoup les journalistes là-bas, à une époque où le rugby n’était pas développé comme maintenant. Ils étaient surtout intrigués qu’un chef d’entreprise puisse pratiquer ce « sport de brutes » selon eux. J’ai maintenant la chance de revenir dans le club où j’ai joué. Je suis éducateur (Fédérale 2) à Versailles. J’entraîne les premiers pas, les U5, U6 et U7. C’est ma manière de rendre au rugby tout ce que ce beau sport aux valeurs éducatives m’a donné.
Jacques Rivoal excité par l’accueil de la Coupe du Monde
Comment vous êtes-vous retrouvé à la tête du comité d’organisation de la Coupe du monde France 2023 et du Groupement d’Intérêt Public ?
Dans un Conseil d’administration, il y faut des personnalités dites qualifiées venant de différents secteurs dont le monde de l’entreprise. C’est à ce titre que j’ai été approché. De fil en aiguille, la présidence du Conseil d’administration m’a été proposée. J’ai été élu en mai 2018, puis réélu en mai 2021. Je préside le Comité d’organisation.
Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le début de l’ouverture de l’événement le 8 septembre ?
Je suis serein et excité. Serein car le dossier est bien avancé et sous contrôle. On a vendu pratiquement tous les billets. Plus d’un an avant l’événement, on avait bouclé l’aspect billetterie et sponsoring. Ce sont les deux secteurs sur le plan économique les plus cruciaux. On a aussi mobilisé les parties prenantes autour de l’événement, les sponsors, les collectivités territoriales. On travaille en harmonie étroite avec World Rugby, l’Etat, la Fédération Française de Rugby. Il y a une grande mobilisation autour de l’événement. Il y a beaucoup de choses à faire, mais on est sereins.
On rentre dans la phase très opérationnelle de la préparation de l’événement. On est aussi excités à l’idée que cela va être une exceptionnelle grande fête populaire. Un plateau sportif rare va être proposé. Il va y avoir une intensité dans la compétition assez unique. En particulier cela concerne la capacité à identifier en amont qui va gagner.
Les cartes ont été redistribuées entre l’hémisphère Nord et Sud. Plus de la moitié des équipes participantes peuvent prétendre à être dans le dernier carré. C’est pratiquement du jamais vu. Au-delà de cela, une Coupe du monde de rugby reste un événement exceptionnel.
Un évènement exceptionnel pour les Bleus
Quand on regarde l’organisation de ce genre d’événement sportif récemment, il y a eu une édition en 2007 partiellement (la Coupe du monde avait été organisée conjointement en France, Pays de Galles, Ecosse, Ndlr) et bien entendu France 1998, mais c’est à peu près tout.
C’est donc rare et exceptionnel que d’organiser une Coupe du monde dans son pays. Cela nous excite tous beaucoup au sein du Comité. On va faire une grande fête populaire pendant 51 jours (jusqu’au 28 octobre jour de la finale, Ndlr). C’est l’occasion de mobiliser tous les territoires, les villes hôtes, les départements, les régions.
Qu’on parle donc de rugby pendant deux mois et qu’on festoie rugby. Notre fil rouge consiste à célébrer toutes les fraternités. Ce mot fraternité est riche de sens et bien français. Il exprime les valeurs fortes du rugby. Ces attentes correspondent même à celles de la société française un peu écartelée.
Le rugby, c’est avant tout du lien social entre les joueurs, les classes sociales, les générations, les nations. Il y aura évidemment les spectateurs, mais aussi autour des matches tout ce qui va être fait dans des villages de rugby, des marchés du rugby, des zones de célébration. Tout le pays va penser et vivre rugby pendant près de deux mois. On est là pour fabriquer de l’émotion sportive. On a tous en tête de grands moments de sport. C’est cela qu’on va vivre pendant cette compétition.
Jacques Rivoal très optimiste pour la bande à Dupont
Quels sont vos motifs d’inquiétude ?
Sincèrement, je n’en ai pas trop. On travaille beaucoup aussi sur les sujets de sécurité. Ce sont des domaines prégnants. Même si dans le rugby, sport de combat collectif sur le pré, il existe cette culture très pacifique. En dehors du terrain, cela se passe toujours bien. Mais on travaille étroitement avec les services de l’Etat pour sécuriser ces aspects pour que nos spectateurs n’aient pas de contraintes en termes de sécurité et de mobilité. Les sujets d’accès au stade sont aussi des domaines sur lesquels on travaille beaucoup très en amont.
Qu’est-ce qui vous pousse à croire que cette Coupe du monde va être une grande réussite ?
Car sur le plan sportif la compétition va être intense. Et sur le côté expérience des spectateurs, cela va être fabuleux. On va accueillir 600 000 visiteurs étrangers. C’est pour nous une formidable vitrine pour la richesse de notre pays. La particularité de cette Coupe du monde est qu’elle ne se déroule pas qu’à Paris.
Il y a 48 matches dans 10 villes avec Paris qui vont s’y jouer. C’est l’occasion de mettre en avant Lille, Nantes, Marseille, Nice, Bordeaux, Toulouse, Saint-Etienne, Lyon. Les terroirs, les patrimoines, la gastronomie locale, les territoires locaux seront mis en avant. Les spectateurs étrangers ne viennent pas pour voir un match, mais deux ou trois. Ils vont consommer avec les nuits d’hôtels, la restauration, les visites des musées.
Cette Coupe du monde est un magnifique booster sur un plan économique pour l’ensemble du pays. Cela nous rend confiants et nous fait espérer avec des installations modernes au top et une infrastructure hôtelière avec des schémas de transport, très performants. C’est pour cela que la France a été choisie car elle a beaucoup d’atouts.
Sur le terrain aussi. Les Bleus vont-ils gagner ?
Avec mon équipe, on organise la compétition. Après, le sportif n’est pas du tout de notre responsabilité. Il faut laisser faire le sport et que le meilleur gagne !
« Plus de la moitié des équipes participantes peuvent prétendre à être dans le dernier carré »
Revenons à la billetterie. Où en est-on précisément ?
On a quasiment vendu tous les billets à particuliers. Cela témoigne du magnifique succès de l’opération. A l’instant T, il reste encore deux possibilités essentielles pour acquérir des billets. La première est par notre canal de plateforme de revente. On l’a mis en place pour des personnes qui ont acheté des billets sous forme de pack. On avait des packs villes et équipes. Il y a parfois des gens qui avaient acheté 4 ou 5 matches et qui veulent en revendre un ou deux. Cette plateforme permet donc que les acheteurs/vendeurs puissent mettre leur billet de manière sécurisée.
C’est revendu au prix d’achat. Il n’y a donc pas de bénéfice sur le prix et l’acheteur paie le prix d’achat plus une petite commission de 10% liée aux frais de gestion. Aujourd’hui, on est pratiquement à 70 000 billets qui ont été revendus depuis qu’on a ouvert la plateforme le 24 janvier. Cette plateforme va être ouverte jusqu’à 24 heures avant les matches. On recommande donc aux gens qui recherchent encore des matches de regarder tous les jours car des personnes remettent à la revente des billets.
Le second canal touche les hospitalités. Vous avez alors une belle place bien placée avec un package avec une prestation de restauration dans une loge, un salon selon les formules. A peu près pour tous les matches et tous les stades on a encore des possibilités d’acquérir ces prestations de restauration. Elles sont préparées par nos chefs de la gastronomie. Il y aura 23 grands chefs cuisiniers français sur tout le territoire avec le clin d’oeil 23. Ils prépareront les menus prévus dans nos prestations d’hospitalité.