Parfois comparé au champion français pour son panache, le coureur de la Sunweb, Marc Hirschi, a explosé cette année à seulement 22 ans.
Premier Tour de France. Un festival réalisé entre Chauvigny et Sarran lors de la 12ème étape. Et un prix de la combativité pour conclure la Grande Boucle. Et succéder à Julian Alaphilippe. Véritable dynamiteur, Marc Hirschi a fait montre pendant ce Tour d’une intelligence de course et d’une justesse dans ses placements. Mais même l’intéressé, champion du monde U23 en 2018, ne l’avait pas vu venir : “Cette victoire sur le Tour de France est ma première victoire professionnelle. Ce que j’ai réalisé sur le coup était un rêve, ou un but dans ma carrière”.
Il appartient au groupe des grands coureurs de demain
Lauréat de la Flèche Wallonne vingt jours plus tard, le coureur de la Sunweb se sait encore perfectible : “Je ne peux pas mettre assez de puissance sur les pédales quand je reste assis sur la selle. Pendant les championnats du monde (3ème derrière Alaphilippe et Van Aert, Ndlr) ou sur la Flèche Wallonne, j’ai beaucoup roulé en danseuse et cela demande de la force. Mes muscles ne sont pas encore assez puissants pour grimper en position assise. Cela prend du temps”. Pour de nombreux experts et adversaires, son degré de performance est déjà très élevé : “Il n’est pas encore du standing d’un Julian Alaphilippe, mais il appartient à ce groupe des grands et jeunes coureurs de demain avec les Evenepoel, Van der Poel…” estime l’ancien champion du monde italien Guiseppe Saronni. Guillaume Martin (Cofidis) est du même avis : “Il fait partie de cette génération de coureurs au même titre que Pogacar, Bernal et d’autres, très jeunes et extrêmement talentueux. C’est l’évolution de notre sport, une histoire de cycles”.
« IL VEUT CONFIRMER »
Fabian Cancellara, son agent
Dauphin du Suisse sur l’étape à Sarran le 10 septembre, Pierre Rolland a appris à découvrir le dossard 204 : “Il est très fort, il a du punch et il va vite au sprint. Avant le Tour, je ne le connaissais pas plus que cela. Après, on se renseigne un peu. Il a déjà un beau palmarès. Il a marché fort l’an dernier sur des courses compliquées. Il est complet. Il fait mouche quand il décide d’y aller. On peut le comparer à Julian”. La parole est enfin donnée à son agent, qui n’est pas n’importe qui (Fabian Cancellara) : “Je ne suis pas vraiment surpris par son niveau actuel, mais la manière dont il a couru son premier Tour de France est déjà une belle progression en soi. Il a fait preuve d’une grande force de caractère par son panache. Il doit gagner encore en expérience. Il entend repartir très fort l’année prochaine. Il est conscient que réussir un super coup une fois est une chose, mais Marc veut surtout confirmer”. Pour espérer gagner un Tour de France un jour ? “Il ne faut jamais dire jamais. Cependant, il faut déjà y aller étape par étape. On sait déjà qu’en fonction de ses atouts et de ses caractéristiques, il est tout à fait capable de gagner de très belles courses d’un jour comme LiègeBastogne-Liège, l’Amstel Gold Race, un Tour de Lombardie… Mais un Tour de France, c’est encore autre chose. Il faudra voir en fonction de son évolution”.
Hirschi, Cancellara : même combat ?
Alors Hirschi le clone de Cancellara ? “Il est vrai que Marc et moi sommes de la même ville. Mais il a ses propres qualités. Il est aussi d’une autre génération. Il a un beau futur devant lui. Il ressemble à ce genre de cyclistes comme Julian Alaphilippe ou Paolo Bettini…”. Et le double champion olympique du contre-la-montre en 2008 et 2016 de se livrer à une petite indiscrétion concernant son protégé : “En dehors du vélo, Marc est vraiment quelqu’un de tranquille. Il a les pieds sur terre. Le vélo, c’est sa passion, mais sa vie sociale est quelque chose aussi de fondamental dans sa réussite à ses yeux. Il aime être entouré de ses amis”. Si la saison de Hirschi a marqué les esprits, le meilleur est certainement encore à venir.