Aux Jeux de Londres, Estelle Mossely et Tony Yoka ont permis à des millions de Français de vibrer pour la boxe tricolore à travers leur histoire en commun. Un couple éternellement en or.
Le temps d’une Olympiade, ils étaient les fiancés de la France. Aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro, Estelle Mossely et Tony Yoka étaient les têtes d’affiche de la Team Solide qui a fait une belle razzia de médailles en 2016, avec 6 breloques (2 en or, 2 en argent et 2 en bronze).
On y retrouvait notamment Souleymane Cissokho, Mathieu Bauderlique, Sofiane Oumiha et Sarah Ourahmoune sans oublier Christian Mbili, Elie Konki, Hassam Amzile et Paul Omba-Biongolo. Avec leurs deux médailles d’or, Estelle Mossely et Tony Yoka avaient ému la France entière.
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Estelle Mossely la belle surprise
Du 19 au 21 août 2016, ils ont enthousiasmé le pavillon 6 du Riocentro de Rio de Janeiro. Membre du staff des Bleus à l’époque, Mehdi Nichane n’a pas été surpris par les victoires des deux boxeurs.
« Tout cela n’est pas le fruit du hasard. On a passé pratiquement 250 jours à l’extérieur pour ce résultat. » Et notamment à Cuba pour progresser et se faire mal. Et le 19 août 2016, la première récompense est venue pour Estelle Mossely. En confiance après avoir remporté les championnats du monde (poids légers, -60 kg), la Française avait un statut à confirmer à Rio.
Elle entame son tournoi olympique en quarts de finale face à l’Italienne Irma Testa. Après une victoire nette et sans bavure 3-0, elle continue son parcours avec un combat contre Anastasia Beliakova, en demi-finale. La Française profite d’un coude gauche déboité et de l’abandon de la Russe pour se qualifier en finale.
Pour son anniversaire et ses 24 ans, Estelle Mossely s’offre le plus beau des cadeaux avec la médaille d’or dans un combat accroché avec la Chinoise Yin Junhua (2-1). A l’issue du combat, elle ne cachait pas sa joie en zone mixte. « C’est une grande émotion, une belle histoire, je savoure. J’entre dans l’histoire en étant la première Française à devenir championne olympique. Il faut toujours croire en ses rêves, même quand ce sont les plus grands. Il faut juste se battre pour les atteindre. »
« Il fallait que je sois la dernière médaille d’or française ! » (Yoka)
Pour Tony Yoka, la pression était omniprésente également. Beaucoup ne voyaient que l’or pour le Parisien. Estelle Mossely n’avait pas manqué de lui montrer la voie avec son succès. « On doit retourner à la maison tous les deux avec de l’or. » Tony Yoka l’a bien imitée après un parcours impressionnant. En 8èmes de finale des super-lourds, le boxeur des Iles Vierges américaines n’a pas fait le poids face au Français, vainqueur 3-0.
Tout comme en quarts de finale face au Jordanien Hussein Ishaish. En demi-finales, c’est le champion d’Europe 2015, Filip Hrgovic qui se dresse face à Yoka. Un combat serré et une victoire 2-1 pour Yoka qui s’assure une médaille et le droit d’aller en finale face au Britannique Joe Joyce. Avec son style de « bourrin », le Britannique accroche Tony Yoka, mais perd 2-1.
« On était venus pour deux médailles d’or avec Estelle (Mossely), on a fait de magnifiques JO avec toute l’équipe, expliquait Tony en zone mixte après sa victoire. On dédie toutes nos médailles à Alexis Vastine. J’étais champion du monde, j’avais annoncé que je venais pour la médaille d’or, j’ai montré que j’étais un vrai champion. Quand Estelle m’a rejoint, on ne s’est rien dit, j’ai simplement pensé :
« On l’a fait !’’. Elle est devenue championne olympique, je me suis dit je ne vais pas chier dans la colle. Il fallait que je sois la dernière médaille d’or française. Je suis super fier d’être le successeur de Brahim Asloum. On m’a toujours dit qu’un vrai champion, ce n’est pas celui qui arrive en haut, c’est celui qui y reste. » Et aujourd’hui encore, Estelle Mossely et Tony Yoka sont à jamais dans le cœur des Français même s’ils sont désormais séparés.
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Si la France avait déjà eu deux Français médaillés d’Or aux JO en 1936 avec Despeaux (moyens) et Michelot (mi-lourds), c’est la première fois qu’elle couronne d’or un homme et une femme en boxe avec les premiers titres dans la catégorie de super-lourds chez les hommes et de légers chez les femmes. Et si la boxe féminine n’est présente que depuis 2012, la GrandeBretagne avait déjà réussi un tel exploit grâce à Nicola Adams chez les mouches en 2012 et 2016, avec Luke Campbell (coqs) en 2012 et Anthony Joshua (superwelters) en 2016.