jeudi 25 avril 2024

Les maux du BO n’ont pas fini de créer des doutes

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Il n’y a pas que la situation sportive du club basque qui inquiète. Bien d’autres dossiers sont brûlants. De quoi inquiéter les anciens biarrots du BO…

Avec l’USAP, le promu biarrot est en danger en queue de peloton du Top 14. Imanol Harinordoquy, joueur du BO de 2004 à 2014, évoque le sujet du maintien avec des pincettes : « On l’espère. L’équipe fait plaisir. Elle se bat, travaille dur et joue. Cela plaît aux supporteurs, et fait plaisir de voir un stade rempli avec

beaucoup de ferveur. Malheureusement, la réussite n’a pas toujours été au rendez-vous. Les joueurs se sont mis au niveau. C’est pratiquement la même équipe que la saison dernière. Après, on manque peut-être d’un peu de profondeur de banc et d’effectif. Quand on a certains blessés, c’est plus compliqué… ».

Venons-en aux sujets qui fâchent. L’extra-sportif, les structures… Le nouveau consultant de France Télévisions ne botte pas en touche :

« Pour un club de Top 14, les infrastructures ne sont peut-être pas au niveau, mais elles ne sont pas non plus du niveau qualifié par Jean-Baptiste Aldigé (le président, Ndlr). Quand j’y étais, ce n’était pas génial non plus. On aurait évidemment aimé avoir un peu plus. Cela a été amélioré depuis. Pour en avoir parlé avec les joueurs, ils sont tout de même contents des installations qu’ils ont.

Cependant, pour durer à haut niveau et pour avoir un club attractif, il faut des installations dignes de ce nom. C’est légitime de la part du club de pousser en ce sens par rapport à la mairie pour obtenir des infrastructures plus professionnelles ».

N’en fait-elle pas assez ? « Un projet est lancé. Je ne m’étendrai pas là-dessus. Mais des choses sont en cours de discussion. Je ne suis ni président du BO, ni politicien… ». Sur la thématique de la délocalisation évoquée un temps, l’ancien international français (82 sélections) préfère faire profil bas.

Délocalisation, investissement, le BO manque de moyens

« C’était plus du bluff que quelque chose de censé ». Et de son rôle tenu dans le club dont il a défendu les couleurs pendant dix ans ?

« On s’implique depuis quatre mois au sein de l’association du club amateur avec Dimitri Yachvili, Jérôme Thion et David Couzinet. Nous répondons présent pour s’occuper de l’amateur et des jeunes. On prône une politique forte au sein de la formation.

Depuis qu’on est là, les choses bougent. Les discussions ont repris entre le secteur amateur et professionnel et entre le professionnel et la mairie. Notre fonction est d’apaiser le climat, pour fédérer et assembler autour du club. Les choses mettent du temps à se mettre en place, mais on est là pour le club. On va faire en sorte que les choses s’améliorent ».

Serge Betsen, ancienne autre grande figure du club (entre 1994 et 2008) donne à son tour son point de vue :

« Jean-Baptiste Aldigé dirige le BO pour des raisons professionnelles du fait des investissements qui ont été effectués dans ce club par son ami LouisVincent, afin de le faire grandir à nouveau. Je serais donc mal placé pour critiquer tout cela.

Néanmoins il faut en parallèle rester réaliste sur le fait que Biarritz aurait pu aussi tomber plus bas. Concernant le maintien, sportivement c’est toujours très dur quand on vient de Pro D2 en Top 14.

Bayonne et Agen en savent quelque chose. Je tiens à féliciter le club de la manière dont ils se sont débrouillés en début de saison pour se mesurer aux grosses cylindrées.

Les Biarrots sont même parvenus à faire douter certaines grosses équipes. Il va maintenant falloir tenir jusqu’au bout. C’est un challenge très compliqué à relever qui s’annonce. Il y a des défis de partout. Le club doit tout faire pour ne pas redescendre ».

« Les choses bougent » (Harinordoquy)

La parole est enfin donnée à Nicolas Brusque. Ce dernier a occupé beaucoup de casquettes au BO. Dont celle de joueur entre 2001 et 2010.

« Je connais ce club pour y avoir joué. J’ai aussi été président des socios. J’en ai été président pendant trois ans (entre 2015 et février 2018). Je suis toujours actuellement au conseil de surveillance. Les années passent et se ressemblent. Ce club ne pourra continuer à perdurer qu’à partir du moment où il évoluera structurellement.

Ces projets datent de 15 ans. L’évolution ne peut se faire qu’avec la mairie de Biarritz. La grande question que beaucoup de gens se posent est : la mairie at-elle envie de faire perdurer le rugby de haut niveau ici ? Je ne peux répondre à cela. Il y a eu des discussions, mais aussi beaucoup de volteface. Et aucun engagement écrit ».

Pour l’ancien arrière un problème de taille subsiste :

« Le club est pris en otage et demeure en danger. Cela demande un investissement public ou privé. Mais suite aux échanges entre les actionnaires du club et la maire, ils étaient d’accord pour avoir un investissement porté à 50% par les deux parties. Mais récemment à la mairie on n’a pas été prêt à assumer cet investissement. Pourquoi alors faire croire à un projet alors que rien n’est lancé ? ».

Le Biarritz Olympique dans l’instabilité institutionnelle

Il veut aussi témoigner tout son soutien au président Aldigé :

« Les gens ne retiennent que la forme de ses interventions. On parle souvent à sa place. Il reste le président de la situation. Il a ce potentiel à pouvoir sauver ce club. Sa gestion est très professionnelle. Il faut se rappeler que la famille Gave sur les trois dernières années a injecté près de 12 millions d’euros dans le club. Sans eux… Que deviendrait le club si ces personnes ne l’avaient pas fait ?

Qui serait prêt aujourd’hui à mettre autant d’argent à fonds perdus ? On a eu Serge Kampf un temps. Puis maintenant la famille Gave. Arrêtons alors de penser que cela va durer éternellement. C’est impossible. On doit jouir d’une structure qui nous permette de vivre et d’avoir une économie extra-sportive ».

Les anciens joueurs s’en mêlent

Sans les nommer, il a tout de même du mal à comprendre les réactions de certains…

« Que certains anciens joueurs en aient après Jean-Baptiste Aldigé, pourquoi pas. Je ne sais même pas pourquoi. Il fait quand même partie des personnes qui ont sauvé le club. Mais alors que je suis au conseil de surveillance pas un n’a pris son téléphone et ne m’a appelé en me disant : « que se passe t-il, comment peut-on faire ? »

Alors que je n’ai aucun souci avec ces joueurs ! Et quand on se voit dans la rue on se dit bonjour comme si de rien n’était. D’où viennent tous ces malentendus je ne les comprends pas. On est tous de passage dans un club. Un club n’appartient à personne.

Alors soit on laisse des traces positives en donnant au club ce qu’on a pu prendre à un moment soit on se dit que le club nous est toujours redevable de ce qu’on a fait. Je pense aussi que certaines personnes ont été manipulées par le monde politique. Mais pas que.

Je me demande parfois s’il n’y a pas eu cette cavale mise en place pour avoir la tête de Jean-Baptiste Aldigé. Pour différentes raisons. Car son discours ne plaît pas… Mais quel problème représente-il ? Lui dit les choses et les fait. Et il fait les choses qu’il dit. Le Président n’a jamais retourné sa veste. Il martèle juste qu’il a besoin d’un stade et qu’il fonctionne.

Il faut se demander aussi pourquoi la section amateur a eu un moment donné un trou dans ses caisses. C’est qu’on a plus dépensé qu’on avait, pensant que le secteur pro allait tout réglé… On devrait tous être main dans la main. Mais ce n’est pas le cas.

Le BO a t-il un problème de gestion ?

On souhaite tous que le club réussisse. Ou alors certains ont des envies plus personnelles pour reprendre le club… Cependant, pour avoir été président je l’ai été pendant trois ans il faut se retrousser les manches, on ne dort pas la nuit, il faut trouver l’argent pour payer les salariés. On n’est pas loin de 100.

Il y a ce besoin d’avoir une pérennité sur ce club ce qui est difficile à faire. On a toujours la tête dans le guidon. Avec les Gave et Aldigé, on a de quoi gagner du temps, mais certains pensent encore qu’ils sont venus se faire de l’argent sur le dos du club ».

On l’aura compris. Le BO n’a pas que ses problèmes sur le terrain à régler. Ils sont aussi bien ailleurs. Pas facile pour les joueurs de se battre dans ces conditions. Il faut vraiment leur rendre ce crédit.

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