Médaille de bronze à Atlanta en 1994, Miguel Martinez a obtenu l’or quatre ans plus tard. 2000 a d’ailleurs été une année bénie pour le VTtiste français avec un triplé historique.
Vous avez disputé la première course de VTT de l’histoire des Jeux Olympiques à Atlanta en 1996. Que vous a apporté cette course dans l’optique du titre que vous décrochez quatre ans plus tard ?
De la confiance. A ces JO d’Atlanta, j’avais décroché la médaille de bronze, la première de l’histoire puisque c’était la première fois que la discipline était au programme des JO. J’avais 20 ans, mais j’étais allé à Atlanta pour la gagne, j’étais vice-champion du monde en 1993, leader de la Coupe du monde, mais ce jour-là deux coureurs étaient plus forts. Cette médaille m’a donné des idées. L’idée d’avoir un titre olympique quatre ans plus tard a fait son cheminement dans ma tête.
Comment s’est passée l’Olympiade avant Pékin ?
J’ai eu des hauts et des bas pendant quatre ans, la préparation n’a pas toujours été optimale, mais j’étais toujours confiant. Dans notre sport, on a beaucoup de courses dans l’année, j’avais des Coupes du monde à gérer, les Mondiaux, mais cet horizon olympique restait toujours dans un coin de ma tête.
Dans quel état d’esprit et dans quelle forme avez-vous abordé la course des JO ?
J’avais été champion du monde l’année précédente, je sentais que j’allais gagner. J’étais bien. Je savais ce que je devais faire. J’ai calqué ma course sur mon adversaire, le favori Filip Meirhaegue. Un Suisse est parti, Filip est revenu sur lui. J’ai contré et je suis allé au bout. Vers la fin de la course, beaucoup de sentiments se mélangent, d’un côté on est épuisé, on vit un calvaire et on veut en finir mais, de l’autre, il y a un sentiment de bonheur car la médaille d’or est au bout.
A deux tours de l’arrivée, je suis devant et je donne tout car je me dis que ça peut revenir derrière et je ne veux pas avoir de regrets. Sur le dernier kilomètre, je voyais les caméras qui me filmaient, je pensais à ma famille, à mes amis qui me regardaient. Cette caméra devenait comme des yeux comme si c’étaient eux qui me regardaient.
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Miguel Martinez entre dans la légende
Quelles ont été les retombées de ce titre olympique pour vous ?
Cette médaille m’a permis d’avoir des privilèges, les gens vous regardent différemment, mais certains aussi essaient de profiter de votre notoriété donc il faut être vigilant. J’étais jeune et je regrette de ne pas en avoir assez profité, je n’ai pas fait suffisamment de relations publiques, de l’engouement médiatique. Après ce titre, je voulais gagner encore plus, je suis reparti rapidement à l’entraînement, j’étais sérieux, je n’ai pas profité des retombées finalement.
Cette année-là, vous avez réalisé le triplé JO-championnat du monde-Coupe du monde. Quel est le titre que vous avez préféré ?
J’ai toujours eu une admiration pour le titre mondial car après on porte un maillot distinctif arc en ciel tout au long de la saison.
Après une tentative sur la route en 2002, vous revenez au VTT pour les JO de 2004…
(Il coupe) Là, on aborde l’une des plus grandes déceptions de ma carrière. A deux tours de l’arrivée, j’étais dans le groupe pour la gagne, mais je me fais une déchirure musculaire et je dois abandonner. Sans ça, j’aurais pu gagner ou terminer 2ème derrière Julien Absalon. La préparation a été perturbée par un problème de vélo. Je l’ai attendu longtemps, quand il est arrivé je me suis aperçu qu’il était trop petit, je suis parti aux Jeux avec une tendinite. A mi-course, j’étais en tête mais, avec la chaleur, j’ai eu une déshydratation, deux déchirures, je n’arrivais plus à pédaler, j’ai dû abandonner. C’était mon dernier objectif olympique et j’ai eu du mal à digérer cette défaite.
Après avoir mis un terme à votre carrière en 2004, vous tentez de revenir sur route puis pour les JO de Rio en 2016. Pourquoi ce retour ?
En 2016, le niveau était très élevé. C’était une envie personnelle, je voulais me prouver des choses par rapport à ma vie personnelle. Je voulais me prouver à moi-même que je pouvais revenir.
Pour Paris 2024, quelles sont les meilleures chances françaises selon vous ?
J’aimerais que Pauline Ferrand-Prévot ait le titre, elle le mérite tellement, qu’elle réalise son rêve. Victor Koretzky est très fort, tout est possible avec lui, Loana Lecomte aussi le mérite.
Le saviez-vous ?
Miguel Martinez est le père de Lenny Martinez, coureur de la Groupama-FDJ qui réalise un tonitruant début de carrière en professionnels et succèdera peut-être un jour à son père au palmarès olympique mais, dans ce cas-là, ce sera sur la route.