Entre une équipe de football aux abois (malgré 6 titres de champion de France) reléguée en 4ème Division et une de rugby finaliste du Top 14, comment les supporteurs bordelais ont troqué le ballon rond pour le ballon ovale.
A Bordeaux, deux mondes sportifs s’entrechoquent sur le plan des résultats. Mais qui sont en fait tellement éloignés ! D’un côté, l’équipe de football pourtant historique. Les Girondins de Bordeaux, six fois champions de France, rétrogradés en N2. Entre grandeur et décadence… De l’autre, l’équipe de rugby de l’UBB, vice-championne de France la saison passée, devenue un des bastions du rugby français.
Les affluences moyennes de la saison passée ont confirmé une donnée récurrente. Le Top 14 a pour la première fois de son histoire dépassé le seuil des 15 000 supporteurs de moyenne par match. Toutefois, à Bordeaux l’engouement a été bien plus fort qu’ailleurs. Avec près de 28 000 spectateurs, aucun autre club de Top 14 n’a fait mieux. Le président de l’UBB Laurent Marti n’hésitant pas à dire que son club détenait “le plus grand public d’Europe”. Pour la 10ème année consécutive, le mythique stade Chaban-Delmas a détenu la plus grosse affluence.
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« On attend tous un titre de champion de France »
De quoi vraiment penser qu’un précipice s’est maintenant creusé entre le foot et le rugby :
« Cela fait plusieurs années que les affluences moyennes demeurent les plus fortes à Bordeaux, témoigne Mateo Framezelle responsable animation au sein des United BB, l’association principale du club de Bordeaux (environ 185 adhérents). »
« Il y a eu aussi ce record historique d’abonnés avec 17 000 personnes sur environ 32 000. Il existe plusieurs explications. Le club est allé jusqu’en finale (contre Toulouse, Ndlr) et a réalisé une très belle saison. Probablement que certainsissus du football se sont rabattus sur le rugby. Mais, globalement parlant, je pense que les gens s’intéressent ici de plus en plus au rugby. »
« Le football, cela fait quelques années que c’est en déclin. Quand Bordeaux est monté en Top 14 (à l’issue de la saison 2010/2011, Ndlr), beaucoup de gens se rendaient déjà au stade. Je me souviens aussi des premières années quand Bordeaux recevait Toulon. Wilkinson jouait encore. On leur avait collé un 41-0 (en février 2013, Ndlr). Le stade était déjà plein. »
« Il y avait eu quelques matches d’abord à André-Moga à Bègles. Cela a été délocalisé après à Chaban. Un partenariat a ensuite été signé avec Chaban pour que le club puisse avoir le stade. Les gens sont venus de plus en plus. C’est génial ! »
« Finalement, les résultats de l’équipe de football n’ont fait probablement qu’accroître le processus. Bordeaux était sans aucun doute une ville de football avant. Elle est devenue une ville de rugby maintenant. Malgré tout, il y a encore des gens qui vont voir les Girondins dont je fais partie (sourire). Mais le rugby a sans doute pris le dessus sur le foot. Surtout aujourd’hui… ».
Pour ce dernier, la notion de plaisir est primordiale : “Pas mal de gens prétendent que c’est plus facile de s’intégrer au rugby qu’au football. Cela rassemble aussi davantage de gens différents au rugby qu’au foot. J’espère tout de même que l’équipe de football va revenir. Bordeaux reste une ville et un bastion de football. »
Chaban-Delmas affiche complet pour le rugby
« Cependant, le rugby a le vent en poupe. Maintenant, quasiment tous les matches sont à guichets fermés. Cela se sent. Les gens prennent énormément de plaisir à venir. C’est un grand moment de partage et de convivialité. Il y a vraiment une superbe ambiance. C’est visible avec les joueurs à la fin quand ils font le tour du terrain. Le rugby est devenu le sport n°1 de la ville. Sans faire offense à aucun autre sport ».
L’UBB est devenue une pierre angulaire du rugby tricolore. C’est à la fois le cas sur le terrain, mais aussi en dehors. Avec comme symbole le magnifique stade Chaban-Delmas qui brille et s’enflamme :
« C’est un bel outil ce stade ! C’est le plus bel outil en championnat et l’un des plus beaux en Europe. C’est extraordinaire d’en disposer un de tel pour jouer. Tous les ingrédients sont réunis. Il y a une nouvelle bodega ouverte dans le stade, une nouvelle boutique à l’intérieur. »
« S’il pouvait y avoir un titre de champion de France prochainement ce serait grandiose. C’est la chose qu’on attend tous. La saison dernière, après la demi-finale à Bordeaux (contre le Stade Français, Ndlr), on en avait les larmes aux yeux. Un moment extraordinaire à vivre tous ensemble. Il y a eu après cette finale. C’est une première étape dans l’histoire récente de l’UBB, initiée en 2006. Il y en aura d’autres. Maintenant on est attendus ».
Le public des Girondins de Bordeaux aimerait tant pouvoir espérer de telles échéances. Mais il en est à des années lumières…
