
Benjamin Dutreux a fermé la marche du Top 10 à l’arrivée aux Sables d’Olonne. S’il a perdu une place par rapport à la précédente édition, le skipper est fier de sa course. Et elle lui donne de plus grandes ambitions pour la prochaine édition.
Votre femme attend un heureux évènement. A-t-il été facile pour vous de la laisser, de vous concentrer sur la course ?
J’en avais discuté avec ma femme. Je savais qu’elle était bien entourée, qu’elle vivait bien la chose. La grossesse s’est bien passée, j’avais des nouvelles, ce qui m’a permis de bien me concentrer. Je n’ai pas eu de vraies vacances, nous avons préparé la naissance, mais ce n’est que du bonheur.
Benjamin Dutreux inquiet pour sa femme pendant le Vendée Globe
Vous êtes très régulier avec une 9ème place en 2021 et une 10ème cette année. Quelle a été pour vous la course la plus aboutie ?
Même si j’ai perdu une place au classement final, je suis presque plus fier de ma course cette année et de finir 10ème car le niveau était bien plus élevé par rapport à 2021. Elles ont été complètement différentes. En 2021, j’avais un bateau à dérives, cette année, un bateau à foils. L’intensité de la course était très élevée cette année, le niveau stratosphérique.
J’ai moins profité de la mer, de l’océan car j’étais plus focalisé sur la compétition. Le plus dur, ça a été de gérer ma frustration car j’affrontais des bateaux plus récents, plus rapides. Je ne pouvais pas les concurrencer, les suivre. Mais j’étais ambitieux.
Malgré cette frustration vous avez navigué avec sérieux. Etes-vous pleinement satisfait de votre course ?
Je suis très satisfait de ma course. Au départ, on visait le Top 10. On est une petite équipe, avec des sponsors qui me font confiance, je les remercie, la plupart ce sont des PME. J’ai trouvé que l’océan Indien était un endroit difficile et piégeux. La fin du Pacifique a été plus clémente, je suis revenu sur mes concurrents. Sinon, globalement j’ai bien géré les moments de fatigue, les moments difficiles.
« Même si j’ai perdu une place au classement final, je suis presque plus fier de ma course cette année et de finir 10ème car le niveau était bien plus élevé par rapport à 2021»
Revenez-vous différent de cette aventure ?
C’est très difficile de répondre à cette question. Honnêtement, je n’en sais trop rien, c’est un peu tôt. La course de 2021 m’avait transformé, j’avais été poussé dans mes retranchements. Nous découvrons de nouvelles capacités à se dépasser. On vit des moments difficiles, on va au bout de nous-même. On voit que le monde doit faire face à des difficultés, on vit avec peu pendant plusieurs mois et on apprend donc à se débrouiller.
Vous êtes aussi seul avec votre bateau. Quelle relation entretenez-vous avec lui ?
Au-delà de la course, il y a aussi les trois ans de préparation, on passe beaucoup de temps ensemble. Une relation se crée avec mon bateau comme avec mon équipe. Il devient un membre de la famille. Je l’écoute, je m’adapte à lui afin qu’il soit le plus performant possible. Il faut en prendre soin. Je connaissais ses capacités. Il faut faire attention à ne pas trop tirer sur la corde, ne pas lui en demander trop. Je lui parle, près de l’arrivée je lui dis que c’est bientôt fini, etc. J’ai quand même une relation plus compliquée avec ce bateau qu’avec le précédent avec lequel c’était presque fusionnel.
Quelle est la suite pour vous maintenant ?
Mon contrat avec les partenaires prend fin. Je suis impatient de poursuivre un beau projet ambitieux. Lors du premier Vendée Globe, l’aventure prenait un peu le dessus, le deuxième je l’ai plus abordé avec l’ambition de faire une performance, j’irai une troisième fois pour jouer la gagne.
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