mardi 8 octobre 2024

Tony Estanguet : avant le patron de Paris 2024, un vrai héros olympique

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Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Depuis sa première médaille d’or remportée à Sydney en 2000 jusqu’à Londres en 2012, Tony Estanguet aura été l’un des héros des Jeux Olympiques.

Parler de Tony Estanguet, c’est parler d’un compétiteur né capable de se transcender à chaque coup de pagaie. Issu d’une famille de céistes avec ses frères Aldric et Patrice, médaillé de bronze aux JO d’Atlanta en 1996, ils se lancent dans le grand bain pour suivre l’exemple de leur père Henri Estanguet, trois fois vice-champion de France. Rapidement, Tony s’invite parmi les meilleurs au point d’accompagner Emmanuel Brugvin aux JO de Sydney au détriment de son frère Patrice. Il surprend la concurrence et remporte son premier titre olympique en devançant les Slovaques Michal Martikan, le champion olympique en titre, et Juraj Mincik.

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« Tony Estanguet était au-dessus du lot »

Tony Estanguet est alors la référence au niveau mondial. Toutefois, c’est toujours dans la peau de l’éternel dauphin qu’il aborde les JO de 2004 à Athènes. Michal Martikan confisquant les titres mondiaux au point d’être le meilleur ennemi du Français. Et au Complexe olympique d’Helliniko, le Slovaque confirme sa volonté de reprendre l’or à Estanguet en étant en tête lors des qualifications puis en demi-finale.

Mais le Palois sort la manche qu’il faut pour devancer en finale Martikan pour 12 centièmes de seconde. Un deuxième titre olympique savoureux. En 2008, c’est la désillusion. Tony Estanguet a fini par enfin devenir champion du monde en 2006 et il veut briller à Pékin. Seulement, ça ne se passera pas comme prévu.

« Tony (Estanguet) était lui porte drapeau, explique Sylvain Curinier, son entraîneur sur les JO 2012. Il avait affiché qu’il souhaitait accrocher ce 3ème titre olympique. Il se prend un mur énorme. Il n’accède pas à la finale olympique. Avec une Olympiade de doutes. »

Derrière, Tony ne veut pas partir sur une fausse note et il repart pour la conquête d’une vie, sa 3ème médaille d’or aux JO de Londres 2012, ses derniers. « Ça a été une reconstruction énorme de sa part, affirme Curinier. Il a eu l’énergie de la mener jusqu’au bout. Je l’y ai aidé en révolutionnant son schéma de construction qui l’avait fait agner avant. C’est d’autant plus beau pour un athlète comme ça. Il a su se remettre en question après tout ce qu’il avait gagné dans sa carrière. »

Tony Estanguet décroche sa 3ème médaille d’or en 2012

Médaillé d’argent à Barcelone en 1992, Sylvain Curinier a été l’entraîneur qui a permis à Tony Estanguet de remporter sa 3ème médaille d’or en 2012. Tout en permettant à Emilie Fer de décrocher sa première la même année. Aujourd’hui responsable de la cellule d’accompagnement à la performance, Curinier est au cœur du projet Paris 2024. Et l’expérience acquise aux côtés de Tony Estanguet lui est précieuse.

« Ce sont de beaux cadeaux sur le moment, mais rien n’est jamais acquis. Après, c’est un engagement énorme de quatre ans sans savoir l’issue. Je mesure tous les jours ma chance d’avoir vécu cela et d’avoir pu accompagner un athlète de cette exception, qui a pris une envergure énorme à la suite de cette Olympiade. C’était dans sa stratégie d’arriver dans le giron olympique pour partager sa passion à de nombreuses personnes. Il est sur un énorme projet aujourd’hui avec les JO de Paris. »

Même si tout n’a pas été simple pour réussir cette mission à Londres. « Chaque manche était différente. En passant par les qualifications, les demi-finales et même la finale. Les temps de finale s’améliorant même par rapport aux précédents. C’était loin d’être acquis avec la concurrence notamment de Martikan. Il a mené sa préparation de Pékin avec un contrôle total pour réussir. Avec le résultat que l’on sait. Pour Londres, il fallait accepter le doute et que le doute nourrisse l’ambition d’un point de vue positif. Pas comme à Pékin, en étant en-dessous de ses possibilités. »

Sur le stade d’eau vive de Lee Valley White Water Centre, Tony Estanguet monte progressivement en puissance alors que Michal Martikan est déjà à son meilleur niveau. Tout comme le surprenant slovène, Benjamin Savsek. Mais pour Sylvain Curinier, le principal problème réside dans la capacité de voir Estanguet dompter le parcours.

Le Français a galéré pour sa 3ème médaille

« Le plus gros adversaire était la tension de la compétition. Une 4ème expérience olympique avec un gros échec, c’était un gros pari. Il a fallu gérer ce pari et le parcours. La rivière a été très difficile. C’était le focus ultime. Le duel arrivait après avec Martikan. »

7ème temps du tour préliminaire, le Français retrouve le podium provisoire à l’issue des demi-finales. 3ème temps au moment de s’élancer en finale, il sait qu’il doit réaliser un dernier temps canon pour retrouver l’or. « Il franchit la ligne d’arrivée avec un temps énorme (97s06, Ndlr). On se retrouve avec Patrice et Tony. Il restait encore deux concurrents (Savsek et Tasiadis, Ndlr). Je savais que l’on ne pouvait pas faire mieux. Il a réalisé une performance exceptionnelle. Il était médaille d’or, mais on aurait été déçu d’une autre médaille. Il était au-dessus du lot. »

De nouveau médaillé devant le Grec Sideris Tasiadis et Michal Martikan, Tony Estanguet peut exploser de joie. Mais pour Sylvain Curinier, sa plus grande victoire a été de le faire avec son frère Patrice. « C’est une immense fierté et émotion d’avoir emmené ce projet jusqu’au bout. Avec les deux frères. Patrice (Estanguet) faisait partie de l’aventure. C’était une fierté de les réunir sans que cela déborde. J’ai aussi donné la possibilité à Tony de vivre ses 4èmes JO sereinement avec une pression énorme. A l’entraînement, on sait que l’on a de la marge. Il n’en a pas eue tellement finalement. Dans ce sport, le titre n’est jamais acquis avant d’avoir passé la dernière porte. Ce sont quatre ans focus que sur ça. C’est une chance. On a joué jusqu’au bout pour gagner. » Avec le succès qu’on lui connait…

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Avec trois titres olympiques, Tony Estanguet fait partie des 18 athlètes ayant réussi à remporter au moins 3 médailles d’or aux JO. Si le record appartient à Martin Fourcade avec 5 titres, toutes olympiades confondues, il est aussi derrière les escrimeurs Lucien Gaudin et Chrisitian d’Oriola qui comptent 4 titres. Avec trois médailles d’or, Estanguet est l’égal de Pérec, Ballanger, Morelon, Rousseau, Abalo, Guigou ou encore Killy. Nikola Karabatic et Teddy Riner auront l’occasion d’accrocher une 4ème médaille d’or à Paris.

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