lundi 14 octobre 2024

Comment la Russie influence le MMA français

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

La Russie, réputé pour ses lutteurs de grande qualité approvisionne un grand nombre de combattants de MMA dans beaucoup de pays du monde dont la France.

Dans le cercle fermé du MMA de très haut niveau, on dénombre de grands noms russes. Qu’ils soient encore en activité ou non. On peut citer par exemple Khabib Nurmagomedov (29 victoires aucune défaite),Islam Makhachev (26 victoires), de vraies références. Tout comme ont pu l’être Fedor Emelianenko (40 victoires, 7 défaites), Alexander Shlemenko (56 victoires, 9 défaites), Serguei Kharitonov (26 victoires, 6 défaites) ou encore Rustam Khabilov (24 victoires, 4 défaites).

Quelle que soit la catégorie, ils demeurent ou ont demeuré des combattants extrêmement redoutés. Pratiquer ce sport et venir de ce pays, c’est pour ainsi dire culturel : « Les Russes sont très présents. Ils ont déjà un sport quasi national, très pratiqué dans les pays de l’Est, et notamment en Russie, qu’est le sambo. Le sambo correspond un peu au circuit amateur du MMA. C’est du MMA avec une veste de kimono et des protections un peu plus rembourrées au niveau des mitaines. Comme sur le circuit amateur en fait… Khabib (Nurmagomedov, Ndlr) tout comme Makhachev viennent du sambo. Beaucoup des meilleurs combattants russes viennent donc de cette discipline. Ils la pratiquent depuis le plus jeune âge. C’est un de leur sport phare » explique le Français Benoît Saint Denis.

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Imavov témoin très jeune de bagarre en Russie

Force est de constater que les Russes s’exportent beaucoup aussi. Le Daghestan et la Tchétchénie, limitrophes de l’Azerbaïdjan et la Géorgie, dans ce versant nord du Caucase, est un coin du monde, qui représente bien le MMA hexagonal. Nassourdine Imavov combat actuellement dans la catégorie des poids moyens à l’UFC (14 combats, 4 défaites).

Il est né au Daghestan il y a 28 ans. Dans cette région russe au nord du Caucase, le sport phare est la lutte. Mais la baston est aussi de mise dès le plus jeune âge. Que ce soit dans les salles, les clubs et beaucoup dans la rue aussi ! « The sniper » l’explique bien dans des propos relayés sur le site du Monde : « Je me souviens des combats pour s’entraîner avec les autres enfants dehors. On s’ennuyait. En France, on joue au football. Là-bas, on fait de la lutte » rembobine Nassourdine Imavov. Et son frère aîné Daguir d’ajouter : « La bagarre, cela fait partie de la culture chez nous. A 3 ou 4 ans, nos parents peuvent nous faire nous battre avec les enfants des amis pour voir qui est le plus fort ».

« Ils ont des années d’avance sur nous »

Nassourdine Imavov commence la boxe à 12 ans quand sa famille déménage à Marseille puis à Salon-de-Provence. C’est à l’âge de 19 ans qu’il découvre le MMA et s’installe à Paris avec son frère aîné Daguir. Tous les deux rejoignent alors la MMA Factory. Ces deux frères représentent avec grand talent nos couleurs. Mais ils ne sont même pas des cas isolés puisque d’autres talentueux combattants russes s’exportent aussi sur la planète : « Des combattants russes il y en a dans tous les pays, rappelle Antoine Simon de RMC Sport. Ils sont souvent originaires du Daghestan, de Tchétchénie. Ils s’exportent aussi en Angleterre à l’image d’un Muhammad Mokaev (13 victoires en poids mouches, Ndlr). Il y a aussi un Khamzat Chimaev (13 victoires en poids moyens, Ndlr) qui a brillé aussi un temps pour la Suède. Le lien entre ce sport et la Russie, c’est comme l’établir avec le Brésil et le Ju-jitsu. »

« Il y a vingt ans, quand on a fait venir le Ju-jitsu en France, les Brésiliens avaient des années d’avance sur tout le monde. Pour les Russes, c’est exactement la même chose. Ils pratiquent la lutte depuis qu’ils sont tout petits. On l’a vu avec Khabib, il a commencé vers l’âge de 6 ou 7 ans. Islam (Makhachev, Ndlr), c’est identique et ses cousins c’est exactement pareil. La lutte est vraiment inscrite en eux. »

La Russie et les États-Unis en avance sur la France

« Il y a aussi d’excellents lutteurs aux États-Unis. C’est validé dès le lycée et l’université où il y a un très bon niveau de lutte. Après, il y a d’autres phénomènes aussi comme des athlètes qui fuient l’Afghanistan (le MMA est interdit dans ce pays, Ndlr), le Brésil et ils se retrouvent un peu partout en Europe. Il n’en reste pas moins qu’ils gardent une base forte en lutte. »

« Quand c’est un sport qu’on a pratiqué tout jeune et qu’on arrive dans un autre pays, on sait donc comment faire. A côté de cela ces combattants sont parvenus à se développer et à se mettre à haut niveau. On pense en particulier à Imavov bien entendu, mais aussi à Abdoul Abdouraguimov. Il y a pas mal de combattants qui sont originaires de ces pays et défendent les couleurs de la France. Ils performent pour la France et ont un gros niveau. »

« Cependant, on ne peut pas en faire une généralité non plus. Il y en a dans tous les pays. Dans le même ordre d’idée, on a eu il y a quelques années des combattants d’origine brésilienne. Ils avaient un excellent niveau au sol et combattaient pour la France. Dans le sens inverse on a aussi des Français qui brillent sur le circuit thaïlandais ». Avec ces plus-values d’origine russes, le MMA français ne peut que continuer de progresser.

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