jeudi 28 mars 2024

Teddy Thomas (Stade Rochelais) : « Pour l’instant, il y a meilleur que moi en Équipe de France »

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Teddy Thomas a été l’une des stars du marché des transferts cet été en quittant le Racing 92 pour La Rochelle. Même s’il n’aime pas trop l’exercice médiatique, le néo-ailier maritime a accepté de se confier. Entretien réalisé pour Rugby Magazine et Le Quotidien du Sport.

Vous fêtez cette année vos dix ans de professionnalisme. Quel souvenir gardez-vous de vos débuts avec Biarritz ?

Je me rappelle très bien de ma première titularisation, c’était contre Grenoble il pleuvait. C’était compliqué vu le temps, mais la soirée avait été belle car on avait gagné. Moi qui étais quelques années plus tôt ramasseur de balles dans ce même stade, je jouais mon premier match professionnel entouré de grands joueurs et devant ma famille, vous pouvez aisément imaginer l’émotion ressentie. J’étais très à l’écoute des grands joueurs qui m’entouraient.

A l’époque, j’étais un peu inconscient, je ne réalisais pas trop, j’étais dans une phase où je faisais du rugby pour m’amuser. C’est cet esprit d’amusement qui m’a amené à le pratiquer. Là, tu te retrouves dans un club professionnel avec toutes les structures qui vont avec, tu t’entraînes avec des joueurs que tu admirais à la télé, mais tu as toujours un peu ton âme d’enfant. Je côtoyais quand même tous les jours des gars comme Harinordoquy, Traille, Yachvili, ce n’est pas rien. C’est avec le temps et au fil des matches que tu prends conscience de l’importance du résultat. Tu grandis, tu mûris comme dans la vie.

Vous avez percé très jeune, à l’âge de 19 ans, vous avez rapidement été sous les feux des projecteurs alors que vous étiez encore en apprentissage. Comment avez-vous géré cette soudaine médiatisation ?

C’était assez brutal, Quand on commence à jouer au rugby, on veut être reconnu pour ce que l’on fait sur le terrain mais, avec la médiatisation, ça change. A l’époque, on parlait beaucoup des jeunes qui arrivaient en équipe pro car il y en avait peu qui avaient leur chance, ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui, les jeunes sont rapidement utilisés et c’est très bien. Il y avait Gaël Fickou, Christopher Tolofua et moi, c’était à peu près tout. C’était perturbant car on n’était pas préparé à cette médiatisation.

Avez-vous pris des cours de média training ?

Non, il n’y en avait pas puis quand c’est devenu à la mode je n’en ai jamais ressenti le besoin.

A 21 ans, vous partez à Paris en signant au Racing 92. A-t-il été facile pour vous de vous habituer à la vie parisienne et de ne pas vous y perdre ?

C’est une vie totalement différente, la notoriété prend le dessus. Tout parait simple, on t’invite partout. Tu es jeune, plein de fougue, tu sors jusqu’au moment où le corps te le fait payer. Quand j’ai été appelé en équipe de France, j’ai eu une prise de conscience même si je faisais ma passion tous les jours, que je m’éclatais, il fallait faire attention à l’entraînement invisible, je ne pouvais pas faire n’importe quoi. Les épreuves, les blessures m’ont aussi permis de réfléchir et de mûrir.

« Les épreuves, les blessures m’ont permis de réfléchir et de mûrir »

Parmi tous les joueurs que vous avez côtoyés, quel est celui qui vous a le plus impressionné, qui vous a aidé à grandir ?

Je dirais Joe Rokocoko car on a joué au même poste, il m’a donné des conseils, c’était un sacré ailier. Après, j’ai joué avec Dan Carter et d’autres énormes joueurs donc il est difficile d’en ressortir un seul, mais Joe Rokocoko c’est la classe sur et en dehors du terrain.

Vous subissez beaucoup de critiques, notamment sur votre nonchalance ou vos largesses défensives. Vous touchent-elles ?

Au début, ce n’est pas évident, après avec l’expérience on a des œillères on ne fait plus trop attention mais, pour la famille, ça reste difficile de lire des choses négatives alors qu’elle me connait bien, elle ne me retrouve pas toujours à travers les articles. Je ne me plains pas car on a la chance de vivre de notre passion. J’ai toujours accepté les critiques quand elles étaient justifiées. Je suis conscient de mes performances, de mes lacunes. J’ai toujours été conscient qu’il y avait beaucoup d’attentes, je suis lucide sur mes performances et je n’ai pas besoin de lire les journaux pour savoir si j’ai fait un bon match ou pas. Je suis naturel, sans filtres, je n’ai jamais fait de média training, je suis, en revanche, accompagné d’une psychologue, depuis de longues années. Nous sommes étroitement liés, c’est l’une des personnes les plus importantes de mon entourage car elle m’aide beaucoup pour maîtriser mes émotions, travailler sur moi.

Vous êtes peu présent dans les médias. Pourquoi ?

Je n’aime pas trop parler de moi, je préfère que ce soit les autres qui le fassent. Au Racing, il est arrivé que j’ai plusieurs demandes d’interviewes chaque semaine donc oui je refusais car je n’avais pas envie de me répéter. Les journalistes posent souvent les mêmes questions (sourire).

Pour évoluer à votre meilleur niveau, vous avez besoin d’être en confiance. Est-ce la présence de Ronan O’Gara qui vous a convaincu de rejoindre La Rochelle ?

Entre autres. C’est vrai qu’après l’avoir connu au Racing 92, j’avais envie de recréer le lien avec lui, J’adore ce genre d’entraîneur qui vous dit les choses, qui sait ce qu’il veut. Il a été champion d’Europe et a montré qu’il était l’un des meilleurs coachs en Europe. J’ai aussi beaucoup appris avec Laurent Labit et Laurent Travers au Racing 92. Ils sont venus me chercher alors que j’étais très jeune. J’ai de très bons rapports avec Laurent Labit. Ils ont cru en moi alors que je n’étais encore qu’un jeune joueur prometteur et ils m’ont aidé à progresser à atteindre et durer au plus haut niveau.

Laurent Labit est aujourd’hui en équipe de France, pas vous, pourtant le staff et Fabien Galtié vous apprécient beaucoup. Croyez-vous encore en la sélection et notamment à une participation au Mondial ?

Je travaille pour être performant en club et être appelé bien sûr. J’essaie de gommer mes lacunes. Tout joueur rêve de la sélection quel que soit le sport. Mais, pour y être, il faut être meilleur que les autres et pour l’instant ce n’est pas mon cas.

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