jeudi 28 mars 2024

Jean-Pierre Rives : « Difficile de faire mieux que le XV de France ! »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

L’ancien 3ème ligne international, Jean-Pierre Rives (59 sélections, 5 essais) pousse à fond derrière les bleus qu’il espère vainqueurs à quelques mois du début de la coupe du monde. Entretien réalisé pour Rugby Magazine et Le Quotidien du Sport.

Comment partagez-vous votre temps ?

D’abord avec ma famille. Puis entre la peinture et la sculpture. Je travaille beaucoup en ce moment. J’ai toujours été attiré par cela. Je voulais faire les beaux-arts. Mais mon père trouvait que ce n’était pas sérieux. Il n’y avait que des mecs qui avaient des cheveux longs (rires). Je me suis rattrapé un peu plus tard.

La Coupe du monde approche pour les Bleus. Les voyez-vous gagner ?

Oui bien sûr. Mais il ne faut pas trop leur dire. Ils sont très forts. Ils ont tout pour y arriver. Il y a ce capitaine Antoine (Dupont, Ndlr) qui est magnifique et des joueurs d’exception un peu partout. C’est bien ce qu’ils font. Là, ils se sont entraînés pour le Tournoi (sourire). Mais le compte à rebours va commencer.

Les Bleus ont-t-ils envoyé un signal fort à leurs adversaires après leur victoire 10-53 en Angleterre ?

Si les autres nations mondiales ne l’ont pas pris comme tel, c’est qu’ils sont fous (rires). Ils ont fait un match magnifique. Les Anglais restent les Anglais même s’ils sont un peu dans la difficulté. Un match de Tournoi n’est jamais commode. Ce n’est pas les Anglais qui ont mal joué, ce sont les Français qui ont excellé.

Jean-Pierre Rives craint les grandes équipes

Qui craindre le plus dans cette Coupe du monde pour les Bleus ?

Quand vous êtes dans un Mondial, il faut se méfier de tout le monde. Les All Blacks, les Sud-Africains, les Argentins, il faut faire attention et être vigilant face aux autres nations.

Comment faudra-t-il gérer la pression à domicile ?

Je ne pense pas que ce sera une pression supplémentaire. Au contraire ! Il faut s’en servir comme un élan en plus. Le public sera là et il faudra pousser derrière eux. C’est un avantage important. Les supporteurs ne joueront pas évidemment. Ce sont les joueurs qui devront se le faire tout seul. Et de la manière dont ils le voudront.

Courant par contre après leur premier titre mondial, les Français peuvent-ils être tenaillés et rattrapés par la tension ?

Il faut arrêter les suppositions négatives. Ils sont là, ils sont bons et ils sont en forme. Qu’ils en profitent et qu’ils aillent au bout de leur rêve. C’est tout ce qu’on peut leur souhaiter. Tout ce qu’on peut faire nous, c’est les encourager.

Sentez-vous dans cette équipe une volonté commune des joueurs de jouer les uns pour les autres ?

Il y a effectivement comme cette union sacrée qu’ils ont l’air d’avoir. Ils jouent en équipe et ils ont des joueurs de grand talent à tous les postes. C’est une équipe magnifique. Il est difficile de faire mieux.

Quel regard précis portez-vous sur Antoine Dupont ?

Il est très fort. Je le soupçonnerai même de faire jouer l’équipe. Il pourrait même à mon sens en faire beaucoup plus personnellement. Il ne le fait pas. Pourtant, tout seul il peut renverser un match. On n’est jamais trop collectif, mais il peut sembler l’être tant par rapport à ce qu’il est capable de faire, seul.

D’autres joueurs de cette sélection vous plaisent-ils ?

Oui beaucoup. J’apprécie surtout leur imprévisibilité comme celle de Jalibert par exemple. Je les trouve tous magnifiques, derrière et devant. Mais ils ne sont pas que 15. Il y a beaucoup de grands autres joueurs derrière.

Qu’aimez-vous et moins dans le rugby actuel ?

Comment on joue m’intéresse moins que pourquoi on joue et avec qui. Je sens cela très fort notamment chez les Bleus. C’est ce qui me plaît beaucoup chez eux. J’aime leurs improvisations et leurs fulgurances. J’aime ce côté-là et non dirigé par les ordinateurs. Dans le rugby moderne, il y a aussi cet ouvreur écossais (Finn Russell, Ndlr). Même s’il commet parfois des bêtises. Dans le rugby, j’aime l’engagement, l’improvisation et les sourires. J’aime quand il existe cette invention dans ce sport.

On parle énormément des commotions cérébrales actuellement. Quelle est votre position là-dessus ?

Moi qui a été un grand commotionné… Faire attention à la santé des joueurs est quelque chose de primordial. Après, un plaquage reste un plaquage. Sur la question de hauteur, de ne pas mettre de coup de tête demeure bien entendu très dangereux. Le rugby reste un sport de combat et de contact. Il y a des règles, mais c’est fondamental de protéger les joueurs de leur fougue et de leur puissance. Cela a toujours été le cas. Beaucoup de progrès ont été faits. Il y a moins de coups portés par derrière ou par devant. Une fois que cela est dit, les arbitres font ce qu’ils peuvent aussi.

« C’est une équipe magnifique, il est difficile de faire mieux »

Mais ce genre de problème existait déjà quand vous étiez joueur, non ?

Nous, c’était un peu différent. Aujourd’hui, on évite les mauvais coups alors qu’avant ils étaient fortement recommandés (sourire). On ne peut pas comparer les choses qui ne sont pas comparables. Le problème des commotions cérébrales de mon temps ? Moi je n’aurais pas fini beaucoup de matches. Je suis content d’avoir pu jouer à cette époque car je les ai finis (sourire). Nous on a joué ainsi. Mais clairement il ne faut absolument pas jouer avec la santé des joueurs.

Qu’est-ce qui a le plus changé entre le rugby actuel et celui à votre époque ?

Les règles ont fortement changé. Certaines sont un peu scélérates. Je trouve déjà que cette histoire de plongeon qui n’en est pas un avec ce blocage de ballon tue un peu le jeu. Il y a toujours deux, trois spécialistes qui sont là pour le faire. Dès qu’on met les mains, il suffirait de dire le ballon est en l’air, on peut le batailler. Quand il est à terre, on n’a plus le droit de le toucher avec les mains.

Et on le passe avec les pieds comme nous on le faisait à l’époque. Et cette histoire de passer devant me gêne aussi beaucoup. Quand le premier centre passe devant, il y a obstruction. Bref, il y a une ou deux règles avec lesquelles on veut tirer avantage. Il y a aussi quand l’arbitre siffle des pénalités et arrête le jeu alors qu’il pourrait continuer à vivre. Cela génère des coups de pied et ce genre de trucs. Cela prend cinq minutes, il faut apporter le tee… Ces quelques règles citées sont nuisibles pour le jeu et le freine. Il faut que le ballon vive.

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