Après six ans passés avec le tandem Louis-Vincent Gave-Jean-Baptiste Aldigé, la direction du Biarritz Olympique a changé de visage lors de la dernière intersaison. Aux commandes, Shaun Hegarty et Marc Baget, anciens joueurs du club dans les années 2000, accompagnés par Flip Van der Merwe et Arnaud Dubois. Leur mission : ramener de la sérénité et stabiliser un club qui peine à renouer avec son lustre d’antan.
Comme chaque été depuis plus d’une décennie, la période estivale a une nouvelle fois été mouvementée du côté d’Aguilera. Marquée par des années de discordes en tout genre, l’aventure du duo Louis-Vincent Gave-Jean-Baptiste Aldigé a pris fin après six années à la tête du Biarritz Olympique. Le bilan sportif reste toutefois positif avec en point d’orgue la remontée en Top 14 lors de la saison 2020/2021 acquise aux tirs au but lors du légendaire derby les opposant au voisin bayonnais. La suite ?
Une redescente immédiate en Pro D2 et deux dernières années disputées dans un climat délétère du fait des tensions entre la municipalité et la direction du club. Depuis le retour du BO en Pro D2, les rumeurs de départ du tandem Gave-Aldigé ne faisaient que s’accentuer.
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Le BO vendu pour 1€
Le couperet est finalement tombé en février. En plein milieu d’une saison déjà bien mal engagée, la direction annonçait alors que le club était à vendre pour un euro symbolique. Un soulagement pour Stéphanie Haristoy, membre du groupe de supporteurs Miarritzeko Mutilak.
« Nous, on était très contents de leur départ, cela faisait bien trois ans que cela se passait vraiment mal entre la direction et les supporteurs, surtout notre groupe. Il y avait trop de choses qui ne collaient pas avec notre identité. Dans une autre période, jamais la direction n’aurait fait venir quelqu’un (Mohamed Haouas, Ndlr) qui frappait sa femme. »
Biarritz a retrouvé son identité et de la sérénité
« Ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase pour nous, c’est pour cela que notre groupe de supporteurs n’était pas présent au stade la saison dernière. Aujourd’hui, nous sommes très contents, pour le moment, cela se passe très bien avec la nouvelle direction, ils ont mis pas mal de choses en place pour les supporteurs, maintenant, tous les groupes sont dans la même tribune. Ensuite, le recrutement est vraiment intéressant donc on espère avoir une belle saison, enfin ! »
Le groupe de supporteurs des Soldats Rouges est lui plus mesuré. « Le rachat s’est fait grâce à Shaun Hegarty qui était un proche du club, donc on a été rassuré sur le fait que ce soit lui qui prenne la relève. On a eu plus d’inquiétudes pour savoir si nous allions rester en deuxième division que de déception sur les départs de Louis-Vincent Gave et Jean-Baptiste Aldigé. Même si nous avions vécu des moments extra-sportifs très délicats, sur le plan sportif, on pense évidemment à ce derby qui restera dans l’histoire à tout jamais. »
Hegarty, l’enfant du pays à la rescousse du BO
Après des mois de tractations, le rachat du Biarritz Olympique est officiellement confirmé en juin. Autour de ce projet, on retrouve trois repreneurs : Shaun Hegarty (qui aura le rôle de président du conseil de surveillance) et Marc Baget (vice-président), anciens joueurs de Biarritz entre 2003 et 2006 ainsi que Flip Van der Merwe. Shaun Hegarty s’est exprimé à plusieurs reprises afin de rassurer les supporteurs.
« Shaun Hegarty, tout le monde le connaît ici. C’est un peu la garantie locale de leur projet parce que c’est lui connaît le club, il a joué ici, son entreprise a été fondée dans le coin », souligne le groupe de supporteurs des Soldats Rouges.
Le nouveau projet présenté par les repreneurs a en tout cas redonné de l’espoir aux supporteurs. La dernière campagne d’abonnements a été la plus prolifique depuis 2021, année de la montée de Biarritz en Top 14. Les ambitions sont claires : les trois prochaines années devront servir à rendre le club le plus sain possible avec une économie durable en Pro D2.
Le BO modernise ses infrastructures pour le Top 14
Une fois la modernisation des infrastructures terminée d’ici trois à cinq ans, le BO aura ensuite l’objectif de se joindre à la lutte pour une montée en Top 14. Autre volonté affichée par les nouveaux dirigeants : créer ou fidéliser les liens avec les clubs de la région.
Rendu impossible suite aux tensions entre l’ancien président biarrot Jean-Baptiste Aldigé et le président bayonnais Philippe Tayeb, la direction, bien aidée par la présence de l’ancien joueur de l’Aviron Marc Baget, a renoué des liens avec son voisin.
Un partenariat de quatre ans a été signé entre les deux clubs, chaque année, les deux équipes se réuniront lors d’une journée où les derbys se succéderont, des U10 jusqu’au groupe professionnel.
Malgré un rachat tardif, le recrutement effectué semble assez prometteur sur le papier. Les arrivées d’ex-éléments du Top 14 comme Beheregaray (Clermont), Acebes (Perpignan), Du Preez (Toulon), Fa’asalele (Toulouse), Dakuwaqa (Montpellier) ou Dolhagaray (Bayonne) ainsi que de joueurs référencés en Pro D2 comme Bonneval (Brive), Jaminet (Nevers), Guillemin (Montauban) ou Selponi (Provence Rugby) ;
Pour ne citer qu’eux, montrent que Biarritz reste toujours attractif en dépit de résultats en dents de scie et d’une instabilité chronique. Jérôme Thion, consultant pour la chaîne Canal +, est convaincu que le BO pourrait jouer les trouble-fête cette saison.
« J’en parlais avec Shaun (Hégarty, Ndlr). Je lui ai dit que Biarritz pouvait être la belle surprise. C’est vrai qu’ils ont vécu des saisons précédentes assez compliquées avec le président Aldigé. »
« Là, ils font table rase avec un nouveau président, une nouvelle dynamique et deux entraîneurs (Boris Bouhraoua et Rémi Bonfils, Ndlr) et on a des retours vraiment très positifs sur ce qu’ils font depuis le début de la saison, en termes d’intensité, d’ajustements sur les entraînements et d’écoute concernant les besoins des joueurs. »
Une première victoire de l’espoir
« C’est vraiment un groupe qui a été fait intelligemment. Ces nouveaux entraîneurs et ces nouveaux joueurs vont apporter une nouvelle dynamique à ce club qui en avait vraiment besoin. On parle d’Arthur Bonneval, de Piula Faasalele, de Mathieu Acebes, ce sont des garçons qui ont beaucoup d’expérience et qui dans un groupe peuvent amener une plus-value de par leur vécu. »
« Piula Fa’asalele, c’est joueur d’expérience qui va mettre beaucoup de combat, qui va amener de la densité, chose que n’avait pas le Biarritz Olympique la saison passée où il y avait un manque de régularité donc je pense qu’ils se sont appuyés sur des joueurs cadres comme cela pour avoir une stabilité dans le groupe et je pense que Biarritz pourrait être une petite surprise cette saison ».
Le Biarritz Olympique nouvelle version a entamé sa nouvelle aventure par une victoire à domicile face à Valence-Romans, la meilleure manière de construire un nouveau cycle qui doit permettre au géant endormi de se réveiller.
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Jules Lefebvre