Figure incontournable du MMA en France, Laetitia Blot l’ancienne judokate a permis à la discipline de s’installer à ses débuts en 2020. Première femme dans l’octogone en France à l’occasion du MMA Grand Prix, elle ne serait pas contre un dernier combat pour retrouver « sa » ceinture de championne de MMA.
Comment allez-vous ?
J’ai eu des moments difficiles l’an passé, à la rentrée, mais ça va mieux. On m’avait volé ma ceinture, en juin 2023. Derrière, j’avais repris des cours de boxe pour être plus performante car je devais recombattre en juin dernier. Finalement, ça ne s’est pas fait car on n’a pas trouvé de combattante dans ma catégorie. Mon contrat avec HEXAGONE MMA s’est terminé en juin. Et j’ai fait une pause sur le MMA. Je fais maintenant du beach wrestling en attendant de nouvelles aventures et une bonne proposition.
Ça me permet de garder la forme et d’être au plus haut niveau encore. Je reste à 100% dans mon travail. Je prends des jours pour aller m’entraîner à Marseille. Depuis un moment, je gagne mieux ma vie en allant travailler qu’en allant me faire taper la gueule dans une cage. Non, je ne suis pas sûr qu’on me rembourse une dent si elle casse durant le combat (rires). C’est compliqué à gérer. Tout travail mérite salaire et j’espère le mériter depuis le temps pour continuer à m’épanouir dans cette passion.
Si on parle de votre carrière faite de titres et de ceintures…
Je n’aime pas me plaindre, mais il ne faut pas se mentir. Il faut être réaliste. Il faut démontrer plus pour prouver que l’on mérite notre place. A 40 ans, j’ai fait énormément de sports (judo, lutte, sambo…). Je vais encore me dépasser pour aller chercher un titre en beach wrestling. L’âge n’est pas une excuse. La « vieille » arrive encore à faire des performances sur des gamines de 20 ans.
Je suis plutôt d’un tempérament humble, mais je dois penser aussi à ma vie. La vision change avec le temps, mais ce serait beau un retour pour aller rechercher ma ceinture. J’ai fait mon temps tout de même, mais ce serait beau de faire un ou deux derniers combats pour récupérer la ceinture qu’on m’a volée. (sic)
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« Ce serait beau d’aller reprendre ma ceinture »
La passion est-elle toujours là ?
J’ai toujours l’envie de me dépasser et d’y arriver. J’ai de la chance d’être encore au niveau à 40 ans. Ça fait depuis l’âge de 15 ans que je fais du sport à haute intensité. Tous les jours je m’entraîne. Ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux le voient. Je continue de m’entraîner. On n’a rien sans rien. C’est aussi génial d’inspirer des gens au quotidien. C’est ma médaille à moi. Je vais aussi dans des écoles pour partager ma carrière et faire le parallèle avec la vie. Ça me permet d’avancer. Ce n’est pas simple une carrière de sportive de haut niveau. J’ai la chance d’être bien entourée aussi avec mon entraîneur, ma famille et mes amis.
Comment avez-vous basculé dans le MMA ?
A l’époque, j’étais dans l’équipe de France de judo et Jean-Luc Rougé, le président de la FFJDA, ne voulait pas en entendre parler. Mais mon agent, David Ducanovic, me tannait pour que j’y aille. Je lui disais que ce n’était pas possible. J’étais en pleine préparation pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Derrière, je suis passée du judo à la lutte. Mon club avait besoin de moi pour les championnats de France par équipes. J’avais besoin de cette licence. Et l’idée de se faire radier du judo, ce n’était pas évident.
Ça m’a bloquée. En 2019, ce manager est revenu me chercher car le MMA arrivait en France. J’avais le profil à la Ronda Rousey. Je lui ressemblais aussi. On était vraiment similaire sur la façon de combattre. Les gens ont trouvé mon personnage avec C18 du manga Dragon Ball Z. c’était rigolo. Je suis allée en Thaïlande pour m’entraîner et ça m’a plu. Et j’ai dit ok.
Seulement, entre 2019 et 2020, il y a eu la Covid. Et en septembre 2020, je suis devenue la première femme à combattre en France à l’occasion du MMA Grand Prix. C’était génial. Le lendemain, il y avait le PFL, mais c’était sympa qu’une petite organisation ait pu marquer l’histoire en étant le premier évènement officiel de MMA en France. C’était un nouveau défi que de me retrouver dans une cage. Je repartais de zéro à 37 ans.
Laetitia Blot a marqué l’histoire du MMA
Est-ce gratifiant d’avoir marqué l’histoire du MMA ?
Forcément, ça fait plaisir. C’était presque une récompense. Au judo, pour aller aux JO 2016, j’étais en concurrence avec Automne Pavia. Il y a tellement de choses dans le sport qui peuvent changer une vie. C’était une récompense de tous mes entraînements et de tout le cœur que j’ai mis pour réussir. Quand j’ai arrêté en 2017 le sport de haut niveau, pendant deux ans, j’étais plus à rattraper mes années de jeunesse et faire comme les adolescents. Mais je savais que j’en avais encore sous le pied. Je voulais me fixer un nouveau challenge. On est les précurseurs du MMA. On a mis en place la discipline et cela fonctionne un peu mieux aujourd’hui.
Comment jugez-vous la place de la femme dans le MMA ?
Si j’avais quelques années de moins, j’aurais pu m’en sortir en proposant mon personnage de C18 à la WWE ou même au Japon. C’est compliqué de trouver des têtes d’affiche chez les garçons dans le MMA aujourd’hui, alors les filles… D’un point de vue financier, ce n’est pas simple. Il faut vraiment le vouloir pour se lancer dedans. Il y en a. Claire Lopez, mais elle vient de se faire opérer. Il y a Lucie Bertaud qui devrait revenir, mais je ne sais pas quand. Il y a bien évidemment Manon Fiorot car elle est vraiment forte.
Elle est à l’UFC et c’est une championne. Mais personne ne la connait en vrai. Aux USA, il y a plus de reconnaissance qu’en France et Ronda Rousey est presque la seule à avoir pu vivre en dehors du MMA. En France, Lucie (Bertaud) a été connue grâce à Koh-Lanta. Sans ça, elle serait aussi connue que nous (rires) Déjà que dans le sport de haut niveau, il est compliqué de se souvenir d’un champion olympique de Tokyo alors dans le MMA… Ce n’est pas simple. C’est dur pour les organisations de s’y retrouver. Le MMA est un sport complet. C’est un avantage pour les jeunes et pour ceux qui aiment les sports de combat.