Français, pour l’heure, le plus haut drafté de l’histoire (7ème en 2020), l’ancien meneur de Cholet Killian Hayes (21 ans), qui était à Paris le 19 janvier dernier pour le match contre Chicago (défaite 108-126), répond enfin aux attentes pour sa 3ème saison NBA, mais il ne s’en contente pas lui qui espère défendre les couleurs de la France lors de la Coupe du Monde 2023. Entretien pour Le Quotidien Du Sport et France Basket.
Vous rendez-vous compte de la dimension que vous êtes en train de prendre en NBA ?
J’ai connu un début de saison un peu compliqué, mais je savais aussi que j’avais besoin d’un match où mes tirs seraient rentrés pour rentrer dans le vif du sujet. Avec la blessure de Cade (Cunningham, Ndlr), mon rôle a un peu changé, j’ai commencé à débuter dans le 5 de départ. Je me suis adapté à cette nouvelle situation. J’ai un rôle maintenant différent dans mon équipe en ayant davantage la balle. Je suis starter. Ma mission est de faire jouer mon équipe. Mes tirs rentrent, la confiance est là.

Davantage responsabilisé, avez-vous néanmoins trouvé le temps long ?
Pas vraiment. Mais le plus dur en NBA est de rester constant. Il y a 82 matches. J’essaie donc d’être le plus performant possible tout le temps, à chaque match. En cas de défaite, c’est encore plus compliqué mentalement. Personne n’aime perdre, mais il faut impérativement rester costaud dans la tête.
N’avez-vous jamais ressenti ce sentiment d’urgence pour votre troisième saison en NBA ?
J’en ai jamais douté, mais je me suis posé des questions. La réponse est venue par le travail. J’ai un groupe soudé derrière moi. Avoir un coach et un front office qui t’encouragent au quotidien, même quand les choses ne vont pas super bien, cela aide beaucoup psychologiquement. Ils ne m’ont jamais mis la pression. Je savais pertinemment qu’avec tout le travail que j’avais effectué toute ma vie et cet été, mon heure allait venir. Je gardais confiance en
moi même en cas de mauvais matches. Et même quand les tirs ne rentrent pas, il faut que j’arrive à faire autre chose en tant que meneur, défendre, organiser le jeu et trouver mes coéquipiers pour des passes décisives. Je dois aider autrement l’équipe. J’apprends une autre facette de moi-même.
Quels sont désormais vos axes de progression ?
Je suis loin d’être un joueur parfait, j’ai encore beaucoup à apprendre pour être là où je veux être. Comme je l’ai dit, le plus dur est de rester constant et de répondre présent à tous les matches.
« J’ai encore beaucoup à apprendre pour être là où je veux être »
Avec un an de contrat restant, comment voyez-vous votre avenir ? Espérez-vous rejoindre une équipe qui peut jouer les play-offs ?
Detroit me supporte beaucoup. Il me reste encore une saison avec eux. Mon but serait de rester là-bas.
De par votre histoire personnelle, comment gérez-vous cette double exposition entre la France et les Etats-Unis ?
Cela peut être un peu difficile à gérer parfois. J’ai effectué un travail là-dessus également. Il est plutôt d’ordre personnel. Je cherche surtout à rester focus sur mon équipe et les joueurs qui sont autour de moi. Il faut y prendre garde au risque de se disperser. Il est essentiel de dissocier les bonnes critiques des mauvaises. Je suis davantage à l’écoute des personnes qui me voient tous les jours comme le coach ou mon père.
Je ne prête donc pas spécialement attention aux critiques d’après match. Car instinctivement je sais aussi ce que j’ai fait de bien, de moins bien et ce qu’il faut améliorer. Comme on en discute avec le staff, je n’ai pas spécialement besoin de regarder sur internet ce que les gens disent. Chose également importante pour faire face à certaines difficultés, il faut savoir surtout s’adapter. Dans ce genre de moment pénible, tu apprends une nouvelle facette de toi-même. Les réponses à certains questionnements passent par le travail.
Comment appréhendez-vous la perspective de voir Victor Wembanyama débarquer en NBA la saison prochaine ?
Il a un talent exceptionnel. Sinon il ne pourrait pas shooter ou dribbler comme il le fait. Je suis très content pour lui. J’espère qu’il sera le 1er pick. Il doit être le 1er pick !
En parlez-vous à Detroit qui pourrait le récupérer ?
En NBA, tout le monde parle de lui. Après, nous ne sommes pas, nous les joueurs, décideurs de qui on a. Mais n’importe où il ira, il aura une très belle carrière.
Quels sont les joueurs qui vous impressionnent à votre poste en NBA ?
Quelqu’un qui est très dur à défendre, c’est Luka Doncic, de par sa taille, son physique. On ne peut pas le presser. C’est compliqué à défendre, il sait passer la balle, avec des shooteurs tout autour de lui.
Et plus généralement quels sont les joueurs qui vous inspiraient gamin ?
Je dirais James Harden, D’Angelo Russell, Manu Ginobili, des gauchers. J’essaye d’apprendre d’eux en leur piquant des moves.
Comment se passe votre vie à Detroit, avez-vous un staff autour de vous ?
Les Pistons proposent des chefs donc j’ai un chef cuisinier. J’ai aussi une masseuse, Engie, que je vois avant les matches. C’est la plus grande différence avec l’Europe. A Cholet, on n’avait pas de chef, il fallait se débrouiller pour manger, il n’y avait qu’un kiné. Là, c’est le luxe d’avoir tout ça.
Qui voyez-vous cette saison en finale à l’Est et à l’Ouest ?
A l’Ouest, c’est dur, mais je dirai Memphis qui défensivement répond présent et qui, en attaque, peut compter sur Ja (Morant). A l’Est, je n’ai pas trop envie de me prononcer car ce sont nos concurrents même si on fait une saison difficile.