Profitant de l’absence de Sergueï Bubka, Pierre Quinon a réussi à devenir le premier Français champion olympique du saut à la perche lors des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984.
En ce mois d’août 1984, le Mémorial Coliseum a fait le plein et plus de 100 000 personnes ont pris place dans l’enceinte qui accueille les Jeux Olympiques. Dans une édition marquée par l’absence et le boycott du bloc communiste, notamment de l’URSS, en ces temps de Guerre Froide avec les Etats-Unis, les JO 84 se déroulent et permettent à de nombreux athlètes de se révéler.
Pierre Quinon est alors un espoir de la perche française qui commence à marquer l’histoire grâce aux exploits de Thierry Vigneron, recordman du monde avec 5m75 en 1980 puis 5m80 en 1981. La perche est en plein essor et le record du monde grimpe centimètre par centimètre.
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Pierre Quinon, le premier avant Lavillenie
Un an auparavant, un jeune Français se révèle et continue de croire à la possibilité d’être au rendez-vous des Jeux Olympiques de Los Angeles. Médaillé d’argent aux championnats d’Europe juniors à Utrecht en 1981, Pierre Quinon brille aux yeux du monde en devenant recordman mondial du saut à la perche en août 1983 lors du meeting de Cologne.
Derrière, Thierry Vigneron et surtout Sergueï Bubka repousseront le record à 5m90 à quelques semaines du début des Jeux de Los Angeles. Bubka qui ne pourra pas aller tenter de décrocher l’or olympique et permettait à la concurrence de se battre pour succéder au Polonais Wladyslaw Kozakiewicz.
Et forcément avec Thierry Vigneron et Pierre Quinon, mais également Serge Ferreira, la France possédait de sérieux candidats à la première place du podium.
« Il manquait Bubka qui était le grand favori, se souvient Jean-Paul Forlot, le premier entraîneur de Pierre Quinon. Il n’était pas venu. C’était très ouvert et Pierre Quinon en a profité. A l’époque, Bubka était comme Duplantis avec les autres aujourd’hui. Il était seul au monde. Il y a Bubka et les autres. C’était son jour de chance. C’était bien. Tant mieux. On était heureux. »
« Il méritait ce succès »
Ce 8 août 1984, ils sont 14 finalistes à croire au rêve de décrocher l’or et notamment les Américains Mike Tully, Doug Lytle et Earl Bell qui veulent brille à domicile. Le concours démarre réellement avec les premières tentatives réussies à 5m40 de Thierry Vigneron, Earl Bell et Doug Lytle. A 5m45, Pierre Quinon met deux tentatives pour passer et valider la suite de son concours, imité par Mike Tully et le Finlandais Kimmo Pallonen.
A 5m50, les premiers échecs tombent avec la fin de parcours de Lytle et Böhni, le Suisse. Earl Bell passe à sa première barre. Pallonen lui s’arrête à 5m55. Au moment d’attaquer les 5m60, ils ne sont plus que quatre à prétendre au podium, Bell, Quinon, Tully et Vigneron. Ce dernier passe dès son premier essai, tout comme l’Américain Bell.
A 5m65, Mike Tully passe au dernier essai alors que Pierre Quinon échoue à sa première tentative. Le Français décide alors de passer à la barre de 5m70 qu’il efface dès sa première tentative. Pendant ce temps, Thierry Vigneron et Earl Bell échouent et doivent se contenter du bronze.
5m75 Quinon passe un cap
A 5m75, Pierre Quinon confirme son leadership pour mener le concours avec une réussite totale dès son premier saut. Mike Tully essaiera de passer à 5m80, mais échouera pour se consoler avec la médaille d’argent. Pierre Quinon est champion olympique à 22 ans !
Le premier Français de l’histoire à la perche. « Cela m’a fait plaisir de le voir décrocher ce titre olympique, se réjouit encore aujourd’hui Jean-Paul Forlot, son ancien entraîneur et président de l’Entente Athlétique Car Rhodia de Salaisesur-Sanne, club où a débuté Pierre Quinon. C’était un gars du coin. C’était un gentil garçon qui méritait ce succès. »
« Je l’ai accompagné étant gosse. Déjà en minimes, il avait fait 2ème des championnats de France scolaire à Vichy, il avait fait 3m90. J’ai vu après son évolution jusqu’à son départ pour Salon-de-Provence (en 1979, Ndlr). Il avait fait 2ème encore au lycée avant de devenir champion de France de sa catégorie avec 4m85. »
« Il avait passé même 5m la même année à la Réunion. C’était en cadets. Après, il a continué sa progression en allant au Racing Club de France avec Jean-Claude Perrin (en 1981, Ndlr). On le suivait. Il est revenu avec sa médaille. Il vivait sur la Côte d’Azur, mais il venait voir ses parents de temps en temps. » Disparu, à 49 ans, le 17 août 2011, Pierre Quinon a marqué de nombreuses générations par ce titre olympique.
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S’il a été champion de France à trois reprises entre 1982 et 1984, Pierre Quinon n’aura remporté qu’un seul titre international avec l’or de Los Angeles en 1984. Il glanera bien une médaille de bronze à la finale du Grand Prix de Rome en 1985, mais les blessures notamment le priveront de vivre d’autres grands moments par la suite.