lundi 17 mars 2025

RC Vannes : les secrets du stade de la Rabine

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Goupre Entreprendre

A l’image du buteur toulousain Thomas Ramos, tous les adversaires du RC Vannes sont bluffés par l’ambiance du stade de la Rabine. Membre du Kerlenn Gwened Breizh Rugby Kop, le club de supporteurs du RCV, Aymeric Bouthéon nous livre les secrets de l’antre du promu breton.

Supporteur, joueur, sponsor, vous avez plusieurs casquettes au RC Vannes !

Mon entreprise est sponsor du club. Je suis en même temps responsable de l’animation de la section loisirs vétérans donc je joue encore. L’année dernière, on était cinq à trouver que ça méritait de mieux se coordonner pour les supporteurs, du coup on a créé en novembre 2023 ce club de supporteurs. Ça structure l’engouement autour du RCV.

Un autre club de supporteurs existait depuis des années, mais il était en perte de vitesse. On est donc reparti d’une page blanche. Aujourd’hui, on est 300 membres. On a fini l’année dernière au chiffre symbolique du département du Morbihan ; 56 adhérents ! Notre rôle est d’animer les matchs à domicile et de coordonner les déplacements.

Justement, faites-vous tous les déplacements ?

Il y a beaucoup de demandes cette saison pour les déplacements par rapport à la Pro D2 où c’était plutôt en ordre dispersé. Il y a une énorme diaspora bretonne. Par exemple, les Bretons d’Auvergne voulaient absolument aller voir Clermont-Vannes. Il y a cette coordination non seulement de ceux qui font les déplacements et de ceux qui y vont.

En fait, on organise des déplacements pour tous les matchs, sauf Perpignan, Toulon, Montpellier. Ce sont des déplacements sur lesquels c’est compliqué d’avoir un prestataire transport. On a quand même pris des places en billetterie, mais les gens y vont par leurs propres moyens ou sont déjà sur place.

Le club vous aide-t-il ?

On est complètement main dans la main avec le club. Cette billetterie supporteurs extérieurs, c’est d’ailleurs nous qui la gérons. Quand on a envie de faire une animation, on voit avec le Stadium Manager. Les contacts sont fréquents et on s’entend bien avec le club.

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9000 abonnés pour 12 000 places à La Rabine

Le club compte 9000 abonnés. Au final, il ne reste que 2500 places à vendre à chaque match. Est-ce plus facile d’acheter des places à l’extérieur ?

Au moment de réouvrir les abonnements au grand public, le système a été pris d’assaut avec 30 000 ou 50 000 connexions. Le club a pris le parti de bloquer à 9000 abonnés sinon on aurait pu en avoir 11 000 ! Une toute petite partie des places est remise en vente pour le grand public.

Il y a des gens supporteurs de Vannes habitant Vannes qui n’ont pas de places pour les matchs. Quand le quota de places visiteurs n’est pas complet, quelques places sont remises en vente au dernier moment. Mais il y a beaucoup de frustrés. Le stade n’est pas extensible. Du coup, certains sont allés voir Vannes au Stade Français, à Clermont à défaut de pouvoir les voir à Vannes !

Vous devez avoir hâte que le projet d’un stade de 14 000 places voit le jour !

Ce sera une bonne chose pour le club et ses finances, et pour l’ambiance aussi. Le Chaudron prendra encore plus. On a hâte ! Forcément, il y aura plus d’ambiance. C’est déjà un stade sympa, un stade atypique de centre-ville il n’y en a pas beaucoup en centre-ville à deux pas du port. C’est notre Rabine !

Comment ça se passe avec les supporteurs adverses ?

Bien. On découvre cette habitude, cette tradition de réception entre clubs de supporteurs qui n’existe pas vraiment en Pro D2. 80 supporteurs adhérents officiels de l’UBB sont ainsi venus à Vannes. On les reçoit avec un repas deux heures avant d’aller au stade ensemble.

Il y a une convivialité très importante, très formelle, qui est une vraie découverte pour nous. Ça donne du boulot, mais c’est très sympa. Ceux qu’on accueille sont assez contents de découvrir Vannes et la région. Il y a de vraies histoires d’amitié. Des membres de notre club de supporteurs habitent sur l’Ile-aux-Moines. Il faut prendre le bateau. Des supporteurs de Brive sont restés deux ou trois jours chez eux lors du dernier match de Pro D2.

« C’est presque plus flippant quand on est buteur d’avoir un tel silence »

N’y a-t-il pas d’antagonisme avec certains clubs ?

On n’a pas de derby. Le derby, c’était Rouen en Pro D2. Ça peut être La Rochelle. En tout cas, on ne ressent pas du tout d’animosité. La Rochelle, c’est le grand frère de la côte Ouest. Rouen, c’était le frangin du Nord-Ouest de la France. A Vannes, les gens étaient tristes que Rouen descende. Il y a plutôt une forme de complicité avec le Grand Ouest, sans qu’il y ait de rivalité, au sens derby du terme.

Beaucoup d’adversaires sont surpris et élogieux concernant l’ambiance de la Rabine. Quelle est la particularité de ce public ?

Notre particularité, c’est notre localisation, le stade est accolé à un bâtiment historique qui est classé, tout près du port. C’est un petit stade qui a une histoire, qui a une âme avec tout un code, la musique bretonne, les galettes saucisses… L’autre spécificité, c’est que quand le match a commencé, c’est un public qui pousse, inconditionnel, exigeant, mais ce qui fait vraiment sa marque de fabrique, c’est son côté fairplay, un respect de l’équipe adverse, qu’elle ait gagné ou perdu, on la salue.

Ça commence dès la descente du bus. Ce n’est pas comme ça partout… Et il y a le fameux silence quand le buteur bute dont Thomas Ramos avait parlé sur le premier match. On respecte la concentration du buteur, donc c’est silencieux, il n’y a pas de clapping, de sifflets, de jurons. C’est assez rare. C’est presque plus flippant quand on est buteur d’avoir un tel silence.

Si les supporteurs toulonnais ont le PilouPilou, vous avez l’hymne breton !

C’est le Bro Gohz. C’est la même mélodie que l’hymne gallois. Tout le stade le reprend juste avant que les joueurs ne sortent du vestiaire. Comme pour le Pilou-Pilou, il y a quelqu’un qui lance cet hymne avec un micro.

Qui est le chouchou des supporteurs ?

Le chouchou, le produit maison, c’est Gwenaël Duplenne qui joue 15 et qui est l’enfant du club. Le public aime les joueurs généreux qui ne calculent pas trop. Après, il y en a quelquesuns, sans être formés ici, qui sont là depuis des années comme Paga Tafili ou Eric Markx qui en est déjà à 100 matchs chez nous.

Il y a aussi le coach Jean-Noël Spitzer qui a failli partir à Castres…

C’est une histoire extraordinaire d’accompagner notre club depuis aussi longtemps et d’avoir réussi à monter de trois divisions. C’est quelqu’un d’assez humble, qui ne va pas forcément se mettre en avant. Finalement, il a prolongé. Personne n’est irremplaçable, mais tout le monde est content qu’il reste ! S’il était parti, on aurait fait avec. De très bons joueurs de Vannes sont partis et on a géré. Quand Anthony Bouthier est parti, c’était quand même un joueur emblématique, mais le club a continué son chemin.

Ne serait-il pas dommage de redescendre en Pro D2 ou le fait de vivre une saison en Top 14 suffit-il déjà à votre bonheur ?

On n’est pas encore en Pro D2 ! Ce n’est pas perdu. La saison dernière, Perpignan était très très loin à la même période et a fini en boulets de canon. Ce sera dur. On le sait et on le savait. Sur le contenu, on n’est pas ridicule, mais beaucoup de matchs basculent sur pas grand-chose. Des bonus défensifs auraient pu se transformer en victoires. En tant que supporteurs, on ne lâchera rien. Les joueurs non plus.

On vendra chèrement notre peau. Il y a une phase de découverte aussi. Je pense au match de Toulouse, c’était un match de gala. Tout le monde était content, avait des étoiles dans les yeux. Le 2ème match au Stade Français pareil. A un moment, il faut être plus pragmatique et plus le gentil petit qui va se faire plumer par tout le monde. Si on se maintient, c’est un exploit, c’est super. Et si on redescend, ce sera compliqué, c’est prendre le risque de mettre quelques années à remonter, mais on sera toujours là pour soutenir le club. Ça aura été un gain d’expérience.

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