Double champion olympique en 1996 et 2000, le judoka français David Douillet va marquer l’histoire des poids lourds avant un certain Teddy Riner…
Le sport français espère un Teddy Riner en or lors des Jeux Olympiques de Paris. Mais bien avant lui, David Douillet a aussi été une immense star. Le natif de Rouen a demeuré un des premiers à porter le judo au firmament. Ses exploits accumulés lors de ses différentes campagnes olympiques ont forgé sa légende. En 1992, à Barcelone, à 23 ans seulement, il s’adjuge déjà une très belle médaille de bronze. Il ouvre son palmarès olympique en 1996.
Un palmarès parmi les plus fournis de tout le sport français. Il devient à cette période le 2ème Français champion olympique des poids lourds après Angelo Parisi en 1980 aux Jeux de Moscou :
« En 1992, c’est ma première grande médaille mondiale. Je prends conscience que j’ai le droit de gagner. Je me dis que l’écart avec mes adversaires n’est pas si grand. Il faut que j’aille chercher la 1ère place. C’est ce que je fais en 1993 au Canada à Hamilton lors d’un championnat du monde. Je bats en finale le champion olympique (David Khakhaleishvili, Ndlr). »
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« Cette finale contre le Japonais, c’est l’apothéose »
« En 1996, c’est à l’époque le seul titre qui me manque. Auparavant, Thierry Rey avait réalisé cette espèce de Grand Chelem : France, Europe, Monde, Jeux… On se met toujours des petits défis en tête pour renouveler la motivation et l’investissement. Les préparations sont tellement difficiles, dures. On a vraiment besoin de ce genre de choses ».
Le 20 juillet 1996, lors de sa finale olympique, il ne lui faut qu’une minute 57 pour terrasser son adversaire du jour. Un autre moment va être clé dans le parcours du champion français. Le 30 septembre 1996, David Douillet est victime d’un accident de moto.
Il est sérieusement blessé au mollet et à l’épaule droite. De longs mois de convalescence et de rééducation vont suivre. Il va malgré tout trouver les ressources nécessaires pour se relancer de la plus belle des manières, et ce après le contre-coup de sa médaille d’or olympique :
« En 2000, c’est un peu la résurrection du Phénix. Juste après Atlanta, j’ai un accident de moto qui me flingue. Je passe d’un état d’athlète de haut niveau à bien plus bas. Je remonte la pente en repartant non pas de zéro, mais de moins 100 ! Il faut alors que je revienne à zéro pour ensuite redevenir un athlète de haut niveau, et un an plus tard pour défendre en 1997 (à Paris, Ndlr) mon titre mondial que j’avais décroché au Japon (en 1995, Ndlr). Après toutes ces étapes, il a fallu que je ménage ce corps abîmé. Cela a été une grosse galère ».
David Douillet impeccable à Sydney
A Sydney, en 2000, lors de sa finale olympique, il affronte et bat le Japonais Shinohara, double champion du monde l’année passée à Birmingham. La revanche des Mondiaux 1997 tourne à nouveau à l’avantage du champion français :
« Si j’avais voulu écrire un scénario de film… j’ai eu tous les ingrédients. Déjà de participer à ces Jeux, c’est une première chose. Ensuite, de passer chaque tour est important. Puis il y a cette finale contre un Japonais (Shinohara, Ndlr). Il était le meilleur du moment. C’est l’apothéose. Je sais que c’est ma dernière compétition. J’y ai déjà réfléchi. Je suis conscient que je ne vais pas m’engager pour une autre Olympiade. »
« C’est quatre ans de plus et quand je vois déjà ce que j’ai dû faire pour revenir au plus haut niveau à Sydney… je ne me vois pas redémarrer une autre Olympiade avec ce physique-là, vieux, endommagé, usé. Les séquelles liées à l’accident de moto ont été dures à gérer à l’entraînement. J’ai décidé avant les Jeux de 2000 que ce serait ma dernière compétition. »
« Lors de cette compétition, je veux déguster chaque seconde, chaque minute, chaque combat. C’est comme si j’étais condamné à mort et qu’on m’apporte mon dernier repas. Je me suis dégagé de la pression du résultat en me disant qu’il faut que je fasse un maximum de combats car ensuite je vais arrêter. Je vais aller au bout du bout de ce que je peux faire et on verra ce que cela donne. Je suis dans cette psychologie-là. C’est finalement la meilleure pour réussir ». Et la meilleure aussi pour rentrer dans l’histoire !
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En remportant à Sydney un deuxième titre olympique d’affilée, David Douillet devient le judoka le plus titré de l’histoire lors de championnats internationaux, ponctués de six titres internationaux majeurs (deux titres olympiques, quatre titres mondiaux). Il dépasse alors le Japonais Yamashita (un titre olympique et quatre titres mondiaux).