lundi 14 octobre 2024

Jérôme Pourrut (fondateur de la ligue Hexagone MMA) : « Des combats, mais aussi du divertissement »

À lire

Eric Mendes
Eric Mendes
Journaliste

Depuis 2021, HEXAGONE MMA s’est installé comme la référence française au niveau de l’organisation, mais également dans le monde. Dans l’ombre de l’UFC, la ligue tricolore se développe et ambitionne de continuer à s’affirmer grâce à son sérieux et son professionnalisme. Pour le plus grand plaisir de son fondateur et président, Jérôme Pourrut.

D’où vous est venue l’envie de développer le MMA en France à travers de la Ligue HEXAGONE MMA ? 

Le MMA est un sport jeune en France. Il a été légalisé en 2020. Pour autant, il existe depuis de nombreuses années et notamment depuis la création de l’UFC en 1993. A titre personnel, je travaille autour du MMA depuis le milieu des années 2000.

Avec mon frère (Laurent), qui est co-président d’HEXAGONE MMA, on travaille sur la discipline depuis plusieurs années, par le biais de notre prisme et la distribution de droits TV. On a eu notre société Fighting Spirit qui nous a permis de connaître le MMA où c’était en plein développement à l’échelle internationale. Il y a des ligues majeures importantes dans de nombreux pays mais, à l’époque, ce n’était pas vraiment le cas.

On avait commencé avec la Ligue anglaise Cage qui était une grosse ligue qui produisait des évènements à Wembley. De fil en aiguille, rencontre après rencontre, on avait ce projet de monter une ligue de MMA en France. La légalisation s’est faite en plusieurs étapes. Il y a eu des premières prémices en 2010 puis en 2016 pour se concrétiser en 2020. Mais nous, le projet HEXAGONE MMA existe depuis 2010 au final.

HEXAGONE MMA est née en 2021 après la Covid. Il y a eu la difficulté de la légalisation puis la difficulté des contraintes sanitaires. On s’est associé avec d’autres personnes qui avaient une expertise dans l’évènementiel pour faire en sorte que nos évènements soient bien évidemment un évènement de sport de combat, mais aussi un évènement de divertissement où l’on peut venir en famille.

L’un de nos associés, David Rothschild est le producteur de la WWE, qui est la grande ligue américaine de catch, connue mondialement. On a voulu prendre quelques codes par rapport à la scénographie et la manière dont l’on présente les combattants pour que les personnes vivent non seulement un bon moment de sport, mais un bon moment de vie avec de la belle musique et de la belle lumière. On veut la scénographie soit un plus.

À LIRE AUSSI : la saison de Ligue 1 décryptée

Jérôme Pourrut veut mixer l’Entertainment et la folie du MMA

Garder la trame du sport avec le bon côté de l’Entertainment que le sport peut offrir… 

C’est notre force. Profiter également de l’attention de notre partenaire, RMC Sport, qui nous diffuse. Il n’est pas seulement un diffuseur, il est aussi un partenaire éditorial qui veut mettre en avant nos combattants en racontant des histoires. On a aussi des influenceurs comme Greg MMA, Paul Dena ou Ibra TV. Mais aussi des combattants avec des parcours plus classiques avec la découverte des arts martiaux. Au fur est à mesure, ils deviennent des pépites et des grands combattants. Chacun a sa propre histoire. C’est aussi notre objectif. On veut raconter des histoires pour que demain, peut-être, les gens se souviendront avoir découvert le futur champion de l’UFC chez HEXAGONE MMA. Ça fait partie de l’ADN d’une ligue de MMA. 

Le MMA fait-il désormais partie du paysage sportif français ? 

On est encore loin d’un sport mainstream ou classique. Les indicateurs commencent cependant à indiquer que le MMA commence avoir une couverture médiatique importante. La preuve en est avec la venue de l’UFC à l’Accor Arena pour sa 3ème édition en France. Les places ont vite trouvé preneurs. C’est un premier indicateur. Le MMA est un sport populaire. Il faut nuancer ce propos-là car l’UFC est l’équivalent de la Ligue des Champions au football. Les gens vont voir la compétition numéro 1.

Ils sont attirés par l’élite. Il y a aussi ce côté rareté qui fait que les places sont rapidement vendues. HEXAGONE MMA est une ligue à l’échelle nationale et européenne, car on a aussi produit des évènements en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore à Dubaï. Mais notre cœur de production reste la France. On a fait pratiquement 20 évènements et on observe que le MMA devient un sport de plus en plus populaire. Assez surprenamment, on a vraiment un large public de tous âges et de tous horizons sociaux.

Les réseaux sociaux se sont appropriés ce sport. Le format de vidéo courte est parfait pour les K-O. et les soumissions. La nouvelle génération a eu l’impression de découvrir un sport que papa et maman ne regardent pas. Ils se sont emparés de ce sport-là comme quelqu’un qui découvre une pépite dans le Far West. Ces jeunes-là suivent le MMA car c’est le sport de leur génération. 

« L’UFC est l’équivalent de la Ligue des Champions au football »

D’un point de vue financier, le MMA est-il rentable en France ? 

Il y a des difficultés même dans un sport populaire comme le MMA. Il faut trouver des sponsors, des banques, des crédits…. On veut aller chercher des sponsors qui sont éloignés de notre sport et du MMA. C’est le défi à venir. A l’image du football, on veut s’ouvrir à d’autres partenaires. 

Est-ce une difficulté supplémentaire d’avoir trop d’organisateurs, surtout les grosses machines comme l’UFC en France, voire d’avoir trop de combats aujourd’hui ? 

L’UFC est indispensable au MMA, c’est l’élite et la Ligue des Champions. Ce n’est pas un concurrent. C’est la locomotive de notre sport. Ça va attirer des médias et la curiosité des gens. Ça va faire découvrir le MMA à des personnes qui ne s’y intéressent pas au quotidien. On peut convertir certains en suiveurs. Ça ne peut que permettre de s’étendre. Le sport est populaire, c’est un fait. Il y a un de plus en plus de shows. Après, il faut voir la manière dont on les fait.

On est dans de grandes salles. Le budget d’HEXAGONE MMA est une soirée à 6 chiffres. Il faut du budget. Il faut aussi des combattants populaires pour que les gens viennent ou se connectent sur RMC. C’est le même métier, mais c’est une autre approche du divertissement et une autre ambition. Il y a des galas à horizon régional, nous, c’est un gala et un spectacle, à horizon national, européen voire international.

On est fier d’être diffusé dans plus de 150 pays. La concurrence est présente, mais tous les galas des clubs de MMA sont importants. Ça permet des combattants de s’exercer et de se découvrir pour pouvoir gravir un échelon supplémentaire. Et cet échelon, c’est HEXAGONE MMA. 

Le 9 juillet 2021 est la date du premier gala HEXAGONE MMA, auriez-vous cru en connaître 20 depuis ? 

(Sourire) L’objectif était de devenir l’un des meilleurs voire le numéro 1 européen. Il faut bien entendu se considérer comme un sportif. On court un marathon. On ne fait pas un 100 m. L’objectif est de remplir des stades en 2025 et 2026. On verra où ça va nous porter. On effectue un travail structurant et à moyen terme. On ne pense pas au mois qui vient. On construit une ligue de MMA et une ligue de sport professionnel pour que l’on devienne une référence de la discipline.

Avoir connu 20 évènements, c’est exceptionnel car on existe depuis peu. Mais au regard du chemin accompli et les salles qui nous ont accueillis comme le théâtre antique d’Orange, le Futuroscope que l’on retrouvera en 2025 (le 29 mars 2025, Ndlr), plusieurs fois le Zénith de Paris… C’est déjà un bel accomplissement, mais ce n’est qu’une étape. On est loin d’avoir rempli tout ce que l’on a envie de faire. On est des fans de notre sport et on est des professionnels. On a des compétences en terme d’organisation, de production et de diffusion. Ça fait partie des choses nécessaires pour pouvoir monter une ligue professionnelle de sport. 

Espérez-vous aussi faire émerger le futur champion de MMA ? 

A titre personnel, ce serait une grande fierté. On a cette filiation et fibre paternel avec tous les combattants. HEXAGONE MMA a décidé de ne pas manager des combattants pour ne pas avoir de conflits d’intérêt. Je me considère comme le co-président d’une ligue professionnelle. Mon objectif est de faire grandir HEXAGONE MMA.

Quand les combattants signent à l’UFC ou dans une grande ligue, je suis heureux et embarqué. Mais ce n’est pas l’objectif principal. Je suis fier quand un combattant souhaite revenir dans notre ligue ou quand un combattant souhait continuer à travailler avec nous pour se développer à travers nos shows. L’objectif est de faire grandir HEXAGONE MMA au niveau financier pour permettre de conserver nos pépites en France et de les payer à la hauteur de leurs talents comme le fait l’UFC ou la PFL.

À LIRE AUSSI : pourquoi le MMA cartonne ?

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi