Malgré sa cauchemardesque première finale de Top 14, l’UBB s’appuie sur sa régularité au plus haut niveau depuis cinq ans pour considérer que le jour J n’a peut-être jamais été aussi proche.
Sur le pré comme dans les bureaux, tout est une question d’équilibre. Pour ne pas avoir été en capacité d’assurer le leur, par manque de profondeur de banc surtout, les joueurs de Yannick Bru ont été châtiés dans d’inédites proportions le 28 juin en finale (3-59). Pour ne pas revivre une pareille humiliation, les Girondins n’ont pas d’autres choix que d’augmenter leur surface économique.
Dans ce registre, notamment grâce à un engouement populaire qui se confirme, saison après saison, qui fait de Chaban-Delmas le stade le plus rempli de France, le président Marti a pu dresser un bilan financier plutôt positif sur TV7 en juillet.
Après trois exercices positifs, mais largement surévalués en raison des aides Covid ou des primes Coupe du monde pour ses nombreux internationaux, « quand je me projetais sur le prochain budget, je voyais bien qu’il n’y aurait plus d’exceptionnel et que l’on allait retomber dans la véritable économie du club. La bonne nouvelle, c’est que si on a les mêmes recettes que la saison passée, on se rapprochera de l’équilibre. »
En étant presque au maximum du salary cap, moins dépendant de son actionnaire majoritaire, l’UBB trouverait dans ce rythme de croisière matière à avoir encore davantage d’ambition sportive.
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Pour oublier le Vélodrome 2024, direction le Stade de France 2025 !
Le recrutement est une première conséquence. Après avoir déjà franchi un palier la saison passée an attirant des internationaux ;
Coleman, Lakafia, Tatafu, Tapuai et surtout Penaud, dans le sillage d’un des coachs les plus demandés du moment, Yannick Bru, le Mercato 2024 confirme cette montée en puissance. Avec le même mot d’ordre qu’il y a un an pour renforcer la puissance du pack, faiblesse bordelaise récurrente.
En 3ème ligne, le dynamisme et l’enthousiasme des jeunes biarrots Tiaan Jacobs et Temo Matiu, associés à l’expérience du redoutable plaqueur australien, Swinton, apporteront un vrai plus à Tatafu, Samu, Vergnes-Taillefer
et Diaby. En 2ème ligne, l’international écossais, Jonny Gray sera très attendu pour sa solidité en touche et sa mentalité de guerrier.
Complété par le jeune pilier gauche Matis Perchaud, que Bru a bien connu à Bayonne, le pack semble enfin avoir les moyens de permettre à l’UBB de jouer en avançant, même lorsque la pente se raidit.
L’UBB maudit avec les barrages du Top 14
Il en va de l’intégration du centre sud-africain Rohan Janse Van Rensburg, de l’ailier arrivant d’Oyonnax, Enzo Reybier, et surtout de l’ouvreur irlandais, Joey Carbery, pour permettre à Jalibert de souffler de temps en temps ou (et) de se challenger davantage. C’est en revenant sur les fondamentaux d’engagement et de puissance, de discipline et de solidarité que Bru entend exploiter encore davantage l’énorme potentiel offensif de ses arrières.
Porté par un Depoortère que le président Marti voit gros comme… une maison « Il va être une pièce maîtresse pour l’avenir de l’UBB, ce sera un capitaine qui incarne beaucoup de choses. Il est simple, compétiteur et a beaucoup de qualités en tant que joueur », pour digérer l’affront du Vélodrome, les Penaud, Bielle-Biarrey, Moefana, Uberti, Tapuai, Lucu ou Buros ont les moyens de se mettre le plus vite possible en direction d’un Stade de France que l’UBB n’a toujours pas honoré de sa présence.
« Pour ça, si on ne termine pas dans les deux premiers, il est difficile de viser le titre », conclue le président Marti.
Depuis 2018, effectivement, aucun barragiste n’a été champion. La dernière fois que l’UBB s’est retrouvé en bonne position (1er après la 17ème journée), c’est le Covid qui est venu arrêter sa course. Depuis, trois demi-finales et une finale ont installé les Girondins aux portes de la gloire. Avec un effectif renforcé et revanchard, il ne reste plus qu’à les ouvrir. Sans forcément attendre d’être invité…
Enfin dans la cour des grands ?
A défaut d’avoir accroché un titre, qui date de l’époque bèglaise des années 90, la première finale de l’ère UBB a tout de même brisé le plafond de verre d’un club qui s’était toujours arrêté en demi-finale. A l’ombre des cadors du Top 14, Toulouse, Racing 92, Clermont, La Rochelle, Toulon et même Castres, Stade Français ou Montpellier, le club girondin est le seul grand club de métropole à n’avoir aucune ligne à son palmarès.
Cette spécificité, qui le place au même niveau que Bayonne ou Pau, aux ambitions et aux résultats moins affirmés, reste une frustration pour le président Marti dont le travail de fond commence à porter ses fruits sans permettre pour autant encore à son club de prétendre être entré dans la cour des grands.
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Le club girondin débutera sa septième campagne de Champions Cup dans la poule 1 avec le Stade Toulousain (que l’UBB n’affrontera pas), les Holywoodbets Sharks sud-africains, vainqueurs du Challenge Cup la saison passée, les deux clubs anglais d’Exeter et de Leicester, les Irlandais de l’Ulster.
Terminer dans les quatre premiers lui permettrait d’accéder aux 8èmes de finale pour la 3ème fois de son histoire après une demi-finale en 2021 (Toulouse, 9-21) et un huitième de finale en 2022 (La Rochelle, 23-31).
Le mercato de l’UBB
- Arrivées : Perchaud (Bayonne), J. Gray (Exeter, Ang.), Swinton (Waratahs, Austr.), Matiu (Biarritz), Jacobs (Biarritz), Carbery (Munster, Irl.), Van Rensburg (Canon Eagles, Jap.), Reybier (Oyonnax)
- Départs : Kaulashvili (Pau), El Maslouhi (Béziers), Maynadier (retraite), Marais (retraite), Douglas (La Rochelle), Jolmès (Pau), Miquel (Oyonnax), Holmes (Oyonnax), Tambwe (Montpellier), Moustin (Montpellier), Vili (Vannes)
La recrue : Jonny Gray
Révélé chez les Glasgow Warriors, l’international écossais aux 77 sélections Jonny Gray évoluait chez les Exeter Chiefs depuis quatre saisons. Au-delà de son expérience internationale, le 2ème ligne de 30 ans au gabarit impressionnant (2m, 122 kg) a aussi une Champions Cup à son palmarès et un titre de champion d’Angleterre. Sa puissance devrait énormément apporter à un pack qui en a manquée cruellement face aux meilleurs. Avec l’Australien Swinton, autre recrue estivale, une vraie plus-value pour la mêlée.
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Tom Boissy