Afficher le sommaire Masquer le sommaire
Vainqueur de la dernière édition en 2020/2021, Yannick Bestaven (Maître Coq V) repart le 10 novembre pour un 3ème Vendée Globe en quête d’une 2ème victoire, un exploit qu’un seul marin a réussi ; Michel Desjoyeaux en 2001 et 2009. Le navigateur de 51 ans vise l’exploit, pour sa dernière course en solitaire.
Vous êtes le vainqueur sortant du dernier Vendée Globe, mais vous n’avez pas franchi la ligne le premier, mais le 3ème (déclaré vainqueur grâce à la compensation de temps pour s’être détourné pour participer aux recherches de Kevin Escoffier, Ndlr)…
Je n’ai pas franchi la ligne en premier parce que je me suis arrêté pour récupérer Kevin pour participer aux recherches. Ce qui est sûr, c’est que c’est moi qui ai mis le moins de temps pour faire le tour du monde ! Donc, pour moi, ça ne change rien du tout de ne pas avoir franchi la ligne en premier.
Pour Charlie Dalin finalement 2ème après avoir franchi la ligne en premier, ça change tout…
C’est sûr que pour lui c’est dur, il a d’ailleurs dit qu’il lui avait fallu 2021 pour digérer… Mais c’est la compétition, c’est la course. Il est arrivé en premier, mais c’est moi qui ai mis le moins de temps.
À lireNicolas Lunven (6ème du Vendée Globe) : « Je me suis surpris à rester philosophe »Pour l’image, n’avez-vous pas à cœur, cette fois, d’être le premier sur la ligne ?
Bien sûr, c’est pour ça que j’y retourne ! (sourire)
Avec un nouveau bateau ?
Oui, un bateau plus rapide, plus performant avec des foils (ndlr : « ailes d’eau ») plus grands (7 mètres contre 4,5 mètres, Ndlr).
Avec les foils, il y a aussi un risque de casse…
C’est un risque parce qu’on va plus vite. En cas d’impact, les chocs sont plus gros, plus forts. De toute manière, pour gagner un Vendée Globe, il faut des foils, et plutôt de grands foils, j’en suis convaincu. Sans foils, ça me paraît compliqué.
À lirePaul Meilhat (5ème du Vendée Globe) : « Comme un pilote de F1 qui monte dans sa voiture »Quels concurrents craignez-vous le plus ?
Tous ! Il y a beaucoup de prétendants à la victoire. Il y a un très beau plateau, un très bon niveau. Je respecte énormément tous ceux qui vont prendre le départ. Je pense que le niveau de la course va être très, très intéressant. On va bien s’amuser. Nous qui aimons la compétition, ça va être chaud. Et tant mieux pour le spectacle.
Par rapport à 2021, y a-t-il des erreurs que vous avez analysées et qu’il ne faudra pas refaire pour gagner ?
J’ai appris des choses. Je pars mieux préparé, avec plus d’expérience qu’en 2020.
« Sans foils, on ne peut pas gagner »
Quand on a gagné, pourquoi repart-on une 2ème fois ?
Parce que s’il y a ne serait-ce qu’1% de chance de le gagner une 2ème fois, ce serait dommage de pas tenter sa chance.
Gagner deux fois de suite, personne ne l’a fait !
Michel Desjoyeaux l’a gagné deux fois, mais pas deux fois de suite. On repart aussi pour revivre ces moments forts d’adrénaline que procure le Vendée Globe. On est des privilégiés de pouvoir vivre une aventure exceptionnelle. Je suis content de prendre à nouveau le départ de ce grand événement, de pouvoir aller renaviguer dans les mers du Sud, d’aller voir ces beaux paysages. Pendant trois mois, je vais vivre intensément donc j’ai beaucoup de chance.
À lireSébastien Simon (3ème du Vendée Globe) : « J’ai failli devenir tétraplégique »En termes de compétition de voile, il n’y a pas au-dessus ?
Il y a la Coupe de l’America, mais c’est différent. Les Class America ne vont pas dans les mers du Sud ! (rires)
Justement, seriez-vous pour élargir le Vendée Globe aux Multicoques, aux Ultimes ?
Non, il faut rester sur les Imoca. Les Multi ont leurs courses à eux. C’est bien de séparer les classes parce que ce sont des bateaux qui n’ont pas les mêmes performances.
A chaque édition, normalement (sauf la dernière), le record du Vendée Globe, est battu. Sera-t-il amélioré cette fois ? (74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes en 2016/2017 par Armel Le Cléac’h, Ndlr)
Il peut être encore abaissé. Mais ça dépendra beaucoup des conditions météo, donc c’est dur à dire. Mais 70 jours, c’est possible.
À lireVendée Globe : comment Violette Dorange a révolutionné la course au largeJean Le Cam a beaucoup critiqué le système de qualifications. Etes-vous du même avis ?
Je suis le premier à avoir dit que, même moi en tant que vainqueur, il fallait que je me qualifie ce qui n’était pas le cas avant. Moi je trouve que c’est bien de faire naviguer les bateaux. Déjà pour les fiabiliser, pour notre sécurité. Plus on navigue, plus on connaîtra nos bateaux. Et pour les organisateurs de courses, ça leur fait beaucoup de bateaux au départ de chaque épreuve. Le Vendée Globe est mis en lumière, mais c’est bien d’avoir les bateaux pour les autres épreuves. Ça nous oblige à participer à tout le programme.
Le côté aventure n’en prend-il pas un coup ?
On parle de sport. Des amateurs, il y en a, mais le niveau augmentant, on est obligé de qualifier et de mettre la barre de plus en plus haute.
« Ce sera ma dernière course en solitaire »
Qu’allez-vous emmener de particulier à bord ?
Des bons plats pour bien manger !
La dernière édition s’était disputée avec la Covid. Là, l’ambiance va être tout autre !
Ça va être génial d’avoir le public. J’en avais été privé la dernière fois. Là, pour le coup, le départ, ça va être fort. Il va falloir amener ses mouchoirs dans le chenal…
À lireJérémie Beyou (4ème du Vendée Globe) : « L’impression de repousser ses limites »Qu’avez-vous fait depuis la fin du Vendée Globe 2020-2021 ?
Beaucoup de choses, il a fallu gérer tout l’événementiel et la victoire. Beaucoup de conférences notamment. Et puis la construction du nouveau bateau, du nouveau projet. Et participer aux courses pour se qualifier. Un sacré programme !
Quand on gagne le Vendée Globe, cela change-t-il une vie ?
Oui, énormément. En tout ! J’ai rencontré beaucoup d’autres personnes et des gens que je n’aurais peut-être pas rencontrés sans cette victoire. Même sans le gagner, terminer un Vendée Globe, j’en suis ressorti grandi, plus fort, meilleur.
En repartant, n’avez-vous pas plus à perdre qu’à gagner ?
À lireYoann Richomme (2ème du Vendée Globe) : « Je travaille avec une préparatrice mentale »Je n’ai rien à perdre puisque le trophée est sur mon bureau et il n’en bougera pas parce qu’il m’est attribué. J’ai au contraire beaucoup plus à gagner parce que j’y vais encore pour y prendre à nouveau du plaisir, vivre un moment fort et commencer à préparer la suite. Après le Vendée Globe, j’arrêterai les courses en solitaire. Je vais coordonner l’équipe, mettre un jeune à ma place pour prendre la barre du bateau en 2028 et moi faire des courses en équipage et en double.
Qui sera l’heureux élu ?
J’ai quelques idées, mais ce n’est pas encore fait.
