jeudi 25 avril 2024

Simon Gillham (Brive) : « le Bouclier en 2027, j’en rêve ! »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Président du Brive Corrèze Limousin et de vivendi village, simon Gillham (66 ans) veut que son club de Cœur se donne Les moyens de devenir champion de France. Mais avant que Ce rêve ne se concrétise, Certaines Priorités sont à Bien négocier dont celle de réussir une Fin de saison Piégeuse.

Simon Gillham impatient de finir la saison sur une bonne note

Que vous inspirent les résultats de Brive ?

(sourire) On rentre dans le money time. Cette saison, on a des résultats en dents de scie. On a pu réaliser des matches extraordinaires comme contre le Racing 92 (12-10, 10ème j.), même en faisant match nul contre le MHR (16-16, 18ème j.).

On peut donc produire un superbe rugby. A côté de cela, on peut connaître de très grosses absences à l’extérieur. Parfois, on ne comprend vraiment pas. Ce type de scénario a été criant lors de la première période contre La Rochelle par exemple (15-41, 20ème j.). On avait l’impression qu’on envoyait l’équipe C !

Cela a été par contre bien mieux en deuxième période. Dorénavant, nous bataillons pour le maintien. Nous ne sommes vraiment pas là où nous voulions être. Notre objectif était de finir à la 8ème place. Nous allons donc devoir lutter contre Biarritz, Toulon, Perpignan. Cela fait 16 ans que je suis au club. On a l’habitude (rires). On sait batailler.

Vous n’êtes donc pas inquiet.

Je le suis toujours par définition pour mon équipe. Vous reprenez une photo de moi en 2006, j’avais des cheveux. J’étais jeune et beau. Maintenant, je suis vieux et chauve (sourire). C’est le rugby. Mais j’aime tellement notre club ! C’est un vrai club de rugby.

On est la 110ème ville de France en population, mais on figure parmi les 14 meilleurs clubs de rugby. C’est une fierté avec le 13ème budget de Top 14 . On boxe contre des clubs qui ont parfois deux fois notre masse salariale. On est fiers de ce qu’on fait, de nos jeunes et de nos valeurs. Je retrouve dans ce club de terroir-un projet territorial, des valeurs fortes que mon père m’a inculquées. Je continue d’année en année à batailler.

« Le CAB a besoin de son Vito, de son Wilkinson. »

Comment le club a-t-il traversé la crise sanitaire ?

Nous avons eu la chance d’avoir des fonds propres. On a pu gratter dessus. On a également fait une gestion de Corrézien ou d’Auvergnat (rires). Nous avons géré cela au centime près. On a aussi perçu des aides sur les salaires. Cela nous a beaucoup aidés. Je tiens d’ailleurs à remercier les autorités publiques. Pourtant, le coup moral était dur.

Le rugby est par essence un sport collectif. On ne connaît pas le télétravail (sourire). C’est toujours un prétexte ou une raison pour se retrouver autour d’un verre ou avec des amis. Le rugby fait crier, chanter, pleurer, rire… Ce sont des émotions qui font qu’on aime la vie. On a mis tout cela en stand by. Les retrouvailles n’en ont été que plus belles.

Pouvez-vous nous parler de votre Projet 2030 ?

On a quatre piliers : le sportif, la formation, les infrastructures et le projet inclusion université. L’objectif principal est de pérenniser le club en Top 14. Ensuite, c’est d’investir dans la formation en créant un nouveau centre de formation. Il faut en parallèle développer les infrastructures avec des tribunes et des loges avec restaurants.

C’est dans les tuyaux. Dernier point tout en restant fidèle à nos valeurs de terroir, il s’agit de devenir un club beaucoup plus intrusif. On va notamment axer beaucoup plus sur le rugby féminin. On a signé un nouveau partenaire, Sonepar, basé exclusivement sur le rugby féminin.

Nous voulons faire venir plus de filles au club en provenance de la campagne ou des quartiers. On veut attirer ce type de public à nous, alors qu’on pense de prime abord qu’il ne viendrait pas au rugby. On ne veut pas voir comme abonnés non plus que des hommes blancs et chauves comme moi, au stade. Mais des familles, des jeunes…

« On est la 110ème ville de France en pOpulatiOn, mais On Figure parmi les 14 meilleurs clubs de rugby. c’est une Fierté avec le 13ème budget de tOp 14 »

D’ici 2030, quelle équipe a le plus de chances à Brive de remporter le titre de champion ? L’équipe masculine ou féminine ?

(rires) Je serais ravi que ce soit l’une ou l’autre. Ce serait une grande fierté si l’équipe 1 féminine devenait championne de France. Il y a cinq ans, le rugby féminin existait à peine à Brive.

Simon Gillham croit au Bouclier de Brénus

Le titre pour les garçons d’ici 2030 vous y croyez ?

(silence) J’y crois. Plus que cela encore, j’en rêve. Quand je repense à ce bonheur que la Coupe d’Europe a apporté à tout un territoire en 1997, pourquoi ne pas rêver pour 2027… D’autant que Brive n’a jamais été champion de France (vice-champion en 1965, 1972, 1975, 1996, Ndlr).

Mais comment déjà passer d’un top 10 à un top 6 ?

Les infrastructures, c’est essentiel. On investit aussi beaucoup d’argent dans un centre de performance. Il a changé la vie des joueurs. Mais maintenant on a besoin de nouveaux partenaires et investisseurs.

Faut-il davantage miser sur la formation ou alors prendre le risque de faire venir quelques grosses pointures étrangères ?

La problématique n’est pas tant de faire venir de grosses pointures françaises ou étrangères, mais plutôt d’avoir des patrons à des postesclés. Vito, le 3ème ligne centre du Stade Rochelais, a transformé ce club. Tous les joueurs autour de lui ont voulu jouer pour lui, et autour de lui.

J’ai discuté longuement avec lui samedi soir. Il m’a expliqué tout cela. Vincent Merling est un ami. Je respecte beaucoup son projet. Wilkinson a été lui en son temps un exemple incroyable à Toulon. Combien de joueurs ont joué autour de lui ! Il était l’Anglais que les Français détestaient. Mais quand il est venu en France, tout le monde l’a aimé. Jonny avait tellement soif de titres… Tout cela pour dire que pour faire venir les bons joueurs et nourrir plus d’ambitions, il faut avoir plus d’argent. Donc encore une fois des nouveaux investisseurs…

Il faudrait donc un budget de 20 M€ pour être à l’aise.

Disons 23. Cela permettrait d’avoir une plus grande profondeur de banc. C’est une des raisons pour laquelle on a beaucoup de mal à l’extérieur. On fait tourner.

Un dernier Top 6 en 2009

La dernière fois que Brive a atteint le top 6 c’était en 2009, mais c’était aussi une autre époque avec un puissant actionnaire Derichebourg derrière.

Oui. Quand Derichebourg était présent, il injectait des millions. Mais il n’y avait pas à l’époque tout ce qu’on a aujourd’hui. Pas les Allianz, Andros, Vivendi… Nous, ce qu’on a fait, c’est qu’on a étalé le risque. Cela implique que si un sponsor s’en va cela ne tuera pas le club (sic).

Alors que quand Derichebourg a stoppé en 2009 d’injecter de l’argent, on a failli déposer le bilan. On était à deux semaines de vivre cette situation. Aujourd’hui, le club va bien. Il y a des fonds propres. On est solides.

La vente du club est-elle une possibilité ?

La priorité est de trouver de nouveaux partenaires. Vivendi est venu et est investisseur à hauteur de 16%. Il en faut d’autres comme celui-là.

Où en êtes-vous à ce sujet ?

C’est un travail quotidien. Il faut appeler, demander…

Quelles sont les pistes concrètes actuelles ?

On est bien dans cette recherche permanente de nouveaux partenaires. Mais vous pensez bien que je ne vais pas vous dévoiler l’identité de ces pistes (sourire).

Il y en avait une émanant du Moyen-Orient…

Elle commence à dater. On avait refusé car elle ne rentrait pas dans nos valeurs. Pour finir, imaginez-vous une relégation en fin de saison ?
Je n’y pense surtout pas.

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