Les distinctions et titres honorifiques décernés dernièrement montrent bien que les Américains ne font plus la loi en NBA.
Il existe des faits et des statistiques qui ne trompent guère. Pour le titre prestigieux de MVP, le dernier Américain à avoir enlevé cette illustre distinction n’est autre que James Harden. L’arrière des Clippers a été désigné joueur de la saison en… 2018. Depuis, les non-Américains se sont taillés par la part du lion : le Grec Giannis Antetokounmpo en 2019 et 2020, le Serbe Nikola Jokic en 2021 et 2022. Joel Embiid l’an dernier est devenu le premier joueur camerounais et français à être élu MVP :
« Je ne sais pas vraiment si on peut aller jusqu’à affirmer que les internationaux ont pris le pouvoir sur les Américains, nuance le Français du Thunder Ousmane Dieng. Ce qui est, par contre, certain, c’est qu’ils sont très bons. J’espère que cela va continuer et c’est une bonne chose pour la NBA ».
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Mondialisation, changement de règles, formation européenne…
Assistant-coach à Minnesota, Maxime Lefèvre confirme cette tendance : « Si on regarde dernièrement dans le détail la configuration des choses pour le titre de MVP, on se rend compte que majoritairement les meilleures places ont été trustées par des étrangers (comprendre non Américains) et finalement surtout des Européens. A part Embiid… et ce même s’il a un passeport français (sourire). Les meilleurs joueurs sont européens. »
« Et pourtant bien évidemment quantitativement il y a davantage de joueurs américains présents en NBA. On peut y voir effectivement une certaine prise de pouvoir des Européens et une certaine bascule s’opérer. Pourtant, c’est un jeu différent et ce n’est pas toujours facile de s’y adapter. C’est rapide et athlétique. Il faut quand même une certaine base physique pour parvenir à s’exprimer et s’y imposer ».
Mais alors pourquoi les meilleurs internationaux, notamment européens, y réussissent autant maintenant au détriment des Américains ?
« Il y a plusieurs raisons dont celle de la mise en valeur de la formation à l’européenne, explique l’assistant de Chris Finch. Le basket devient de plus en plus technique. Il existe aussi un changement des règles défensives. Dribbler, passer, shooter devient encore plus important. Certes, les qualités physiques restent importantes. Néanmoins, cela devient davantage compliqué de les utiliser surtout défensivement. »
« La NBA, c’est très physique, mais il y a des limites sur ce qu’on peut faire. Cela laisse alors plus d’espaces et de moyens de pouvoir s’exprimer offensivement. Tous ces aspects favorisent davantage la formation européenne très précise, plus centrée sur les fondamentaux, les développements et la liberté de mouvement. Sans oublier de mentionner le paramètre de la mondialisation. »
« Avant, le basket était intrinsèquement américain. Dorénavant, c’est partout. Si on regarde la population du reste du monde en comparaison avec celle des Etats-Unis, cela ne pouvait que changer le cours des choses. On ne peut pas omettre de parler donc de cette globalisation de la NBA, du basket et finalement du monde en lui-même ». Ce n’est encore pas en 2024 que les Américains reprendront le pouvoir ! A part peut-être aux JO…
Qui pour concurrencer Embiid pour le titre de MVP ?
Joel Embiid apparaît comme le grand favori à sa propre succession pour le titre de MVP de la saison. La sienne est à nouveau remarquable. Le pivot des Sixers est clairement candidat pour un deuxième titre consécutif. Ses 70 points marqués contre San Antonio ont marqué les esprits.
Il s’est rapproché encore un peu plus d’un record établi par Abdul-Jabbar en marquant plus de 30 points et en réalisant 10 rebonds pendant 13 matches consécutifs. Il domine offensivement et défensivement. Jokic a déjà remporté ce titre prestigieux deux fois (2021, 2022). La superstar du basket serbe accumule les performances d’exception. Sa capacité à influencer le jeu est colossale. Tout comme celle à mener les Nuggets, champions en titre, au sommet. Décrocher un 3ème titre de MVP n’a été réussi que par très peu de joueurs et il est en lice pour pouvoir le réussir. Luka Doncic, le franchise player de Dallas, est hautement considéré aussi dans les suffrages.
Avec une moyenne de plus de 33 points, 8,5 rebonds et 9 passes, ces chiffres démontrent chez le Slovène une régularité exceptionnelle. Il répond présent dans les grands rendez-vous avec ses statistiques incroyables et son leadership. Shai Gilgeous-Alexander réalise aussi une saison fabuleuse. Il est en nets progrès. Le meneur de jeu du Thunder empile les matches à plus de 30 points. Mais le Canadien sait servir aussi magnifiquement ses équipiers. Si Oklahoma continue sur cette lancée, SGA ne sera pas loin de la
vérité. Giannis Antetokounmpo, la superstar du basket grec, déjà sacré deux fois MVP de la saison (2019, 2020), garde des standards élevés. Avec 64 points collés aux Pacers mi-décembre, il ne baisse pas de régime. Il ne faut pas oublier Jayson Tatum (enfin un Américain !) non plus. L’ailier supersonique de Boston tourne à 27 points de moyenne, 8,4 rebonds et 4,4 passes. Contre les Nets, il a dépassé les 10 000 points en carrière. Il est devenu le plus
jeune joueur dans l’histoire des Celtics à y parvenir. Dans les fins de matches tendues, le natif du Missouri montre l’exemple. « Personnellement, pour le titre de MVP, j’aurais bien dit Embiid. Mais désormais il y a cette règle où il faut disputer 65 matches. Si tel est le cas je le vois bien décrocher cette nouvelle distinction. Après, Jokic demeure toujours à un très haut niveau » glisse l’assistant coach de Minnesota Maxime Lefèvre. Faites vos jeux !