7ème à Moscou en 1980, 3ème à Los Angeles en 1984 et 5ème à Séoul en 1988, même s’ils ne lui ont jamais trop souri, les JO ont construit la fantastique carrière de Thierry Vigneron.
Quel souvenir gardez-vous de votre première participation aux Jeux à Moscou en 1980 ?
A 20 ans, à Moscou dans un cadre particulier puisque soumis au boycott de plusieurs pays dont les USA, j’ai été pris dans une sorte de tourbillon et j’ai explosé comme un pop-corn ! Même si je venais de battre le record du monde quelques semaines avant, je n’étais pas préparé à vivre un tel événement.
Comment aviez-vous abordé les Jeux de Los Angeles quatre ans après ?
Avec plus d’expérience, nous les avions préparés au long cours en nous rendant sur place pour faire en sorte de nous sentir à la maison. Lorsque vous êtes en terrain de connaissance, vous êtes plus serein, vous vous posez moins de questions. On avait pris le temps pour ça tout en nous confrontant aux Américains, en sympathisant avec les juges. A tel point que lorsque les Jeux ont débuté, on avait vraiment l’impression d’être chez nous.
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« Je ne désespère pas de voir Renaud nous (re) faire du Renaud Lavillenie »
Ce qui vous a permis, avec Pierre Quinon, d’être sur le podium avec l’or et le bronze. Un sacré exploit !
On ne réalisait pas. J’étais venu pour gagner, j’étais prêt, j’étais le favori, et ma 3ème place me décevait un peu. Pierre (Quinon) revenait de blessure, il avait abordé la compétition avec moins de pression, sans rien avoir à perdre, et ça lui avait réussi. Jean-Claude Perrin, notre entraîneur, nous avait dit : « Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous avez fait. Ces JO vont dicter toute votre vie ! » Il avait raison car une médaille classe un homme ou une femme. L’aura des JO fait que tous les quatre ans, on se rappelle à votre souvenir parce que vous avez écrit une petite ligne de l’histoire.
Qu’est-ce qui vous avait manqué pour aller chercher l’or ?
J’ai fait une mauvaise analyse du vent et je me suis planté dans mon changement de perche.
Quelles étaient vos relations avec Pierre Quinon pendant le concours ?
Nous étions amis, membres du même club (Racing CF), c’est une chance de vivre une finale olympique dans ces conditions, un vrai plus. Même si on était tous les deux dans notre bulle, un regard suffisait pour se conseiller, s’encourager, partager nos stratégies respectives. On matchait contre les Américains, il y avait beaucoup de pression autant qu’à Moscou où Kozakiewicz avait gagné le Russe Volkov.
Et à Séoul en 1988, quand Bubka décroche son seul titre olympique, que s’est-il passé ?
J’étais blessé, une vraie blessure handicapante qui, paradoxalement, m’avait rendu la préparation plus facile car je n’avais comme ambition que de gérer un problème musculaire à une cuisse. J’avais bien géré pour finalement bien sauter (5m70, ex-aequo avec Philippe Collet, le papa de Thibaut, et Earl Bell, Ndlr).
Thierry Vigneron à quelques doutes sur Duplantis
A Paris cet été, Duplantis peut-il perdre ?
Il est clairement au-dessus de tout le monde, mais on l’a vu cette saison passer certaines barres au troisième essai. Jusqu’à présent, il n’avait jamais montré de tels signes de fébrilité. Au-delà de 6 mètres, il est intouchable, mais avant…
Collet peut-il rêver d’un podium ?
Ce que Thibaut (Collet) a fait en février à Clermont (5m92, son record en salle, Ndlr), il peut le refaire en plein air à Paris et ajouter même dix centimètres de plus s’il parvient à capter l’énergie positive qui se dégagera de ces JO disputés à domicile. Dans une finale, tout est possible. Et s’il parvient à retrouver ses moyens physiques, je ne désespère pas non plus de voir Renaud (Lavillenie) nous (re)faire du Renaud Lavillenie.
Est-ce vraiment un avantage d’évoluer devant son public ?
Je l’ai vécu trois fois lors de deux championnats d’Europe et d’un Mondial à Liévin et à Grenoble, c’est ce sentiment de se dire que personne ne pourra nous battre parce qu’on est chez nous, parce qu’on ne va pas se laisser marcher dessus. Et à Paris, on sera chez nous !
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Thierry Vigneron a battu ou égalé sept records du monde dans sa carrière, deux fois à 5m75 en 1980 et en 1981, à 5m80 en 1981, à 5m83 en 1983 et à 5m91 en 1984 pour le plein air, et deux en salle en 1981 et 1984.