Du premier Grand Chelem (à cinq équipes), décroché dans la « cour de ferme » de Cardiff en 1968 au dernier (à six équipes), gagné de haute lutte à l’Aviva Stadium, le nouveau temple du rugby irlandais, le XV de France a souvent écrit loin de ses bases, et au mois de mars, les plus belles pages de son histoire dans le Tournoi.
Pays de Galles – France : 9-14 (1968)
L’obstacle qui sépare le XV de France du premier Grand Chelem de son histoire ne peut pas être plus imposant et intimidant que le cadre majestueux d’un Arms Park plein comme un oeuf, que la réputation d’un XV gallois considéré alors comme le meilleur du Vieux Continent, amené par celui qui n’allait pas tarder à devenir le meilleur joueur du monde, Gareth Edwards.
Dans des conditions météorologiques dantesques, un terrain qui n’en a que le nom, c’est moins dans le french flair que dans l’engagement et le goût du combat que les Français sont allés chercher cette quatrième victoire synonyme de Grand Chelem.
« Le terrain était difficile, très boueux, se souvient Jo Maso, et nous avions abordé ce match sans pression particulière car l’impact médiatique du Tournoi n’avait encore rien à voir avec ce qu’il est aujourd’hui ».
La dimension historique du moment n’a tout de même pas échappé aux joueurs de Christian Carrère, le capitaine, et auteur de 2ème essai en fin de rencontre qui a suscité pas mal de commentaires outre-Manche. A la réception d’un drop trop court de Lilian Cambérabéro, l’opportuniste 3ème ligne de Toulon a en effet aplati entre les poteaux.
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Quand Maso met le bleu de chauffe
Peut-être en position de hors-jeu… selon la presse galloise. Le tournant du match alors que les Bleus sont menés de 6 points à pause. « On savait que ça allait se jouer devant, poursuit Maso, dans notre capacité à être bons en conquête et dans les regroupements. » Récompensés par un premier essai de Lilian Cambérabéro, les Bleus renversent la table au meilleur moment pour coiffer le XV du Poireau dans les derniers instants.
« A défaut d’être le plus beau, il s’agit du match le plus important de ma carrière, qui s’était terminé sur le terrain au milieu des supporteurs » conclue Jo Maso qui, dans un contexte aussi difficile où le jeu n’avait pas été très emballant, a su, lui aussi, mettre le bleu de chauffe !
4ème journée : 23 mars 1968 à l’Arms Park de Cardiff 9-14 (mi-temps : 9-3)
Pour le Pays de Galles : essai de K. Jones, pénalité de D. Rees (2)
Pour la France : drop de G. Cambérabéro, essais de C. Carrère et L. Camberabero, transformation de G. Cambérabéro et pénalité de G. Camberabero
Pays de Galles : Rees K. Jones, Dawes (cap.), Raybould, Richards John (o), Edwards (m) Taylor, R. Jones, Morris Wiltshire, D. Thomas, Lloyd, Young, O’Shea
France : Lacaze Campaes, Maso, Dourthe, Bonal L. Camberabero (m), G. Camberabero (o) W. Spanghero, Carrère (cap), Greffe, Cester, Plantefol, Lasserre, Yachvili, Noble
1977 : IRLANDE FRANCE : 6-15
Comme neuf ans auparavant, pour la victoire à l’Arms Park, c’est après avoir été mené à la pause que le XV de France trouve les ressources pour revenir et s’offrir un 2ème Grand Chelem sur la pelouse du mythique Lansdowne Road.
Un an après en avoir été privés par les Gallois, les Français font bloc autour des 15 mêmes joueurs, alignés de la première à la dernière minute de ce 43ème Tournoi des V Nations, pour conclure à Dublin sans jamais avoir encaissé un seul essai. L’exploit est rare, validé à l’issue d’un match très serré qui a mal débuté avant que Jean-Michel Aguirre ne sorte de sa boîte.
D’abord en égalisant à 6-6 juste après la pause sur une pénalité, ensuite en effectuant une de ses percées plein champs dont il a le secret et qui vaut à Jean-Pierre Bastiat son moment de gloire pour le seul essai de la rencontre.
Et Aguirre sortit de sa boite…
Relayé par Sangalli et l’impeccable Paco, dernier passeur avant l’en-but, l’éclair de l’arrière bagnérais est le symbole d’une équipe qui n’avait plus gagné à Dublin depuis 10 ans. L’action de 70 mètres offre une avance de 6 points que l’incontournable Aguirre porte à 9 en y allant de sa deuxième pénalité à l’heure de jeu. Les Bleus étaient passés devant et n’allaient plus lâcher le morceau.
5ème journée : 30 mars 1977 à Lansdowne Road (Dublin) 6-15 (mi-temps : 6-3)
Pour l’Irlande : 2 pénalités de Gibson (12ème) et Quinn (30ème)
Pour la France : essai de Bastiat (48ème), transformation d’Aguirre (49ème), 3 pénalités de Romeu (23ème) et Aguirre (46ème et 68ème)
Irlande : Ensor Grace (cap.) (puis BlackKnox), Finn, Gibson, McLennan Quinn (o), Robbie (m) (puis McGrath) Slaterry, Duggan, Steele, Hakin, Keane, Byrne, Whelan, Orr
France : Aguirre Averous, Sangalli, Bertranne, Harize Fouroux, cap. (m), Romeu (o) Rives, Skrela, Bastiat, Imbernon, Palmié, Cholley, Paco, Paparemborde
1981 : ANGLETERRE FRANCE : 12-16
Un Grand Chelem décroché sur le sol anglais a toujours un petit peu plus de saveur que les autres… même face à un XV de la Rose qui ne peut plus jouer la gagne. Ce troisième sans faute n’a longtemps été qu’une évidence tellement les Bleus ont dominé leur affaire pendant une mi-temps. Deux essais, deux drops et une transformation de Laporte donnent 16 points d’avance à la pause, de quoi voir venir pour gérer un réveil anglais qui ne fait pas de doute et qui a bien lieu dès le retour des vestiaires.
Le coup de filou de Berbize !
Mais avant, dans le sillage d‘un Rives déchaîné, les Français récitent leur rugby à l’instar d’un deuxième essai magnifique initié par Rives, relayé par Berbizier, Laporte, Bertranne et Pardo avant que Codorniou retrouve Pardo dans son dos. Dans un style bien différent, le premier a surpris tout le monde, même le réalisateur de la rencontre qui n’a pas vu venir le coup de filou de Berbizier, jouant rapidement une touche pour mettre Rives, encore lui, et Lacans sur l’orbite de l’enbut anglais.
A 40 minutes du coup de sifflet final, ne reste plus qu’à tenir… ce que font les Français pour offrir à leur nouveau sélectionneur, Jacques Fouroux, le premier trophée de sa carrière d’entraîneur.
5ème journée : 21 mars 1981 à Twickenham (Londres) 12-16 (mi-temps : 0-16)
Pour l’Angleterre : pénalités de Rose (42ème, 52ème, 68ème et 74ème)
Pour la France : drops de Laporte (13ème et 41ème), essais de Lacans (23ème) et Pardo (35ème), transformation de Laporte (24ème)
Angleterre : Rose Carleton, Woodward, Dodge, Slemen Davies (o), Smith (m) Cooke, Scott, Jeavons, Coldough, Beaumont (cap), Blakeway, Wheeler, Smart
France : Gabernet Pardo, Codorniou, Bertranne, Blanco Berbizier (m), Laporte (o) Rives (cap), Lacans, Joinel, Revallier, Imbernon, Dospital, Dintrans, Paparemborde
1991 : ANGLETERRE FRANCE : 21-19
Après avoir réalisé un sans-faute, les deux équipes se retrouvent pour une finale avec le Grand Chelem au bout pour le vainqueur. Longtemps, les Bleus crurent en leur étoile, boostés par la dynamique née de ce qu’on appelle encore aujourd’hui l’essai du siècle. Dans une vraie opposition de style, jusqu’à la caricature, entre des Français plus joueurs que jamais et des Anglais toujours aussi opportunistes et réalistes, l’action de la 13ème minute reste comme une des plus belles de l’histoire du rugby.
Elle suffit pour faire entrer ce match dans la légende et entretenir le sentiment qu’avec les Bleus, tout est toujours possible, même l’impossible. Car, à la réception d’une pénalité manquée de Hodgkinson (qui en mettra quatre par ailleurs !), peu de joueurs seraient, comme Blanco, mis sur orbite par Berbizier, partis à la relance depuis ses 22 mètres. En trouvant Lafond, puis Sella, et Cambérabéro, un trou est fait, mais qui ne met pas encore la défense anglaise hors d’atteinte.
L’essai du siècle de Saint-André
C’est sans compter sur le génie du demi d’ouverture, auteur d’un improbable sombrero pour lui-même, avant de recentrer le ballon dans l’axe… où traîne Saint-André qui s’arrache pour aplatir au milieu des poteaux. Deux essais supplémentaires de Mesnel et Cambérabéro ne suffisent malheureusement pas pour empêcher la Perfide Albion de gagner. Ironie de l’histoire, un an après, de 4 points, l’essai est valorisé à 5… ce qui aurait permis aux Bleus d’arracher le match nul et aux deux équipes de gagner le Tournoi.
5ème journée : 16 mars 1991 à Twickenham (Londres) 21-19 (mi-temps : 18-9)
Pour l’Angleterre : pénalité de Hodgkinson (2ème, 23ème, 35ème, 64ème), essai d’Underwood (30ème), drop d’Andrew (56ème)
Pour la France : essais de Saint-André (13ème), Cambérabéro (56ème) et Mesnel (78ème), transformation de Cambérabéro (14ème et 79ème), pénalité de Cambérabéro (27ème)
Angleterre : Hodgkinson Underwood, Carling (cap), Guscott, Heslop Andrew (o), Hill (m) Richards, Teague, Winterbottom, Ackford, Dooley, Probyn, Moore, Leonard
France : Blanco (cap) Saint-André, Mesnel, Sella, Lafond Berbizier (m), Cambérabéro (o) Blond, Cabannes, Benazzi, Tachdjian (puis Cécillon, 52ème), Roumat, Lascube, Marocco, Ondarts
1997 : ANGLETERRE FRANCE : 20-23
Avant la dernière journée, et la perspective favorable de recevoir l’Ecosse, la France, invaincue après avoir disposé de l’Irlande et du Pays de Galles, connait l’enjeu de ce déplacement à Londres. Face à des Anglais qui ont mis plus de 40 points à l’Irlande et à l’Ecosse, le défi est immense.
Il l’est toujours lorsque Grayson offre 14 points d‘avance à la 52ème minute sur une nouvelle faute française qui apparait rédhibitoire à moins de 20 minutes de la fin. Trop indiscipliné, le XV de France n’a alors scoré qu’à deux reprises grâce à Lamaison. Le bilan est maigre qui n’offre que peu d’espoirs de retournement de situation.
Lamaison tombe sur les anglais
C’est pourtant ce qui va se passer dans le sillage d’une nouvelle génération prometteuse portée par Pelous, Magne, Castagnède, Leflamand, Lamaison ou Glas et Carbonneau. C’est notamment « Charly » Magne qui sonne la révolte pour sa première titularisation en montrant la voie, ou Lamaison qui met Leflamand dans le sens de la marche pour un essai qui redonne de l’élan.
Malgré la blessure du capitaine Benazzi, Lamaison est à la conclusion d’un pilonnage en règle mené par Tournaire, l’entrant de Rougemont et Castel. 20-20 à la 75ème minute… ne restait plus qu’à Titou, auteur de 18 des 23 points tricolores, d’enfoncer le clou. Les Anglais n’ont rien vu venir. Il y avait 10 ans que le XV de France ne s’était plus imposé dans le temple du rugby. Ça valait bien un nouveau Grand Chelem.
4ème journée : 1er mars 1997 à Twickenham (Londres) 20-23 (mi-temps : 14-6)
Pour l’Angleterre : pénalités de Grayson (8ème, 10ème, 38ème et 52ème), essai de Dallaglio (40ème), drop de Grayson (46ème)
Pour la France : pénalités de Lamaison (3ème et 75ème), drop de Lamaison (34ème), essais de Leflamand (62ème) et Lamaison (70ème), transformation de Lamaison (70ème)
Angleterre : Stimpson Sleightholme, Carling, de Glanville (cap), Underwood Grayson (o), Hill (m) Gomarsall, Rodber, Dallaglio, Shaw, Jonson, Leonard, Regan, Rowntree
France : Sadourny Leflamand, Lamaison, Glas, Venditti Penaud (o), Carbonneau (m) Magne, Pelous, Benazzi (cap) (puis de Rougemont, 65ème), Merle, Miorin (puis Castel, 49ème), Tournaire, Dal Maso, Califano
2002 : FRANCE ANGLETERRE : 20-15
Premier Tournoi des… VI nations avec l’arrivée de l’Italie, que les Français battent d’entrée de jeu (33-12), le chemin vers le premier Grand Chelem du genre passe une fois de plus par une victoire sur l’Angleterre de Wilkinson, l’autre grand favori, qui reste sur un 48-19 infligé aux Français dix mois plus tôt dans leur temple londonien.
C’est donc le couteau entre les dents que les joueurs de Laporte abordent le match décisif, eux qui prennent immédiatement à la gorge un XV de la Rose d’abord dépassé. Deux essais dans les 20 premières minutes, par Merceron, bien lancé par Galthié, puis Harinordoquy, puis une pénalité de Merceron gonflent le score à 17-0. Trop facile pour être vrai ? Forcément. Un éclair de Robinson suffit à ramener le XV du Trèfle à distance plus raisonnable à la pause (17-7).
Wilkinson muselé par Betsen
De retour des vestiaires, un autre match commence, plus tendu, irrespirable, centré autour de Jonny Wilkinson, une plaque tournante mise sous pression par Serge Betsen. Dans son autobiographie, « Mémoires d’un perfectionniste », l’ouvreur anglais écrira plus tard : « Ils ont détaché un joueur rien que pour s’occuper de moi. Betsen ne me quitte pas d’une semelle. Les Français montent si vite qu’on dirait que leur vie en dépend… »
Moins leur vie qu’une victoire annonciatrice d’un nouveau Grand Chelem. En muselant l’Anglais le plus dangereux, le XV de France a fait le plus dur au cours d’une seconde période où il ne marque que 3 points. Suffisant pour survivre au dernier essai de Cohen…
3ème journée : 2 mars 2002 au Stade de France (Saint Denis)
20-15 (mi-temps : 17-7)
Pour la France : essais de Merceron (11ème) et Harinordoquy (18ème), transformations de Merceron (11ème et 18ème), pénalités de Merceron (36ème et 59ème)
Pour l’Angleterre : pénalité de Wilkinson (42ème), essais de Robinson (45ème) et de Cohen (80ème), transformation de Wilkinson (45ème)
France : Brusque Bory, Traille, Marsh, Rougerie Galthié (m) (puis Mignoni, 67ème), Merceron (o) Betsen, Harinordoquy (puis Martin, 79ème), Magne Auradou (puis Pelous, 61ème), Brouzet Crenca (puis Milloud, 61ème), Ibañez (puis Azam (7(ème), de Villiers
Angleterre : Robinson Healey, Greenwood, Tindall (puis Paul, 40ème), Cohen, Wilkinson (o) (puis Luger, 75ème), Bracken (m) Back (puis Corry, 48ème), Worsley (puis Corry, 60ème), Hill Kay (puis Greenwood, 75ème), Jonhson (cap) Vickery, Thompson (puis West, 75ème), Rowntree (puis Leonard, 75ème)
2004 : FRANCE ANGLETERRE : 24-21
Le 8ème Grand Chelem des Bleus porte la marque de Dimitri Yachvili, auteur de 19 points, tous inscrits entre la 22ème et 52ème minute pour une demi-heure de folie qui terrasse la Perfide Albion. Dans ce laps de temps, sur un nuage, le Biarrot effectue une passe au pied lumineuse pour envoyer Harinordoquy à l’essai, y va d’un exploit personnel pour inscrire le 2ème essai, le tout agrémenté de quatre pénalités et d’une transformation. A 21-3 à la pause, le plus dur semblait fait…
Le yach s’est occupé de tout
Mais les Anglais ne sont pas champions du monde sortants pour rien. Derrière un pack enfin réveillé, un Dallaglio touché dans son orgueil, le XV de la Rose va refaire petit à petit son retard jusqu’à échouer à 3 petits points d’une équipe… qui s’est fait peur et qui doit la victoire aux seuls 3 points inscrits en seconde période par un certain Dimitri Yachvili, le héros du jour. Car non content d’être efficace offensivement, c’est aussi lui qui sauve la patrie dans les dernières minutes sur un geste défensif libérateur qui enraye la dernière attaque anglaise. Ce jour-là, le Yach s’est occupé de tout.
5ème journée : 27 mars 2004 au Stade de France (Saint-Denis) 24-21 (mi-temps : 21-3)
Pour la France : pénalités de Yachvili (22ème, 35ème, 40ème et 52ème), essai d’Harinordoquy (26ème) et Yachvili (40ème), transformation de Yachvili (40ème)
Pour l’Angleterre : pénalités de Barkley (40ème, 49ème et 73ème), essais de Cohen (53ème) et Lewsey (76ème), transformation de Barkley (76ème)
France : Brusque Dominici, Traille, Jauzion (puis Poitrenaud, 57ème), Elhorga Yachvili (m), Michalak (o) Betsen, Harinordoquy, Magne Pelous (puis Auradou, 75ème), Papé Marconnet (puis Crenca, 70ème), Servat (puis Bru, 57ème), de Villiers
Angleterre : Robinson Lewsey, Greenwood (puis Catt, 47ème), Tindall, Cohen Barkley (o), Dawson (m) Hill, Dallaglio (cap), Worsley Kay, Grewcock (puis Borthwick, 22ème) Vickery (puis White, 52ème), Thompson, Woodman
2007 : IRLANDE FRANCE : 17-20
Vainqueurs du Tournoi en 2006, à égalité avec l’Irlande, les joueurs de Laporte savent que ce déplacement à Dublin est décisif pour l’obtention du titre 2007. Face à une sélection en pleine forme, qui passera 43 points aux Anglais quelques jours plus tard, l’absence d’O’Driscoll et de Stringer pèse lourd au cours d’un match historique.
Pour la première fois, un match de rugby se dispute en effet à Croke Park, le temple des sports gaéliques. Face à la baraka d’O’Gara, auteur de tous les points des Verts, les Bleus répliquent par le pied de Skrela et Beauxis, un essai d’Ibañez pour une course poursuite entamée en tête. Avec 2 points d’avance à la pause, rien n’est fait.
L’éclair de Clerc !
Rien n’est fait avant la 78ème minute quand le ciel s’abat sur la tête des tous les Irlandais. Avec 4 points d’avance, et alors qu’ils semblent maîtriser leur affaire, ils sont frappés par la foudre. Non aligné face à l’Italie, le retour de Vincent Clerc va s’avérer payant.
En récupérant un ballon de relance de Jauzion plein axe, l’ailier Toulousain élimine trois défenseurs, résiste au retour de Paul O’Connell et plonge dans l’en-but avec le ballon de la gagne dans ses mains. C’est aussi grâce à cette action de légende que Clerc gagne sa place pour la Coupe du monde. Quelques années après, le consultant de France Télévisions avouera : « Ce match m’a permis d’enchaîner. C’est le tournant de ma carrière ».
2ème journée : 11 février 2007 à Croke Park (Dublin) 17-20 (mi-temps : 11-13)
Pour la France : pénalités de Skrela (3ème et 9ème), essais de Ibañez (14ème) et Clerc (78ème), transformations de Skrela et Beauxis
Pour l’Irlande : pénalités d’O’Gara (12ème, 32ème, 56ème et 77ème), essai de O’Gara (32ème)
Irlande : Dempsey Murphy, Horgan, D’Arcy, Hickie O’Gara (o), Boss (m) Leamy, Wallace, Easterby O’Connel, O’Callaghan Hayes, Best, Horan
France : Poitrenaud (puis Heymans, 75ème) Dominici, Marty, Jauzion, Clerc Skrela (o) (puis Beauxis, 57ème), Mignoni (m) Harinordoquy, Chabal (puis Bonnaire, 54ème), Betsen Nallet, Papé (puis Thion, 51ème) de Villiers (puis Milloud, 59ème), Ibañez (cap) (puis Bruno, 65ème), Marconnet
2017 : FRANCE PAYS DE GALLES : 20-18
C’est au bout du bout d’un match qui a duré 100 minutes, soit 20 de plus que la normale, un record, avec rage et détermination que les Bleus de Guy Novès sont allés chercher ce succès improbable. A défaut de changer la donne dans un Tournoi mal embarqué, cette victoire redonne un peu de peps et de fierté à un groupe en plein doute. Il aura tout fallu pour passer devant des Gallois longtemps héroïques en défense, mais qui finissent pas craquer à force de subir, de plier sans rompre. Grâce à l’essai de Chouly, transformé par Lopez, le Stade de France peut s’envoler dans une autre dimension.
Le match le plus long de l’histoire
Pourtant, avec un début de match très intéressant (10-0 après le premier quart d’heure), on aurait pu penser les Bleus capables de se mettre à l’abri. En retombant dans leur défauts, mis sous pression par la puissance galloise, ils offrent 6 pénalités à Halfpenny pour se retrouver menés 13-18 à la 71ème minute.
L’obligation de marquer un essai les oblige à tout jouer à la main, jusqu’à l’épuisement et à cette fin de match inédite que les Bleus passent à cinq mètres de la ligne galloise, enchaînant les mêlées, attendant l’essai de pénalité qu’aurait pu, mais que n’a jamais accordé M. Barnes. Jusqu’à la libération, 12 mêlées après… fabuleuse récompense de tous les efforts consentis pour ne rien lâcher et finir le Tournoi sur un bonne note.
5ème journée : 18 mars 2017 au Stade de France (Saint-Denis) 20-18 (mi-temps : 10-9)
Pour la France : essais de Lamerat (7ème), Chouly (80ème + 20), transformations de Lopez (8ème et 80ème + 21), pénalités de Lopez (16ème et 67ème)
Pour le Pays de Galles : pénalités de Halfpenny (20ème, 28ème, 40ème, 54ème, 65ème et 72ème)
France : Dulin Nakaitaci, Lamerat (puis Trinh-Duc, 65ème), Fickou, Vakatawa (puis Huget, 53ème) Lopez (o) (puis Trinh-Duc, 39ème), Serin (m) (puis Dupont, 71ème) Pïcamoles, Gourdon, Sanconnie (puis Ben Arous, 54ème), Maestri, Vahaamahina (puis Le Devedec), Slimani (puis Atanio, 80ème), Guirado, cap. (puis Chat), Baille (puis Atanio)
Pays de Galles : Halfpenny (puis Lee, 80ème +11), North, Davies, S. Williams (puis Faletau, 53ème), L. Williams, Biggar (à), Webb (m) Moriarty (puis Roberts, 53ème), Tipuric, Warburton, Jones (puis Charteris, 51ème), Ball (puis Baldwin), Francis, Owens, Evans (puis Smith, 80ème + 16)
2023 : ANGLETERRE FRANCE : 10-53
Respectivement battues par l’Ecosse et l’Irlande, l’Angleterre et la France ne peuvent plus se permettre le moindre écart pour espérer finir premiers. Pris à la gorge par l’entame parfaite des Bleus, les Anglais ne vont jamais pouvoir revenir et vivre un vrai cauchemar, rien de plus que le plus lourd revers de leur histoire à Twickenham, la première fois qu’ils encaissent plus de 50 points à domicile.
La troisième plus large défaite de toute l’histoire du XV de la Rose se dessine dès la première minute avec un essai express de Ramos et un 2ème de Flament dans la foulée pour atteindre la pause avec, déjà, un écart record (3-27). La suite est un cavalier seul des Français, intenables comme jamais à Londres, inspirés et efficaces, pour 7 essais comme autant de coups de couteau dans la fierté de la Perfide Albion.
« Le jour le plus humiliant du rugby anglais »
La France, qui n’avait plus gagné à Londres depuis 2005, marque les esprits à quelques mois de la Coupe du monde avec des individualités de haut niveau, les Dupont, Penaud, Flament, Ramos ou Ntamack révélés aux yeux de la planète rugby ce jour de mars 2023 en humiliant leur meilleur ennemi.
« Le jour le plus humiliant du rugby anglais » titre le lendemain The Independant pour évoquer le Crunch le plus croustillant de l’histoire pour un XV de France qui s’est avéré supérieur dans tous les domaines du jeu. Emu aux larmes, Fabien Galthié apprécie le moment : « On voulait sortir un grand match et on l’a fait. Depuis le temps que je viens à Twickenham, depuis que j’ai 20 ans, je me rends compte de ce que ça représente… »
4ème journée : 11 mars 2023 à Twickenham (Londres) 10-53 (mi-temps : 3-27)
Pour l’Angleterre : pénalité de Smith (33ème), essai de Steward (47ème) et transformation de Smith.
Pour la France : essais de Ramos (1ère), Flament (25ème et 56ème), Ollivon (40ème et 59ème), Penaud (71ème et 74ème), transformations de Ramos (3ème, 26ème, 42ème, 58ème, 60ème et 72ème), pénalités de Ramos (6ème et 35ème)
Angleterre : Steward Malins (puis Arundell), Slade (puis Mitchell, 45ème), Lawrence, Watson Smith (o) (puis Farrel, 45ème), Van Poortvliet (m) (puis Ribbans, 75ème) Dombrandt, Willis (puis Curry, 52ème), Ludlam, Chessum, Itoje, Sinckler (puis Cole, 64ème), George (puis Walker, 60ème), Genge (puis Walker, 60ème)
France : Ramos Penaud, Fickou, Danty (puis Moefana, 64ème), Dumortier, Ntamack (o) (puis Lucu, 73ème), Dupont (m) (puis Jaminet, 68ème) Alldritt, Ollivon (puis Macalou, 62ème), Cros, Willemse (puis Falatea, 49ème), Flament, Aldegheri (puis Taofifenua, 49ème), Marchand (puis Wardi, 60ème), Baille (puis Mauvaka, 60ème).